Les Landes

09 avril 1967
25m 41s
Réf. 00245

Notice

Résumé :

L'incendie de 1949, le musée Napoléon III à Solférino, la dégustation des palombes à la ficelle, le rugby et la légende des frères Boniface, le respect des anciens et la sorcellerie, et enfin une présentation de la Chalosse par André Dussel : tel est le panorama des Landes qui nous est ici présenté, au travers de nombreux témoignages.

Type de média :
Date de diffusion :
09 avril 1967
Personnalité(s) :

Éclairage

Juste avant la "chienlit" [1] de 1968 qui va malmener les grandes villes de l'Hexagone, annonçant une ère nouvelle sur le plan social, au cœur des Landes de Gascogne, le temps semble s'être arrêté en ce mois d'avril 1967.

Sur la côte, on se tourne résolument vers le tourisme, soutenus par les grands plans nationaux - la MIACA [2] en particulier - mais, alors que l'écomusée de Marquèze, à Sabres, est en gestation, l'airial vit encore et le cœur de la Lande conserve son authenticité : le gascon est la langue véhiculaire de toutes les générations nées avant guerre, les femmes - souvent absentes de la table - s'affairent aux fourneaux quand les hommes se réservent la préparation du gibier, et quelques paires de bœufs sont encore à l'ouvrage dans les lieux les plus isolés.

L'année du lancement du premier sous-marin nucléaire Le Redoutable, dans le cadre d'une politique globale du général de Gaulle qui prône "une certaine idée de la France", pays puissant et non assujetti, les Landes sont donc encore imprégnées de leur propre histoire. Les grands incendies d'après-guerre qui ont tant changé la donne économique et l'attachement à un certain mode de vie qui s'estompe alimentent les conversations des plus anciens qui savent bien que l'évolution est inéluctable.

Conscients de cette "révolution", tous ceux qui animent ce documentaire ethnologique prennent conscience que leur monde se fond dans l'universel. Même les femmes ont obtenu, depuis deux ans, le droit de gérer leurs biens, d'ouvrir un compte en banque et d'exercer une activité professionnelle sans l'autorisation de leur mari ! Un peu partout se développent les chantiers de "maisons de retraite" ou "foyers-logements" qui signent la fin d'un système inter-générationnel et trahissent le vieillissement d'une population qui ne fait que se confirmer aujourd'hui. Les "vieux" ne sont plus "sacrés" pour longtemps...

À travers le ton badin et la faconde gasconne des intervenants perce donc une réelle nostalgie ; celle d'un monde qui disparaît dans une période de déclin démographique sévère. Si la classe d'âge du "baby boom" constitue alors les forces vives du département et du pays tout entier, ici, au cœur des Landes, elle s'exile vers Bordeaux, conséquence des grandes mutations opérées sur le territoire après les incendies. Les revenus de la forêt, en partie décimée, déclinent, la gemme ne rapporte plus et les grands champs de maïs, peu pourvoyeurs de main-d'œuvre, mitent le pinhadar que le sylviculteur "aime comme ses enfants".

De ces cartes postales, que reste-t-il donc aujourd'hui ? Un musée "Napoléon III" pillé et laissé à l'abandon, à Solférino, dans une période où Natura 2000 [3] cherche plutôt à valoriser et protéger les zones humides qu'à les assécher et les mettre en culture comme le souhaitaient les physiocrates ; un grand musée, le "Pavillon", à Sabres, consacré à la Grande Lande au seuil du XXIe siècle et qui évoque, entre autres, les rites anciens et croyances populaires comme choses du passé.

Dans un contexte qui a évolué très rapidement, la raison et le progrès ont effectivement gagné mais les fontaines "sacrées" continuent d'être discrètement fréquentées et si les posoèrs [4] ne sont plus consultés, les personnes qui guérissent le zona sont parfois encore le dernier recours des médecins...

Dans la plupart des petites communes, le "rugby des villages" résiste à la professionnalisation et continue d'unir des équipes de joyeux drilles qui pérennisent l'esprit gascon.

Enfin, éco-responsabilité et retour à la nature obligent : le vélo de Félix Arnaudin, abandonné dans un coin du musée de Solférino, aurait eu de l'avenir sur les quelque 200 km de pistes cyclables du département...

