Promenade à Tartas, petit village des Landes

09 octobre 1950
31m
Réf. 00531

Notice

Résumé :

Dans le cadre de leur émission Dimanche au village, Jean-Pierre Mottier et Pierre Melfille partent à la rencontre des habitants de Tartas et de leur maire, Gérard Minvielle. Au fil des interviews, ponctuées de quelques chants et musiques folkloriques, les deux journalistes découvrent les Landes et leurs traditions : de la dégustation des ortolans à la chasse à la palombe, du rugby à la course landaise, des industries du bois à la protection de la forêt contre les incendies.

Type de média :
Date de diffusion :
09 octobre 1950

Éclairage

1950 : au tout début des Trente Glorieuses, dans une France dopée par le plan Marshall, l'heure est à l'optimisme. On veut oublier les années sombres et, partout, on peut évaluer l'essor de la société de consommation et de loisirs. Parallèlement à la création du SMIG qui assure un revenu minimum dans un contexte de plein-emploi, les médias se développent. Cette année-là, le 24 février, la RTF opère sa première retransmission télévisée [1], Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.

Les enfants du baby-boom sont nombreux. On multiplie à leur intention des émissions spéciales : Terre des enfants et Le club du jeudi à la radio, la mythique Piste aux étoiles à la télévision. La fondation du Club Méditerranée par Gérard Blitz accompagne alors la fin des tickets de rationnement.

Dans le nord des Landes et dans le sud de la Gironde, on se remet difficilement du coup dur des grands incendies qui ont ravagé les pinhadars durant l'été 1949 [2] mais, comme partout, on espère un redressement rapide de l'économie malgré l'instabilité gouvernementale chronique de la Quatrième République.

La visite à Tartas [3] des animateurs de l'émission Dimanche au village n'est qu'un prétexte pour faire découvrir l'ensemble du département des Landes qui ne s'ouvre pas encore au tourisme de masse. D'où la multiplicité des thèmes abordés et le choix pour cette petite cité historique, fief de l'ancienne tribu des Tarusates, qui se situe aux confins de plusieurs "pays" et non loin des limites de deux zones linguistiques majeures [4]. Et si le terroir est encore authentique, le message qu'entendent faire passer les "Messieurs de la Télévision" n'est qu'un salmigondis de clichés. Un point de vue parisien englobant, dans un concept aguicheur et réducteur de "Midi", toutes les facettes du vaste ensemble culturel occitan. Et la Gascogne de se confondre avec la Provence ; et le gascon de se mêler au basque dans un enchaînement de montages qui révèlent l'ignorance des deux acteurs.

Mais c'est aussi caractéristique d'une époque : il faut faire "pittoresque" dans un pays où l'on sublime les "belles provinces". On égrène alors des images d'Épinal, celles que l'on retrouve sur les cartes postales dont certaines sont encore "colorisées" comme au temps de Ferdinand Bernède ou comme le fait toujours Émile Vignes. Soleil, fête, "Pernod", cigales : la "pagnolade" le dispute ici à la gasconnade qui souligne les traits de caractère prétendus de Tartarin [5] locaux dont les ancêtres - comble de l'absurdité - auraient chaussé des échasses pour franchir les marécages... Autant d'images véhiculées par ailleurs, sans aucun esprit critique, par une littérature qui a grandement nui à la vulgarisation d'une histoire du pays reposant sur des données scientifiques.

On lit encore beaucoup Ramuncho, le roman de Pierre Loti valorisant l'identité basque, on dévore l'œuvre romanesque de l'académicien Pierre Benoît qui s'inspire parfois de la région, exaltant la spécificité d'une terre de caractère ; on écoute surtout beaucoup André Dassary [6], Luis Mariano [7] qui promeuvent des chants identitaires à l'instar du groupe basque Oldarra, né en 1945 de la dissolution de la chorale Olaeta. Dans les fêtes populaires ou les banquets, on reprend en chœur La Dacquoise à l'œil noir, la Chanson du béret ou Aqueras montanhas (appelé aussi Se canta) qui aurait été composée par Gaston Fèbus lui-même [8].

