Résultats des élections cantonales de 1982 dans les Landes

22 mars 1982
07m 14s
Réf. 00414

Notice

Résumé :

En plateau, les journalistes Gérard Berliet et Pierre Couteau présentent une synthèse des résultats des premier et deuxième tours des élections cantonales dans les Landes. Leur intervention est suivie par un duplex en direct de Bayonne avec Henri Emmanuelli, secrétaire d'Etat au Dom-Tom, qui vient d'être élu conseiller général du canton de Tartas-Ouest.

Date de diffusion :
22 mars 1982
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Éclairage

En plateau, les journalistes du journal régional évoquent les résultats des élections cantonales de 1982. Dans les Landes, la majorité de gauche s'impose largement avec 23 sièges contre 8 à l'opposition de droite, gagnant donc un siège. La gauche socialiste en profite avec un gain de 3 sièges. Le scrutin confirme donc que le département est profondément ancré à gauche. Henri Emmanuelli, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, réagit pour le camp des vainqueurs, comme Secrétaire de la fédération PS des Landes. Il devient l'homme fort du département et accède à la présidence du Conseil général à l'issue de ce scrutin, poste qu'il occupe toujours en 2011. Il répond aux journalistes sur les résultats du département, signifiant que la poussée de son parti s'est faite dans la logique des années précédentes, et s'inscrit dans la logique de la rénovation partisane entamée depuis le début des années 1970. Pour expliquer des résultats nationaux en demi-teinte pour la majorité présidentielle, il évoque un "désenchantement" des électeurs : il rappelle que les réformes gouvernementales n'en sont qu'à l'état de "chantier" et qu'il est nécessaire de disposer de temps pour légitimer une action politique. En outre, il s'évertue de relativiser le caractère d'une élection qui ne concerne qu'une partie des cantons, et surtout concède que les élections locales sont un moyen pour l'opinion d'exprimer un vote protestataire. Moins d'un an après l'élection de la gauche au pouvoir, ces élections ont en effet valeur de test électoral pour les observateurs et, si dans le Sud-Ouest la gauche confirme ses résultats, à l'échelle nationale, elles annoncent les scrutins plus difficiles des années postérieures, notamment les élections municipales de 1983.