[1] Mot employé par le général de Gaulle en 1944 puis dans un discours du 19 mai 1968. Perdu dans l'usage, ce terme, d'abord masculin, désignait un personnage burlesque propre au carnaval parisien. Féminisé, il est synonyme de désordre, d'excès et profusion désordonnée.

[2] Mission d'Aménagement de la Côte Aquitaine, fondée en 1967.

[3] Natura 2000 est un réseau européen qui a pour mission de préserver la bio-diversité et de valoriser le patrimoine naturel.

[4] Posoèr est un mot gascon désignant un "empoisonneur".

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
André Dussel
On arrive à aimer la forêt, autant que sa famille. C’est quelque chose d’extraordinaire. Même celui qui travaille dur, quand il a semé ses pins, quand il a fait ses labours. N’est-ce pas qu’il a vu ses petits pins pousser, qu’il les éclaircit, qu’il les voit vivre, il les aime comme ses enfants.
(Bruit)
André Dussel
Il y a aussi les malheurs qu’il y a eu avec les incendies. N’est-ce pas, avec tout ce qui a pu détruire cette forêt, qui nous a attaché encore davantage à elle, parce que, cela, comme, autre chose, ce n’est qu’une lutte. N’est-ce pas, pour faire vivre et faire revivre.
(Bruit)
Intervenante
Deux douzaines… La prochaine fois, attention à toi autrement ! Bon ! Aller, donne-moi mes sous, maintenant.
(Bruit)
Intervenante
C’est ma nièce qui m’a dit : emporte-toi, le petit ! Le petit garçon qu’elle avait, il avait…, il était né en 49, oui, il était né en 49, le 12 janvier, et nous avions l'incendie, le 4 août en 49. Alors, j’emmène le petit dans son petit voiture. Le feu qui arrivait de ce côté-là. Elle me dit : Va t’en chez toi, le feu ne viendra pas chez toi. Quand, je suis arrivée à la colonie, chez moi. Le feu qui arrivait de l’autre village [incompris]. C’était un foyer, un foyer. J’ai pris ma petite, … mon petit. J’ai laissé la voiture haute, dans la cour de la colonie. Et j’ai pris mon petit dans son drap rose et je m’en suis allé sur le tracé là. J’étais comme une folle. Je ne voyais que des flammes, de la fumée partout. Alors, la maman du petit est arrivée. Elle le croyait son fils perdu. Non, je priais la sainte Vierge, au moins gardez le petit, moi, cela m’était égal. Mais au moins, gardez le petit, parce que quand je suis parti comme cela. On avait un cochon, je l’ai envoyé, la vache, je l’ai ouverte. A la volonté de dieu, j’ai dit. Et grâce à dieu, mon dieu. Quelques heures après, pas longtemps, parce que [Pissos] ne pouvait pas venir nous défendre, du moment que le feu était comme cela. Alors les habitants de [Pissos] ne pouvaient pas venir au village. Alors, quand ils sont arrivés, on est très connu, "on t’a trouvé la vache, Marthe". "Elle était sous la verdure, dans un ruisseau." Elle avait les poils brûlés, elle s’était conservée. Et un autre qui me dit : "on vous a trouvé le cochon dans la rue, sur le tracé". "Oh mon dieu !" j’ai dit. Ce qu’il y a de ces brulés. Ma volaille, je faisais l’élevage de la volaille. Ma volaille qui s’était enfournée dans un cagibi que j’avais. Aucune tête de volaille ne s’est brûlée. Et voila ! Ah, nous avons passé un triste moment. Mon mari qui s’était brulé, malheureusement,… un bras, juste pour pouvoir éteindre. Mais grâce à dieu, c’est un miracle, comme cette maison de la colonie s’est conservée. Nous avions le feu de tous les coins, de tous les côtés. Ah, c’est quelque chose, jamais, je n’aurai cru, quand on m’a apporté là une jeune fillette qui me dit : "oh, on entendait [incompris], oh Marthe votre maison qui se brûle". Vous pensez, j’étais comme folle. Et voilà, la triste histoire de l’incendie de 49.
(Musique)
(Bruit)
André Dussel
