Natura 2000 dans les Landes

11 mai 2000
04m 49s
Réf. 00096

Notice

Résumé :

Dans les Landes, dix-neuf sites ont été sélectionnés pour être classés en zone Natura 2000, un réseau écologique européen destiné à préserver la biodiversité des milieux naturels ; parmi eux : la dune littorale de Seignosse et les barthes de Saint-Vincent-de-Paul.

Type de média :
Date de diffusion :
11 mai 2000
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le département des Landes ne compte pas parmi les secteurs les plus altérés par la pression foncière mais certains milieux fragiles sont quand même menacés. Ici, comme ailleurs, un organisme veille donc, depuis 1992, à la préservation - voire à la restitution - de sites naturels menacés. C'est Natura 2000, réseau écologique européen d'espace institué par la directive "Habitat" ; il a pour objectif de préserver la biodiversité au niveau du continent.

Dans le cadre de cette politique de protection de l'environnement, dix-neuf sites ont été sélectionnés dans le département, parmi lesquels la dune littorale de Seignosse, espace mouvant et incertain, et les barthes [1] de l'Adour, du côté de Saint-Vincent-de-Paul. Ces choix s'expliquent aisément.

Sur le littoral, constitué d'un cordon dunaire de sable fin, mis en place à la fin du Quaternaire et aménagé au XIXe siècle dans la physionomie que nous lui connaissons aujourd'hui, l'érosion de l'Océan (1 m à 1, 50 m par an), conjuguée à l'emprise du bâti, restreignent l'espace imparti à la dune proprement dite qui abrite une faune et une flore spécifiques ; sur 60 hectares, pas moins de 11 espèces végétales protégées colonisent ainsi les sables sous haute surveillance de l'ONF et de la mairie. Une dizaine de kilomètres de barrières et des panneaux à la fois didactiques et dissuasifs, installés dans le cadre de cette vaste opération, permettent de reconstituer les données de la nature tout en maîtrisant l'emprise des hommes soumis désormais à une occupation des sols raisonnée.

L'Histoire le raconte : à Mimizan, comme dans maintes communes côtières, l'eau et le sable ont eu raison des orgueilleuses villas, bâties en première ligne, contre vents et marées, au début du XXe siècle. Natura 2000 aide à ne pas répéter les erreurs du passé.

À l'intérieur des terres, sur une centaine d'hectares, dans les zones humides des barthes de l'Adour, une nouvelle vie commence au milieu des années 1980 où élus et amoureux de la nature décident de rendre ces berges inondables à leur vocation première. Limitant autant que faire se peut l'agriculture intensive, ces acteurs locaux, éco-responsbles avant l'heure, réaménagent les rives à l'abandon. La Nature n'attend pas pour prendre le dessus et si une faune et une flore autochtones, adaptées aux milieux humides, se réinstallent (hérons, aigrettes garzettes et anatidés) dans les saligas, aubars et augars [2], s'invitent également des hôtes que l'on n'avait jamais vus jusque là, des cigognes qui s'adaptent parfaitement à ce biotope.

Fruit d'une volonté locale, cette action menée dans le cadre juridique d'une OGAF [3] est déjà une réussite lorsque l'Europe décide d'inclure le secteur en zone protégée. Comment concilier les nouveaux conseilleurs et les riverains qui se sentent quelque peu "dépossédés" de leur initiative et qui craignent d'être corsetés par une réglementation trop stricte ?

Quant il en est de l'intérêt de tous, l'issue est heureuse. Aujourd'hui, de Port-de-Lanne, à la confluence de l'Adour et des gaves réunis, en passant par Saubusse et jusqu'à Saint-Vincent-de-Paul, au-delà de Dax, les rives du fleuve ont retrouvé un équilibre naturel. Loin de l'agitation de la côte, les cigognes surveillent de leur perchoir les chevaux qui galopent, crinière au vent, au milieu des barthes.

Dans un pays où l'on a tant asséché, drainé, l'eau redevient source de vie !

[1] Mot prélatin passé au gascon sous la forme barta désignant des terres inondables en bord de rivière, domaine des saussaies, oseraies et autres strates arbustives adaptées à ce milieu.

[2] Mots gascons indiquant "saulaies", "aubiers" et "lieux humides".