Laurent Jalabert

Transcription

Gérard Berliet
Nous venons à la politique maintenant, nous poursuivons notre tour d’horizon avec le département des Landes.
Pierre Couteau
Bien, dans les Landes, la majorité présidentielle renforce sa représentation au Conseil général ,10 des 11 sièges qui restaient à pourvoir allant à la majorité. Bilan des deux tours 4 sièges restent à l’opposition qui en détenait 5 et n’a eu hier soir qu’un élu, l’UDF Pierre Dufourcq qui bénéficiait du soutien du conseiller sortant le sénateur d’opposition Pierre Bouneau qui ne se représentait pas. Pierre Dufourcq a donc battu le député socialiste Robert Cabé dans ce canton de Grenade-sur-l’Adour ; on a voté plus qu’au premier tour et ces nouveaux électeurs dans leur très grande majorité ont apporté leurs suffrages à Robert Cabé mais cela n’a pas suffi. A Saint-Sever, 6 sièges séparent le modéré Michel [Dubernet] et le socialiste [Jean]-Claude Brethes après le retrait de Michel Fournier, divers gauche. Pourtant arrivé en tête au premier tour c’est Jean Claude Brethes qui l’a emporté mais on constate là que les électeurs du premier tour qui avaient apporté leurs voix à Michel Fournier se sont reportés pour plus des 2/3 sur le candidat modéré. A Soustons victoire socialiste également mais de peu de Jean-Yves Montus qui bât le maire de la station balnéaire l’UDF Jean Nougaro. Le canton, pour passer ainsi à la majorité présidentielle, s’était davantage mobilisé qu’au premier tour et la proximité de Latche y est sans doute pour quelque chose. Reste 8 cantons où les résultats sont sans surprises Dax-Nord le socialiste Claude Lagenèbre, invalidé après les élections partielles 1981, l’emporte. Montfort-en-Chalosse, nouveau conseiller, Guy Gaujacq, socialiste, secrétaire parlementaire d’Henri Emmanuelli. Mugron réélection de Francis Dangoumau, socialiste ; Pouillon réélection de Franck Marcadé communiste ; Roquefort réélection de Jean Lamothe, socialiste ; [Sabres] réélection toujours de Jean Salinas, socialiste ; [Saint-Martin-de-Seignanx] réélection d' [André Maye], communiste ; Tartas-Ouest enfin où Henri Emmanuelli, secrétaire d’Etat au DOM-TOM, à qui il n’avait manqué que 7 voix au premier tour est brillamment élu augmentant même de 2 points et demi en dépit d’une participation électorale plus faible le total des voix obtenues déjà par la gauche au premier tour. Le Conseil général qui comptait jusqu’alors 21 majorités contre 9 oppositions passe à 22 majorités contre 8 oppositions mais le Parti socialiste en gagnant 3 sièges en totalise désormais 18 et obtient confortablement à lui seul la majorité absolue.
Gérard Berliet
Alors précisément nous avons toujours en direct de Bayonne monsieur Henri Emmanuelli qui, vous le savez, est membre du gouvernement, secrétaire d’Etat au DOM-TOM, alors monsieur Emmanuelli, je voudrais tout d’abord en tant que membre du gouvernement vous demander votre réaction après ce tour de scrutin, un tour de scrutin qui a marqué tout de même un léger frein quand même du côté de la gauche surtout dans notre région.
Henri Emmanuelli
Je dirais que l’Aquitaine à mon sens résiste bien, mais il est indéniable qu’au plan national il y a un certain désenchantement qui s’est manifesté à travers ce scrutin, désenchantement qui personnellement ne me surprend pas en ce sens que ce gouvernement est au début de son action et que de même que lorsqu’on visite un chantier, aller le visiter au moment où on en est encore au stade des fondations n’est pas très mobilisateur, n’est pas très parlant, de même ce gouvernement qui entamait des réformes de structure importante n’y est peut être pas toujours bien compris de l’opinion qui n’a pas mesuré les implications de ces réformes dans sa vie quotidienne.
Gérard Berliet
Enfin, nous avons vu les résultats, il y a tout de même 4 députés socialistes dans notre région qui ont été battus au cours de ces cantonales.
Henri Emmanuelli
Oui, si vous comptez monsieur Cabé à Grenade, vous savez qu’il s’attaquait quand même à bastion et que ça n’était pas gagné d’avance et s’en fallait de beaucoup, moi-même aux législatives de juin 1980, je n’ai pas eu la majorité dans ce canton c’est d’ailleurs le seul. Quant à Jean-Pierre Destrade, tout le monde sait qu’il se bat dans un contexte difficile avec beaucoup de courage d’ailleurs et que, ma foi, la voix électorale va et vient, il a gagné ce canton 2 fois, il l’a perdu hier mais je suis persuadé qu’il regagnera une troisième fois.
Gérard Berliet
En ce qui concerne l’année qui va venir puisque nous allons encore entrer dans une campagne électorale importante avec les municipales d’une part et surtout le Conseil régional d’autre part, est-ce que vous allez modifier quelque chose dans votre politique ?
Henri Emmanuelli
Le Président de la République a pris des engagements envers le peuple français, le gouvernement est là pour réaliser ces engagements et je crois que ce gouvernement doit continuer à faire ce qu’il a dit qu’il ferait, nous devons faire des réformes de structure comme nous l’avons promis, nous devons veiller à le faire peut-être sans heurter ou sans bousculer les mœurs mais nous devons rester nous mêmes et je suis persuadé qu’au terme des 5 années qui sont ouvertes devant nous, les Français auront la possibilité de faire la différence et c’est cela seul qui comptera en définitive.
Gérard Berliet
Alors il y a eu, ce sera la dernière question, plusieurs qualificatifs pour ces élections aussi bien le premier que le deuxième tour, tassement, échec, quel est le terme que vous préférez ?
Henri Emmanuelli
Oh, moi je dirais que nous avons assisté au rassemblement de la droite et des mécontents et c’est un processus que nous connaissons bien ; parce que lorsque nous étions dans l’opposition ; à l’occasion des élections locales, nous obtenions des résultats encore plus brillants que ceux qu’a obtenu l’opposition. Vous vous rappellerez 1976 - 1977 ce qui hélas ne nous avait pas empêché d’être battus en 1978 alors moi je dirais que un certain nombre de Français n’ont pas tout à fait saisi l’importance des réformes que ce gouvernement fait ; que d’autres sont inquiets, il faut dire qu’on a tout fait pour les inquiéter, nous avons assisté à une campagne extrêmement dure où tous les arguments ont été utilisés y compris la calomnie je pense en particulier à ce tract apocryphe qu’on a fait circuler signé soi-disant de Jacques Attali et qui était vraiment quelque chose d’assez immonde bref, les choses se sont passées ainsi mais je reste confiant pour ma part ; et dans le bon sens de la majorité des Françaises et des Français et surtout dans le bon sens des Aquitaines et des Aquitains.