Ils ont su garder un train de vie, n’est ce pas ? Qui est peut être moindre que le notre. Ils sont beaucoup plus simples. N’est ce pas ? Ils ont peut être gardé la tradition du repas. Où l'on ne mange encore qu’un œuf et un morceau de jambon. N’est ce pas ? Mais n’oubliez pas que ce sont des gens qui se sont forgés un bonheur. Et que ce bonheur là, ils le tiennent bien. Tandis que, ceux qui sont autour d’eux, ce n’est pas sûr qu’ils le tiennent toujours. Mais, je crois qu’ayant vécu ensemble, depuis, assez longtemps, ils sont arrivés à être, tous les deux, pas frère et sœur, mais, mon dieu, on pourrait le croire, au point de vue du comportement de chacun, voyez vous ? Ils se sont tellement soudés, et ils ont tellement eu l’habitude de travailler ensemble, que je crois qu’ils s’entendent comme frère et sœur.
(Musique)
Intervenant
Ce musée est à la gloire de Napoléon III.
(Musique)
Intervenant
"Nul plus que moi, je le répète, n’est dévoué à la défense de l’ordre, et à l’affermissement de la République." Napoléon Louis, né à Paris le 20 avril 1808, représentant du peuple.
(Silence)
Intervenant
L’Aiglon !
(Silence)
(Bruit)
Intervenant
Le prince impérial, l’Aiglon, tué en Zoulou, dans une chaloupe, escorté de son prieur. Ici, accompagné de son chien Negro. Oh pardon ! Et, ici, nous avons madame Geneviève à l’âge de 16 ans, mademoiselle, je ne sais pas comment son nom de jeune fille. Et ici, nous avons la cheminée de Solférino à son origine, 1860. Et tout cela, c’est des vestiges de l’époque. Nous avons ici également, les toilettes, la fameuse crinoline. Oui, les moyens de traction, le landau.
(Silence)
Intervenant
Ici, d’autres décorations. Ici, nous avons l’optique de l’impératrice, Eugénie de Montijo, qui, fière d’elle-même, ne voulant pas porter des lunettes, regardait avec cette espèce de disque, que vous voyez. Elle faisait son optique, et elle arrivait à voir. Nous avons, ici, également, la ceinture de grossesse de l’impératrice. Solférino est fondé, ici, par l’empereur, étant passé ici en allant à Biarritz. Et, ayant vu ce fameux marée des Landes aride, rien n’y poussait. Et alors, en passant là, il s’est dit que ce coin de France, pourquoi qu’il reste dans le vide. Et alors, il y a eu, donc, la fameuse bataille d’Italie, dont Solférino, qui était son grand succès. Et en revenant, le patelin qu’il a fait bâtir ici, il a donné le nom de Solferino. Et Solferino continue.
(Musique)
(Bruit)
Intervenant 2
On est parti. Et on est revenu à 0 à 3... j’ai le droit de parler, puisqu’on me demande de dire ce que je pense des Boniface. Moi, les Boniface, ce n’est pas des rois, hein. Ce n’est pas des empereurs. On dit que tu es princier, que tu es empereur. Qu’est ce que tu es après tout, avec ce gitan, là, en face. [Incompris]. Écoute-moi, j’en parle plus, hein. Il n’y a qu’un seul qui connais le rugby ici, hein. C’est moi. [Incompris]. N’oubliez pas d’ailleurs que, [incompris], c’est un ancien footballeur, vous l’avez croqué au football. Et alors, et 6 mois après t'es international, être international de rugby, ce n’est pas…, ce n’est pas difficile, parce qu’au football. Il n’aurait jamais été international. Les passes croisées ? C’est du truc trop vieux jeu, mon cher ami. Vous l’avez inventé, je suis d’accord. Mais, maintenant, vous êtes pris à chaque fois. C’est avec la passe croisée qu’on est battu. Ce qui a c'est que l’autre jour, tu en as inventée une à Bayonne. Et que tu as voulu la faire, et tu l'a loupée, et tu as réussi un essai, là je te félicite, bravo.
(Musique)
André Dussel