[3] Opération Groupée d'Aménagement Foncier.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Bonsoir, Aquitaine première s’intéresse ce soir à la protection de l’environnement. Dans les Landes, 19 sites ont d’ores et déjà été sélectionnés pour être classés en zone Natura 2000. Et pour mieux comprendre les enjeux de ce projet, nous avons choisi de vous faire découvrir deux sites à protéger.
Gilles Granereau
La dune reste un ouvrage assez imposant qui s’intercale entre l’océan et les constructions. Cette dune tend bien entendu à se déplacer mais l’océan aussi tend à progresser vers l’intérieur des terres. Donc à une vitesse moyenne de 1m à 1,50m par an, faites le calcul sur un siècle et vous voyez que bon nombre de zones urbaines ici seront menacées d’ici un siècle.
Journaliste
D’où la nécessité de protéger un tel site. Car à Seignosse, comme dans beaucoup de stations balnéaires, l’homme a construit contre la dune sans se soucier de la diversité de la faune et surtout de la flore. Sur les 60 hectares de superficie, pas moins de 11 espèces protégées sont dénombrées.
Gilles Granereau
Alors nous avons ici la petite astragale de Bayonne qui est une plante très intéressante patrimonialement parlant, puisqu’on ne la trouve que dans le sud des Landes et c’est une espèce qui, ici, est très abondante.
Journaliste
Depuis quelques années l’ONF et la mairie ont donc décidé de protéger ce milieu vivant des méfaits de l’homme. Plus de 10 km de barrière ainsi que des panneaux ont été mis en place. Et depuis deux ans, on constate un ralentissement du déplacement des sables. Dans ce contexte, le classement en zone Natura 2000 n’est qu’une continuité. Mais au fait, Natura 2000, qu’est-ce que ça veut dire ? Pour le savoir, petit détour par la préfecture des Landes où officie le Monsieur environnement du département.
Gilbert Tarozzi
Natura 2000 est un réseau écologique européen, d’espaces, institué par la directive Habitat de 1992 et qui est destiné à préserver la biodiversité au niveau européen. Objectif de biodiversité en tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles, ainsi que des particularités régionales et locales.
Journaliste
Nous sommes à quelques kilomètres de Dax, à Saint Vincent de Paul, en bordure de l’Adour. Ici une centaine d’hectares de barthes, c’est-à-dire de prairies inondables lors des crues du fleuve, vont être classés. Mais ces pâturages n’ont pas toujours été aussi verts, il y a une quinzaine d’années, la municipalité et les chasseurs ont décidé de réaménager les rives complètement à l’abandon afin d’introduire de nouvelles espèces animales.
Jean-Louis Duvignac
Autrefois il n’y avait pas de cigognes ici. Et ce sont des oiseaux qui colonisent petit à petit ces marais parce que justement, ils sont remis en état et pour nous c’est une fierté de voir ces oiseaux. Les enfants des écoles viennent dans les barthes, viennent voir, que ce soit tous les oiseaux protégés tels que la cigogne, les hérons, les aigrettes garzettes et tout autre limicole protégé et puis les autres anatidés par exemple qui ne sont pas protégés et que nous avons de plus en plus.
Journaliste
Au total, une quarantaine de couples de cigognes nichent désormais dans les barthes. Mais cette mise en valeur n’aurait pas pu être possible sans les OGAF, Opération Groupée d’Aménagement Foncier, qui permettent d’indemniser notamment les agriculteurs. Tout cela s’est mis en place petit à petit, en concertation, et c’est pourquoi les habitants et les élus ont émis de grandes inquiétudes lors de l’annonce du projet européen Natura 2000 dans cette partie des Landes.
Jean-Michel Darjo
On craint que Natura 2000 aille... on a craint d’abord que ce serait un sanctuaire. Bon, je pense que ce ne sera pas un sanctuaire pour les animaux. Mais enfin, bon, on est sur le qui-vive quoi. On préfère faire des propositions, nous, qui rentrent dans leur sens. Nous notre objectif ce serait de continuer l’OGAF telle qu’elle est aujourd’hui. Des pratiques culturales qui existent déjà c’est-à-dire sur des parties qui sont cultivées en maïs, des plantations, des boisements aussi, on a quelques études à ce niveau-là quand même.
Journaliste
Sans compter l’angoisse pour tous ceux qui ont aménagé ce milieu naturel, d’être dépossédés de leur bien et de leur prérogative.
Jean-Louis Duvignac
La peur c’est qu’on nous enlève la paternité de ce que l’on a créé. Bon je pense que c’est tout à fait légitime. C’est peut-être pour cela que l’on a un peu peur des ZPS, des Zones de Protection Spéciale.
Journaliste
Des zones qui dépendent de la directive Oiseaux qui réglementent sévèrement la chasse, l’agriculture et la sylviculture. Dans le département, les barthes à classer représentent plus de 12 000 hectares appréciés des promeneurs. Et même si la concertation n’est pas achevée, la décision finale au niveau local, reviendra au préfet. Mais le travail n’est pas terminé, la commission européenne doit encore valider les projets avant que les Etats membres ne le fassent d’ici 2004. C’est la fin de cet Aquitaine première, merci de l’avoir suivi, tout de suite votre journal régional, bonsoir.