Latche : rencontre entre François Mitterrand et Helmut Kohl

04 janvier 1990
02m 01s
Réf. 00334

Notice

Résumé :

Reportage consacré à la rencontre entre François Mitterrand et Helmut Kohl à Latche, dans la propriété du président français. Lors d'entretiens informels, les deux chefs d'Etat ont réaffirmé l'entente entre leurs deux pays. Ils ont notamment abordé la question de la réunification de l'Allemagne et l'idée d'une confédération européenne chère à François Mitterrand.

Date de diffusion :
04 janvier 1990
Source :
France 3 (Collection: Soir 3 )

Éclairage

Le reportage présente une rencontre informelle franco-allemande à Latche le 4 janvier 1990, première visite d'Helmut Kohl dans la résidence privée de François Mitterrand. L'invitation du chef de l'Etat est loin d'être anodine. L'année écoulée a été marquée par l'effondrement du bloc de l'Est, et tout particulièrement des démocraties populaires est-européennes. La question allemande est redevenue une question clef des relations internationales depuis l'été 1989, avec l'exode du peuple est-allemand vers la RFA. La chute du mur de Berlin à l'automne en est le résultat final tout au long de l'automne. La question de la réunification allemande est posée. Dès le mois de novembre 1989, Helmut Kohl a annoncé, sans avoir consulté ses partenaires européens, que la réunification de l'Allemagne était inéluctable à court terme. L'ensemble des diplomaties occidentales s'étonne de cette initiative du Chancelier. François Mitterrand comme Margaret Thatcher, craignent une réaction virulente de l'Union soviétique en Europe de l'Est et souhaitent disposer de garanties plus solides sur la non intervention de l'Armée rouge. En outre, les partenaires européens de la RFA, dans leur ensemble, ne souhaitent pas voir le processus de la construction européenne se recentrer autour de la question Allemande. Placée au centre d'un continent déstabilisé, celle-ci pourrait prendre une place trop importante.

François Mitterrand, qui présidait alors les instances dirigeantes de la Communauté européenne, s'oppose alors à son homologue allemand, en rappelant que son objectif est d'accompagner la dislocation du bloc de l'Est par l'intégration des anciennes démocraties populaires dans le monde des démocraties libérales, et surtout de renforcer la cohésion de la CEE avant de songer à voir l'Allemagne se réunifier. Il multiplie les déclarations notamment devant les parlementaires européens à Strasbourg où il confirme que la construction européenne doit être préserver et privilégiée sur l'intégration de la RDA dans la RFA.

La stratégie divergente des deux hommes s'est transformée en brouille franco-allemande tout au long de l'automne. François Mitterrand fait donc un geste symbolique important en invitant Helmut Kohl chez lui au lendemain des fêtes de fin d'année.

Le décorum de Latche est bien connu neuf ans après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Le lieu est propice aux discussions importantes, intimistes, entre chefs d'Etat, et aussi aux déclarations importantes faites aux journalistes. Ici, François Mitterrand choisit une plage des Landes pour s'adresser aux médias, après presque une heure de marche... Il réaffirme les positions de la France, la construction européenne d'abord, laissant ensuite son hôte préciser que l'amitié franco-allemande est intacte. Souriant, face aux journalistes, François Mitterrand excelle sur son terrain, il semble s'amuser des caméras et des micros, la mer couvrant en partie sa déclaration. Il choisit un lieu à lui, pour donner plus de force à la déclaration commune.

Laurent Jalabert

Transcription

Présentateur
L’idée d’une confédération européenne fait, actuellement, son chemin. L’idée en a été lancée lors de la traditionnelle cérémonie des voeux à l'Elysée par le président François Mitterrand. L’idée, à nouveau, a été évoquée lors du sommet franco-allemand, à Latche, dans la résidence du chef de l’Etat. François Mitterrand qui recevait aujourd’hui Helmut Kohl. Gilles du Jonchay assistait à cette journée.
Gilles (du) Jonchay
Une rencontre dans la douceur des Landes, un labrador qui gambade, et tout autour, les pins. C’est la première fois que François Mitterrand accueillait dans sa résidence privée, à Latche, le chancelier Kohl. Ces entretiens informels entre les deux hommes ne pouvaient mieux tomber, tant le couple Paris-Bonn a paru battre de l’aile ces dernières semaines. Le traité franco-allemand oblige, en effet, les deux partenaires à se consulter sur les problèmes de politique étrangère. Hors, le chancelier n’a pas consulté le président français lorsqu’il a avancé, en novembre, son plan de réunification allemande en dix points. Et François Mitterrand n’a pas, davantage, consulté Helmut Kohl quand il a annoncé, le 31 décembre, son idée de confédération de toute l’Europe dans les dix ans à venir. Ces entretiens, qui se sont achevés par une promenade de trois quarts d’heure, le long de l’océan, auront, au moins, permis d’utiles mises au point.
François Mitterrand
L’axe essentiel politique, en Europe, pour nous, Français, c’est le développement de la communauté, son renforcement, le renforcement de ces structures. Qu'elle aille vraiment vers une volonté politique commune.
Helmut Kohl
[Incompris]
Gilles (du) Jonchay
Quant à Helmut Kohl, il a reconnu qu’il n’avait pas consulté ses partenaires en novembre dernier. Mais, pour ajouter tout de suite après, "J’ai tout fait dans le sens franco-allemand. Il n’y a pas de méfiance entre Bonn et Paris". L’amitié franco-allemande a été très importante dans les années 80. Elle sera encore plus importante dans les années 90 a assuré, pour finir, le chancelier Kohl. Et bien, nous jugerons dès cette année car le chancelier ouest-allemand aura, aussi, en tête, de gagner les élections dans son pays, en novembre-décembre. Gilles du Jonchay, FR 3, à Latche.