Les vieux, dans une famille, sont sacrés, ou l’étaient, tout du moins, jusqu’à il y a une trentaine d’années. Je connais encore des enfants, qui font tout pour leur vieux papas et maman, pour leurs vieux parents. Et je suis sûr que pour eux, ça passe ; ça... c’est rigolo, ce que je vais vous dire, ça passe avant leur femme, par exemple, ou leur mari. Au moindre appel, n’est ce pas, de la famille, ils sont là, même si ça les gêne, n'est-ce-pas, ils seront là. Ils ont encore cet amour profond, et je connais des coins des Landes, où les règlements de comptes de fin d’année, avec le propriétaire, ce font encore avec les vieux. Les enfants, sont autour de la table, écoutent ce que le vieux papa, n’est-ce pas, dit au propriétaire, n’est-ce pas. Ils écoutent religieusement et ce n’est que de temps en temps, quand le propriétaire a besoin d’un renseignement sur le bétail, le papa n’a pas pu aller se rendre compte, à ce moment là, le père dit au garçon : "Tu entends ce que dit le patron ? Est-ce-que c’est exact ? Est-ce-qu’il faut faire ça comme ça ? Tu ne m’en avais pas parlé." Alors, à ce moment là, le fils dit : "Mais, vous m’excuserez, hein, [incompris] je n'y avais pas pensé. Vous m'excuserez père je n'y avais pas pensé."
(Musique)
André Dussel
Ils n’ont pas peur de la mort, ici, chez nous. Et bien, il meurt, aussi, simplement qu’ils vivent, les paysans. C’est exact, sans bruit, vous voyez, il s’efface. On dirait, que le silence de la forêt les a imprégné jusqu’à la mort.
(Musique)
Intervenant 3
La sorcellerie, vous savez, je n’y crois pas beaucoup. Je crois que certains, certaines personnes privilégiées ou douées à la nature peuvent avoir un ascendant sur certaines. Mais, c’est par la volonté seulement. Vous savez, parce que nous émettons, je crois, des radiations, comme un rayonnement autour de nous. D’après ce que j’ai lu, vous savez, mais alors, tout le monde n’a pas cela à sa portée. Quant à rapprocher ça à la sorcellerie, je n’y crois pas, parce que moi, je me suis toujours rendu compte. J’ai voyagé beaucoup la nuit. J’ai même traversé par ici. Je n’ai jamais rien vue. J’ai vu, quelques fois, des choses. Mais, quelque fois, vous pouvez voir un lapin qui saute, un chat qui est blanc. Il y a les chats [incompris] ; [qui viennent ici pour la chasse.] Si vous le voyez la nuit, vous dite "houp". On croit que c’est une sorcière. Il faut se rendre compte d’abord. Comprenez-vous ? Et alors, maintenant, cela a beaucoup évolué. Beaucoup évolué parce que, moi, je leur dit aussi "ne croyez pas cela". Et je leur dit : "Faites le bien. Maintenant, vous n’avez rien à craindre." Et alors, figurez vous qu’ici, il y avait un chêne, dans le temps, il y est encore. Mais enfin, il est creux et peuplé par les hiboux, il n’y avait presque pas de pins autour. Comme je vous le disais tout à l’heure, la lande était nue, nue comme là. Alors, d’après les anciens, ils disaient que la réunion des sorciers et sorcières se faisait au pied de cette arbre. Et vous pouvez, bien croire, que personne n’osait s’y aventurer. Il est à 2 km d’ici, environ, au milieu des landes. Il existe encore. Et voilà, mais moi je n’y ai jamais cru à cela, non, non. J’y pensais mais je ne crois pas.
Journaliste
Mais, il y a quand même des techniques du passé qui existe, comme les petites statuettes de cire qu’on …
Intervenant 3
Ah cela, oh, mais cela, cela ferait partie, je crois, de l’envoutement. De l’envoutement, oui, alors, je crois d’après cela, vous savez. Je n’ai pas l’intention de le faire. Ni de m'initier à cela. Mais, j’ai lu qu’après une statuette de cire, cela a pu être formé. Et si on réussissait à se procurer un cheveu de la personne, ça, elle était perdue parce qu’avec une épingle, on piquait n’importe quel partie du corps, elle était perdue. Mais vous savez, je vous l’ai dit…, je n’affirme rien.
(Musique)
Intervenant 3
Il y a un bonhomme, justement, qui m’avait créé des ennuis ici. Il s’était vanté, il ne l'a pas connu. Mais je lui ai fait des misères. Alors, j’ai dit à celui qui me l’avait rapporté, un de mes clients, "ah bien, ça pourrait peut-être pas lui porter bonheur". Et dans les 6 mois, il s’est fait sauté la cervelle.
Journaliste
Et pourquoi on vous craint ?
Intervenant 3
