Seignosse  : championnat de France de surf-riding

05 septembre 1973
03m 08s
Réf. 00420

Notice

Résumé :

Les 1er et 2 septembre 1973, Seignosse accueille les championnats de France de surf-riding. Organisée par le surf-club de la station landaise et son président Jean-Louis Bianco, avec le concours de la Fédération Française de Surf présidée par Jacques Fagalde, la compétition a rassemblé 75 concurrents et a été remportée par le Tahitien Claude Laurent.

Date de diffusion :
05 septembre 1973
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Thèmes :

Éclairage

Le Championnat de France de surf existe depuis 1960 et se déroule depuis 1965 sous l'égide la Fédération Française de Surf (FFS). Après des séries qualificatives, une épreuve finale a lieu en 1973 à Seignosse, les 1er et 2 septembre.

Sur les 75 concurrents inscrits, un contingent vient de Polynésie française, en particulier Tahiti, d'où est issu le champion 1973 : Claude Laurent (Central Surf-Club de Tahiti), ainsi que le troisième [1].

Avant 1989, le surf en Polynésie française était géré par le comité polynésien de surf riding, une ligue de la Fédération Française de Surf. La Fédération Tahitienne de Surf (FTS) est créée en 1989 sous la présidence de Patrick Juventin et est reconnue, en 1990, par l'ISA (International Surfing Association), ce qui lui permet de participer aux Championnats du monde en tant que Nation à part entière. Parmi les succès : en 1986 en Angleterre, Vetea David, plus connu sous le nom de Poto, est champion du monde dans la catégorie junior ; en 1990 au Japon, Heifara Tahutini et Eimata Carroll sont champions du monde open ; en 1992 en France, Teva Noble est champion du monde longboard ; en 1994 au Brésil, Michel Demont est champion du monde longboard ; en 2004 en Equateur et en 2010 au Pérou, Hira Teriinatoofa est champion du monde ISA open. On compte en 2011 19 clubs affiliés [2].

L'épreuve est co-organisée par le surf-club de Seignosse, dont le président, Jean-Pierre Bianco, sera président de la FFS de 1985 à 1988. Le président de la FFS, de 1973 à 1976, est Jacques Fagalde, qui commença à surfer en 1961 à Anglet [3] et y ouvrit en 1969 un club de surf. Il fait partie de la génération de pionniers surnommés les "Tontons surfeurs" [4].

Parmi les figures qui ont marqué les débuts du surfing en Aquitaine, le Dacquois Jacky Rott se lança plage Nord à Hossegor au printemps 1957 et créa dès 1958 la première marque de planche française, "Neptune" [5] ; il remportera le championnat de France de surf et le championnat d'Europe en 1961 à Biarritz, avant de participer aux Championnats du monde au Pérou en 1962 avec Jo Moraiz, qui est "guide-baigneur" (maître-nageur sauveteur). Les premières planches ressemblaient un peu aux longboards d'aujourd'hui, sans la forme très optimisée et surtout beaucoup plus lourdes (de 20 à 25 kilos).

Joël de Rosnay remporte le premier titre de champion de France à Biarritz le 12 septembre 1960, et sera champion de France master en longboard en 1986. Philippe Gérard est champion de France en 1964 [6].

Les "Tontons Surfeurs" créent les premiers clubs de la Côte Basque : en 1959 le Waikiki Surf Club à Biarritz, en 1963 le Surfing Club de la Chambre d'Amour à Anglet qui devient l'année suivante le Surf Club de France, en 1964 le Surf Club de France à Biarritz ou encore en 1965 le Bidassoa Surf Club à Hendaye [7] et en 1966 le Surf Club de Guéthary [8]. .

Le grand essor du surf en France a lieu dans les années 1980 et 1990, qui voient la création de 91 % des clubs actuels en France [9].

Jacques Hèle (né en 1929 à Mérignac), issu de Lacanau, est élu président de l'ISA en 1990 ; sont organisées en Aquitaine les championnats du monde amateur, en 1980 à Hossegor et en 1992 à Lacanau. Jacques Hèle obtient la reconnaissance de l'ISA par le CIO en juin 1995.

Parallèlement, l'élite mondiale s'organise [10], et se structure un cadre de compétitions professionnelles, dont fait partie Lacanau Pro depuis 1979.

[1] C'est un Landais qui est second : Gérard Dabbadie, qui est devenu "shaper" (conception et dessin de la planche) chez BIC Sport.

