L'installation des cadres japonais à Pontonx

22 novembre 1991
02m 23s
Réf. 00518

Notice

Résumé :

Suite à l'implantation de l'usine Sony à Pontonx, plusieurs cadres japonais s'installent dans les Landes pour des périodes plus ou moins longues. Leur intégration passe notamment par la scolarisation de leurs enfants. Exemple avec la famille Tanaka.

Date de diffusion :
22 novembre 1991
Source :

Éclairage

L'implantation d'entreprises industrielles étrangères en France dans les années 1980-2000 est devenue un enjeu politique central à l'échelle nationale. Alors que la France traverse une crise industrielle sans précédent, conduisant à la fermeture de nombreuses activités traditionnelles (textile, charbon, mines, etc.), les pouvoirs publics sont à la recherche d'investisseurs susceptibles de relancer l'activité industrielle et l'emploi tout particulièrement ceux provenant des pays alors en pleine expansion, notamment le Japon. Des facilités d'investissements sont alors proposées par l'ensemble des gouvernements successifs, depuis le gouvernement Mauroy, et parfois même par les collectivités locales. C'est ainsi que Sony et Toyota s'implantent dans diverses régions industrielles françaises.

Dans les Landes, à Pontonx, en 1984, le groupe Sony installe une unité de production de cassettes vidéo en VHS. L'apparition et la généralisation des magnétoscopes dans les ménages français, puis l'essor des caméras par vidéocassettes permettent un essor rapide de la production, avec plus de 300 salariés. Comme ailleurs, quelques cadres japonais et leurs familles accompagnent ces implantions dans les premiers temps et sont accueillis sur le sol français. Les éléments intégrateurs de la main d'œuvre étrangère trouvent toute leur place pour des populations de cadres ou techniciens supérieurs dans une logique très républicaine : l'école pour les enfants, l'apprentissage de la langue comme ciment de l'intégration. Ces populations ne constituent cependant pas un socle de migration durable, les entreprises japonaises ayant pour habitude d'organiser pour leurs cadres de brefs séjours de un à deux ans à l'étranger, visant à contrôler les conditions du développement de leur activité, avant de laisser le management de ces usines à des cadres nationaux.

Dans les Landes, la production, malgré plusieurs restructurations de la production vers la bande vidéo professionnelle, sera définitivement interrompue en 2009. Le groupe Sony quitte alors le département.

Laurent Jalabert

Transcription

Présentateur
Exemple maintenant de cette présence sur le terrain à Sony Pontonx, où travaillent et essaient de s’intégrer des cadres japonais. Et ce sont les enfants qui jouent un rôle essentiel dans ce processus d’intégration. Le reportage de Dominique Langard et de Philippe Rives.
Journaliste
Yasumitsu Tanaka est arrivé il y a un an à l’usine de Sony de Pontonx. Ingénieur chimiste de 38 ans, il a en charge de la centrale énergétique de l’usine. Il est l’un des douze cadres japonais présents en permanence pour assurer le transfert de technologie.
Yasumitsu Tanaka
Les Japonais veulent travailler en équipe dans leurs entreprises, les Français préfèrent mettre en avant leur identité, leur personnalité propre.
Journaliste
En France pour deux ou trois ans, ils sont venus avec leur famille. Pour son fils, Tomoyuki, et ses amis Yochimi ou Sayka, il a fallu créer à l’école une structure spéciale d’intégration. Les cinq élèves y passent l’essentiel du temps scolaire à apprendre le français, langue étrangère. Ils s’intègrent aussi aux classes de CP, CE1 ou CE2 pour d’autres matières.
Tomoyuki Tanaka
Je m’appelle Tomoyuki Tanaka.
Journaliste
Et qu’est-ce que tu fais à l’école ?
Tomoyuki Tanaka
Je fais des dictées, je fais des maths en CE1.
Christine Desclaux
Ils sont peut-être plus brillants au niveau mathématiques. Ça quand même, c’est assez remarquable, mais je ne sais si c’est lié à ces enfants-là ou à tous les enfants japonais.
Journaliste
Exceptionnellement aujourd’hui, Tomoyuki n’ira pas à la cantine. Sa maman Kyoko est venue le chercher pour déjeuner en famille, une nourriture à la fois française et japonaise.
Christine Desclaux
Ils désirent absolument cette intégration. Ils répondent présents à toutes les activités extrascolaires, parce qu’évidemment l’école n’est pas suffisante pour l’apprentissage de la vie et du langage courant.
Journaliste
Comme tous les enfants, Tomoyuki apprend très vite. Grâce à lui, à ses copains et à leurs parents, la famille Tanaka a pu rencontrer des Français. Le français, qu'ils apprennent deux fois par semaine.
Kyoko Tanaka
Celui-ci est navet.
Tomoyuki Tanaka
Navet et le carotte.
Kyoko Tanaka
Navet et carotte et champignon de jambon.
Journaliste
Pourtant dans un an ou plus ou moins, Tomoyuki repartira au Japon. Et toute la famille Tanaka, parfaitement intégrée comme de très nombreux Japonais, regretteront la France et son art de vivre.