On me craint parce qu’il parait que j’aurais un certain ascendant sur des personnes, et sur les animaux. Voilà.
Journaliste
Et vous croyez que c’est vrai ?
Intervenant 3
Ah, c’est vrai, cela c’est vrai. Cela c’est vrai. Ah oui, oui. Je ne suis pas plus sorcier qu’un autre mais seulement j’ai un don. Et vous savez, je vous le disais peut-être hier aussi. Il y en a d'autres, j'en ai vu au régiment avec moi. Et j’ai lu que c’était, en général, des hommes d’une moralité élevée, très bon, mais, qu’il ne fallait jamais tromper. Voilà ! D’ailleurs, c’est ma façon de me comporter parce qu’ici je n’aurai qu’une parole, j’en fais cadeau. Comprenez-vous ? Cela, cela ne se commande pas. Je crois qu’on peut appeler ça les sentiments du cœur. Voilà. Et c’est un homme, [incompris], également, parce que tout n’est pas mauvais dans l’homme. Mais, quand même, il y a des choses, vous savez, qui demande une certaine réflexion. Mais je ne fais que le dire. Cela, je leur dis franchement, je ne peux faire que le bien. Si on ne me fait pas de mal. Mais, si on me fait du mal, c'est que vous êtes perdu.
André Dussel
Ces gens là, qui ont parcouru la lande, en long, en travers, et en large, de nuits comme de jours, savent qu’il ne faut pas passer à un tel carrefour, à telle période du mois. Autrement, ils risqueraient des ennuis sérieux. Je ne suis pas très callé en sorcellerie. Hélas, parce que je n'ai pas fait fortune, c’est une preuve, mais je suis resté très près de la terre, très près de ces gens de la Grande Lande, de l’immense forêt de Gascogne. Il m’est arrivé, à toute heure du jour et de la nuit, de voir des brumes, des brouillards, [des feux follets] assez curieux, assez curieux, assez étrange. Je suis, parait-il, un gars évolué, ne le dites pas, ce n’est pas vrai. Je ne suis pas évolué, du tout. J’ai eu très peur, [incompris] fois. Et je sais qu’il y a des carrefours qu’il vaut mieux éviter. J’étais sollicité pour les amener, auprès de sorciers, de sorcières. [Incompris]. Non, parlez-moi du bon combat, ben, je me battrai. Je l’ai fait et je le referai. Nous sommes un pays de combattants extraordinaires. Mais, devant ce qui vient de l'au-delà, nous, on est calme, on est précis. Et alors, certains messieurs, dont je ne citerai pas le nom, pour ne pas les mouiller. On ne sait pas ce que c’est que le choc des sorcières, m’ont demandé de trahir certains secrets que je connais. Je m’en suis bien gardé parce qu’en bon Gascon, je m’aime beaucoup. Et si jamais je trahissais certains secrets, ce serait quelque chose de terrible. Je connais par expérience, par connaissance, des gens qui ont vu périr tout leur cheptel en une nuit. Des gens qui sont rentrés chez eux, avec la femme atteinte du haut mal. Alors, je suis un vieux routier. Je sais ce que c’est la route. Je ne la fais plus en échasses. Ce n’est plus la mode. Je la fais en voiture. Mais, ce sont des questions que je n'affronte pas. Et alors, un de ces messieurs de Paris m’a demandé, il y a 4 jours exactement, de le mettre en présence d’un sorcier ou d’une sorcière. Je m’en suis gardé comme de la peste.
(Musique)
André Dussel
Ce que je reproche à la Chalosse, c’est qu’elle est un peu [incompris]. En ce sens que, étant la perle de toutes les terres landaises, elle veut que ça se sache. Et la raison, dans un sens, mais mon cher [Janner], vous avez nos magnifiques jambons de l’Adour que l'on veut bien appeler de Bayonne. Nous avons nos foies, permettez-moi de prendre place dans ce possessif d’ailleurs, parce que les foies de Chalosse, nom de dieu monsieur. Quand je dis "au nom de dieu", ce n’est pas un juron, mais c’est un hommage. C’est un bénédicité suivit de Grâces, s’il-vous-plait ! Je ne jure jamais impunément au nom du seigneur. Un repas comme celui que nous avons fait, ici. Au nom de Dieu, monsieur, avait-il de semblable ?