[2] Fédération Tahitienne de Surf , www.surf.pf

[3] Jacques Fagalde raconte : "À l'époque, la piscine d'eau de mer était un endroit très mondain, beaucoup de Parisiens y venaient. Une famille belge passait aussi ses vacances à Anglet. Ils avaient les toutes premières planches de surf. Un jour, en 1961, ils m'ont laissé essayer."

[4] GARDINIER, Alain, Les Tontons Surfeurs : aux sources du surf français, Anglet : Atlantica, 2004.

[5] Michel Barland conçoit dans le même temps une planche en mousse de polyuréthane (au lieu du bois) recouverte de fibre de verre/résine de polyester. Il gagne les championnats d'Europe en 1962 et s'associe en 1960 avec Jacky Rott.

[6] Tandis que le premier championnat du monde à Sydney voit la suprématie de l'Australien Midget Farrely, devant le Californien Mike Doyle et l'HawaIen Joey Cabell.

[7] GUIBERT, Christophe, "Le premier âge du surf en France : un sport socialement sélectif", Science et motricité, 2/2007, n° 61, p. 89-100.

[8] renommé en 1968 Urkirola Surf Club.

[9] GUIBERT, Christophe, L'univers du surf et stratégies politiques en Aquitaine, Paris : L'Harmattan, 2006, p.150.

[10] L'ASP (Association of Surfing Professionals) voit le jour en 1976.

Hubert Cahuzac

Transcription

(Silence)
(Bruit)
(Musique)
Journaliste
Athlétique, élégant, passionnant, mais surtout méconnu, autant de qualificatifs qui s'appliquent au surf. Un sport qui connaît pourtant, lui aussi, ses grands moments. Et ce fut le cas samedi et dimanche à Seignosse, où 75 concurrents disputaient le championnat de France 1973.
(Bruit)
Journaliste
Les surfeurs aquitains étaient bien sûr en majorité, mais la lutte a été chaude avec l'équipe tahitienne. Tout le monde a fait preuve de beaucoup de classe, et sur le sable, le public a eu de quoi s'enthousiasmer. Jean-Pierre Bianco, je porte vos couleurs puisque vous êtes le président du Seabird Surf Club, et c'est votre club, le club local de Seignosse, qui est à l'origine de cette manifestation sportive. Alors, est-ce que je peux vous demander : pour vous, est-ce que tout s'est bien passé ? Ce championnat de France 73 ? Pas d'anicroche ?
Jean-Pierre Bianco
Et bien, ça se passe extrêmement bien. On peut dire qu'on a eu toutes les meilleures conditions remplies, c'est-à-dire qu'il a fait très beau, il y a eu un vent favorable, parce que vous savez que pour avoir de bonnes vagues, il faut avoir du vent d'Est, et on a eu un public nombreux.
Journaliste
Est-ce que je peux demander à Jacques Fagalde, qui lui est le président de la Fédération française de surfing, ce qu'il pense de l'organisation de ces championnats de France ?
Jacques Fagalde
Et bien l'organisation a été merveilleuse, sans aucune anicroche, grâce au patronage de la ville de Seignosse et au concours de celle d'Hossegor. Nous avons pu mener à bien ce championnat, également très aidés par le club local, qui a pris une très grande part de l'organisation à sa charge. Et le nombre d'Américains et d'Australiens qui viennent tous les étés nous le montre, les surfeurs français ne sont peut-être pas, pour le moment, tout à fait à la hauteur des champions américains, mais grâce au voisinage, justement, de ces étrangers pendant l'été, tendent à devenir tout à fait à la hauteur pour les concours internationaux.
Journaliste
Quant aux résultats, 4 titres sur 6 en jeu, Tahiti conserve la suprématie. Parmi ces titres, celui de champion de France toutes catégories.
(Bruit)
Journaliste
Alors, Claude Laurent, du Central Surf Club de Tahiti, vous êtes champion de France, c'est la consécration pour vous ?
Claude Laurent
Oui, bien sûr. Chacun aimerait avoir un titre au moins dans sa vie. Je suis champion de France toutes catégories, je pense que c'est une bonne performance.
Journaliste
vous avez cumulé les titres, parce que vous n'êtes pas seulement champion de France toutes catégories.
Claude Laurent
Oh j'ai cumulé les titres, c'est beaucoup dire. J'ai été champion junior 73 de Tahiti, c'est tout. A part ça, je n'ai aucun titre.
Journaliste
Est-ce que ce titre; cette année, vous l'attendiez ?
Claude Laurent
Non, pas du tout. Je m'étais mal comporté aux finales junior, je ne pensais vraiment pas réussir.