Le Centre d'Instruction du Contrôle et de la Défense Aérienne

15 février 2002
06m 02s
Réf. 00263

Notice

Résumé :

Sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le Centre d'Instruction du Contrôle et de la Défense Aérienne forme les contrôleurs aériens de l'armée de terre et de l'air française de demain ainsi que les futurs opérateurs de défense Sol-Air, à travers des stages et des entraînements grandeur nature.

Type de média :
Date de diffusion :
15 février 2002
Source :

Éclairage

Le principe du radar découle des découvertes de James Clerk Maxwell et Heinrich Rudolf Hertz sur l'électromagnétisme entre 1864 et 1888. Ce dernier démontre que les ondes électromagnétiques sont réfléchies par les surfaces métalliques. Les applications du radar concernent dans un premier temps le repérage des obstacles en mer au début des années 1930 grâce à des ondes courtes selon le principe de Tesla. Ainsi, dès 1934 le cargo Oregon est équipé d'un radar, puis le paquebot Normandie en 1935. La même année, Robert Watson-Watt dépose un brevet qui suggère la constitution de réseaux de radars. Le gouvernement britannique décide alors de se doter d'un tel équipement afin de repérer les avions approchant de ses côtes.

En 1940, le système de radars anglais "Chain Home" remplit parfaitement son rôle pendant la bataille d'Angleterre. Il permet un décollage plus précoce des chasseurs anglais, leur offrant ainsi le temps de prendre de l'altitude afin d'engager le combat contre les appareils allemands dans de meilleurs conditions. L'aviation française, qui ne bénéficiait pas d'un tel dispositif, perdit une partie de son potentiel au sol suite à des raids éclairs de l'adversaire. Au fil de la Seconde Guerre mondiale, les radars deviennent indispensables et ne cessent de se perfectionner.

Après 1945 les autorités françaises ont conscience d'un retard à combler. Des moyens importants sont mobilisés et en 1949 un premier Centre d'Instruction des Contrôleurs d'Opérations Aériennes est créé à Dijon et à Oran (CICOA 930 et 931). Rassemblant plus de 200 personnes, il forme les personnels travaillant sur les radars. En 1978, ce premier établissement est dissous puis reconstitué à Mont-de-Marsan sur la base aérienne 118 où il prend le nom de Centre d'Instruction du Contrôle et de la Défense Aérienne (CICDA).

Outre le contrôle de la navigation aérienne et le guidage des chasseurs vers leurs objectifs, le CICDA forme également à la défense aérienne et plus particulièrement à l'utilisation des batteries de missiles sol-air Crotale. Ce missile a été conçu par Thomson-CSF à la fin des années 1960 pour les forces armées sud-africaines. Il a été testé au centre d'essais des Landes avant d'être livré en 1971. L'Armée de l'air française commanda également une vingtaine de batteries de Crotale. À l'origine le Crotale est un missile de 85 kg capable d'atteindre Mach 2,3 avec une portée de 13 000 mètres. Ses améliorations successives le rendent de plus en plus complexe à utiliser avec des systèmes de guidage associant radar et infrarouge, puis des systèmes de résistance aux contre-mesures électroniques embarquées par les chasseurs. La batterie Crotale comprend une unité d'acquisition dotée d'un radar et deux ou trois unités de tir. Ces unités sont installées sur des véhicules spécifiques Hotchkiss : les P-4 R.

La complexification croissante des systèmes d'armement dans le domaine aérien constitue l'une des causes de la professionnalisation de l'armée française.

Bibliographie :

- CORVISIER, André (dir.), Histoire militaire de la France, Paris : PUF, 4 volumes , 1997.

