Magescq : opposition de la municipalité face aux essais OGM

03 avril 2003
02m 12s
Réf. 00138

Notice

Résumé :

A Magescq, le conseil municipal et le collectif OGM Landes s'opposent aux essais OGM programmés par la firme américaine Monsanto qui souhaite étudier la résistance d'une parcelle de maïs génétiquement modifié à un herbicide très puissant.

Date de diffusion :
03 avril 2003
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Éclairage

La production d'OGM pose un problème philosophique : est-on en droit de modifier le vivant par la production de nouvelles variétés de semences ? Certes, depuis le néolithique, les agriculteurs ont toujours essayé d'augmenter leur production en triant les semences, en les améliorant par sélection naturelle : entre les anciennes graines et les nouvelles il y avait alors simple différence de degré (grains ou épis plus gros), et non une différence de nature comme avec les OGM.

La culture des OGM pose aussi des problèmes pratiques : comment empêcher que le pollen qu'elles produisent ne contamine les champs voisins où sont ensemencées des plantes non OGM ? L'isolation des champs en OGM, par une zone de protection non cultivée de 500 mètres n'est possible que si cette culture se fait à titre expérimental ou à petite échelle : comment, dans des zones de plaine, peu ou pas boisée, peut-on laisser de telles étendues en friche ? Va-t-on obliger les agriculteurs à pratiquer d'autres cultures pour isoler une parcelle, même s'ils ne le désirent pas ? Est-on sûr que les OGM ne vont pas contaminer les plantes sauvages ?

L'autorité politique est ainsi confrontée à des contradictions difficiles à résoudre : doit-elle sacrifier un pan de son industrie agroalimentaire alors que d'autres pays avancent à grand pas dans cette filière ? Comment résister à la pression des lobbys des semenciers, des grandes firmes multinationales et des agriculteurs productivistes confrontés à la concurrence mondiale ? Doit-on, comme le demandent nombre d'associations de consommateurs ou de défense de la nature, mettre en avant le principe de précaution et interdire toute culture ou toute expérimentation ? Mais, au fond, n'est-il pas trop tard ? Plus des trois quarts du soja produit dans le monde sont issus de semences génétiquement modifiées et un tiers du maïs et ces proportions ne faisant qu'augmenter. Il est possible que toute opposition ne soit qu'un combat d'arrière-garde voué à l'échec. Une fois de plus, la logique du profit prime sur toute autre considération : face aux multinationales, les États semblent impuissants quand ils ne sont pas complices par idéologie (libéralisme) ou intérêt.

Francis Brumont

Transcription

Présentatrice
Le dossier des OGM. La firme américaine Monsanto envisage de réaliser des essais en plein champ de maïs génétiquement modifié sur la commune de Magescq dans les Landes. Un projet qui suscite une levée de bouclier. Le reportage de Patrick Pannier et Martine Chambon.
Patrick Pannier
Jean-Claude Saubion fait partie de ces agriculteurs qui se préoccupent de l’environnement au même titre qu’au devenir de leur profession. C’est pour cela qu’il produit asperge et maïs sous contrat territorial d’exploitation.
Jean-Claude Saubion
Nous sommes dans des exploitations en démarche CTE, donc des démarches qualités. D’ailleurs vous voyez un peu de, il y a une culture d’engrais vert qui est implantée dans le but de ne pas laisser le sol nu en hiver et de piéger donc les nitrate quoi. Donc, nous préférons continuer à faire la culture traditionnelle de maïs semence.
Patrick Pannier
Jean-Claude Saubion est aussi le maire de la commune très agricole de Magescq. La firme semencière Monsanto y a programmé cette année un essai de résistance à un herbicide très puissant sur une parcelle de maïs génétiquement modifié. Plus qu’une interdiction, la délibération du conseil municipal est avant tout symbolique puisque seul le gouvernement peut s’y opposer.
Christian Berdot
C’est vrai qu’il y a eu déjà des expérimentations à ce niveau-là, dont la firme aux États-Unis, a fait pas mal d’expérimentations au niveau de cette matière active qui est le glyphosate, donc, qui entre dans un désherbant qui est le Roundup. Donc, je ne pense pas qu’un hectare de plus, ça mènera grand-chose à ce niveau-là.
Patrick Pannier
En cette période printanière où l’on s’apprête à ensemencer dans les champs, le collectif OGM Landes a lancé une campagne pour inciter les maires ruraux à prendre part à une délibération.
Christian Berdot
Maintenant, la balle est dans le camp du ministre de l’Agriculture. Il faudra qu’il décide. Est-ce qu’il va favoriser la décision des citoyens de leurs élus ou est-ce qu’il va se montrer le ministre des lobbies agricoles et des multinationales ? C’est à lui de choisir maintenant.
Patrick Pannier
Reste à savoir maintenant si ces essais de maïs génétiquement modifiés en plein champ pourront se poursuivre jusqu’à la récolte sans destruction prématurée en signe de révolte.