Jean-Marc Olivier

Transcription

(Musique)
Patrick Pannier
Bonsoir ! Nous vous convions ce soir à la découverte d’une école militaire, le CICDA, Centre d’Instruction de Contrôle et de la Défense Aérienne. Vous allez le voir, ici, sont formés les gestionnaires et les contrôleurs du ciel français. Il s’agit en fait d’une des plus importantes unités de la base aérienne 118 à Mont-de-Marsan. Une onde radio qui se réfléchit sur le métal des objets volants et qui revient sur un écran, le radar a fait naître le métier de contrôleur aérien dès le début de la Deuxième Guerre mondiale. Tous les contrôleurs aériens militaires, armée de l’air et de terre, passent par cette école et en premier lieu, dans ce laboratoire d’initiation pratique. En fait, le b.a.-ba de la formation.
Jacques Ricaud
La première notion, c’est de se déplacer, de positionner un mobile aérien dans l’espace, voilà. Donc, cela c’est la première valeur qu’ils doivent acquérir dans ce laboratoire, qui est un laboratoire de tout début de la phase pratique.
Patrick Pannier
Une sélection draconienne, un bac+2 minimum et un bon niveau d’anglais. Seulement un demi pourcent d’échec parmi les 500 élèves qui viennent ici, militaires, techniciens de l’air, sous-officiers et officiers. Les stages de 1 à 43 semaines selon les spécialités de la surveillance aérienne et de contrôle. Des spécialités d’avenir puisqu’en 5 ans, le nombre d’élèves a doublé.
Intervenant
Les opérateurs de surveillance aérienne sont les gens qui scrutent en permanence le ciel français pour garantir la souveraineté aérienne. C’est eux en fait qui vont déclencher l’alerte, en cas de problème d’avion suspect. Donc, actuellement, on a parlé beaucoup d’eux suite aux attentats du 11 septembre.
(Bruit)
René Fernandez
Donc, on est à peu près sur du 222. Donc, et bien on va prendre pareil une quinzaine de degrés. Donc, on va jouer en fin de compte tous les interlocuteurs de la cabine. C’est-à-dire qu’on va jouer le pilote, on va jouer les différentes personnes qu'ilspourraient joindre au téléphone, c’est-à-dire les différentes sociétés, les différents organismes, on va dire. Et puis, au fur et à mesure, on va vérifier leurs réponses et tout cela. On va noter plus ou moins, savoir s’ils ont eu le bon réflexe par exemple pour faire une coordination avec un autre organisme ou donner des bons caps. Et puis, au fur et à mesure, on va les corriger.
Patrick Pannier
Dans le cadre de ce stage de défense aérienne, l’exercice consiste le plus souvent à amener un avion chasseur français vers un aéronef douteux qu’il faudra contrôler et parfois sur une zone de combat.
(Bruit)
René Fernandez
Quelques secondes et ça suffisait, ok ?
Elève contrôleur
En fait, je ne suis pas sûr de la vitesse de virage du chasseur. J'ai préféré anticiper bien avant.
René Fernandez
Oui, oui, oui mais bon, tu as anticipé bien avant, si tu anticipes trop avant comme ça, vaut mieux que tu prennes un cap intermédiaire.
Solenne Seveno
Le but de la mission est d’entraîner deux pilotes à se battre un contre un sur un type de présentation. Aujourd’hui, le thème de la séance était donc de les séparer dos-à-dos et de les présenter ensuite en parallèle face-à-face pour finir sur l’interception à 70° ou 90° tel que c’était spécifié. Le moniteur nous le précise juste avant de commencer et on s’arrange en fonction des explications pour le présenter de la bonne manière.
Patrick Pannier
Sur ces écrans d’ordinateur, les élèves apprennent à détecter tout comportement suspect ou anormal des avions civils et militaires, selon leur code d’identification et leur trajectoire indiquée par le radar. En plusieurs modules, la formation de ces contrôleurs de défense aérienne s’étalera sur 10 ans, des contrôleurs qui sont en fait les yeux du pilote de chasse.
Alain Van Del Daelle
Au départ, c’était l’amour des… la passion pour les avions. Donc, certains ont voulu faire pilotes et d’autres contrôleurs, parce que soit ils n'avaient pas les aptitudes ou soit ils préféraient gérer tout à partir de... toutes les opérations à partir du sol par exemple. Et c’est en fait gérer les avions sans être dedans, c’est tout aussi bien.
Patrick Pannier
Retour sur terre, autres lieus, autres stagiaires, nous sommes dans un simulateur de vigie en trois dimensions, la tour de contrôle d’un aérodrome. Ici, les élèves vont organiser décollage et atterrissage virtuel selon les priorités et les règles de sécurité.
(Bruit)
Caroline Guédet
J’ai eu du mal à donner un numéro d’atterrissage puisque je n’avais pas fait attention assez aux vitesses à l’arrivée. Donc, j’en avais un qui arrivait beaucoup plus rapidement que j’avais mis en n°2 et un qui arrivait beaucoup plus doucement que j’avais mis en n°1, ce qui n’était pas logique. Donc, j’avais déjà à les replacer, mais à voir dans l’espace, ce n’est pas évident quoi.
Patrick Pannier
S’acquérir à la maîtrise du ciel à partir du sol, c’est une autre facette de l’école landaise dans la défense sol-air. Tous les personnels sont concernés par la formation.
Xavier Lautant
On a des militaires du... techniciens de l’air, on a des gens qui arrivent du civil et qui veulent faire le métier de militaire dans le sol-air. Et ensuite, on a aussi tout ce qui est officiers, des stages... Donc, on forme aussi nos futurs chefs.
Patrick Pannier
Savoir prendre une décision de tir de missile crotale lourde de conséquence, cela s’apprend en plusieurs années pour les officiers.
Jean-Christophe Ruffié
C’est un système qui repose donc sur deux véhicules radicalement différents puisque le premier qui est l’unité d’acquisition est chargé de surveiller l’espace aérien. Donc, une fois que l’identification est réalisée, ami ou ennemi, il y aura une désignation de la cible à l’unité de tir qui est derrière nous. Et donc, l’officier donnera l’ordre à l’unité de tir de détruire l’appareil s’il est ennemi et menaçant.
Patrick Pannier
La découverte de ces écoles longtemps restées secrètes va peut-être susciter quelques vocations chez vous. En tous les cas, cette édition d’Aquitaine première se termine. Dans un instant, le journal régional. Bonne soirée sur France 3.