Autant de moyens pour se réapproprier, quelques années à peine après la Libération, une certaine identité régionale que les locaux se gardent de confondre avec celle de leurs voisins d'outre-Pyrénées : le torero landais est bien un "écarteur »" ou un "sauteur" dans les propos de Mazzantini [9], et si la passion de la chasse à la palombe est partagée entre Basques et Gascons, le rugby est tellement connoté que le sénateur Gérard Minvielle [10] en fait ici un symbole culturel de son territoire l'année où le Tournoi des cinq nations est remporté par le Pays de Galles alors que la France termine troisième...

[1] On compte alors 3794 postes de télévision dans tout le pays.

[2] La décennie 1940 est celle des grands incendies, dans les Landes. Ce sont les "années de braise" : on citera pour mémoire celui de Trensacq en août 1942, celui de Soustons en novembre 1942, celui d'Arjuzanx et ceux de Pissos en 1943. Au repli des troupes d'occupation en août 1944, le feu prend sur la RN 10 vers Liposthey et court jusqu'à la Leyre.

Bilan sommaire : 66 000 hectares ravagés en 1942 dont 45 000 en un mois ; 30 000 ha en 1945 et 1946.

La plus terrible de ces années de braise est 1949. L'incendie du 7 août, parti de la Grande Leyre, ravage la lande de Bern et Gruey à Pissos et anéantit les communaux de Sore. Le grand et sinistre incendie du 20 du même mois s'étend du Barp à Marcheprime et Saucats faisant 82 victimes parmi les sauveteurs...

Par la suite, l'organisation de la défense contre les incendies s'améliore (tours de guet, entretien des pistes, aménagement de puits tubés pour pompes immergées) et, sur le terrain, les moyens des sapeurs-pompiers pour surveiller et lutter se perfectionnent.

[3] Au début du second millénaire, un château entouré d'une enceinte, flanqué d'un donjon massif, doté de contreforts aux angles, domine la rive gauche de la Midouze. Tartas est alors un lieu de passage, un point stratégique qui échoit aux Albret en 1308 et qui subit, entre 1441 et 1443, un long siège des troupes de Charles VII.

Durant le XVIe siècle, une importante communauté protestante s'y développe ; la cité devient une place "sûre", après l'édit de Nantes. Mais, en 1623, Louis XIII fait démolir le château et, une trentaine d'années plus tard, le frondeur Balthazar y établit son quartier général ; sur ordre de Louis XIV, les fortifications sont alors démantelées.

[4] Marsan, Haute-Lande et Chalosse, aux confins des parlers "noirs" et "clairs" gascons, à une quarantaine de kilomètres, à vol d'oiseau, des premiers villages basques.

[5] Tartarin est un personnage d'un roman d'Alphonse Daudet, publié en 1872. Il met en scène un personnage burlesque, chasseur de lions en Afrique. Les Provençaux ont très mal accueilli cet ouvrage, refusant de se reconnaître dans ce portrait dévalorisant et peu respectueux de leur culture.

[6] André Deyhérassary, dit André Dassary est né en 1912 à Biarritz où il est mort en 1987. Élève du Conservatoire de Bordeaux, il connaît le succès sous l'Occupation avec l'opérette L'Auberge qui chante et la chanson Maréchal, nous voilà ! à la gloire de Pétain. Malgré cela, au sortir de la guerre, il connaît un certain succès, notamment en reprenant Ramuntcho (1944), mis en musique par Vincent Scotto sur des paroles de Jean Rodor.

[7] Mariano Eusebio Gonzalez y Garcia alias Luis Mariano est né en 1914 à Irun et mort à Paris en 1970. C'est un ténor qui accède à la célébrité grâce aux opérettes La Belle de Cadix et Le chanteur de Mexico. Il vulgarise au Pays basque une chanson populaire, au rythme entraînant, intitulée Il est un coin de France.

[8] Gaston Fèbus (1331-1391), Comte de Foix, vicomte de Béarn aurait composé cette chanson pour son épouse, Agnès de Navarre retournée dans ses terres.

[9] Auguste Camentron, dit Mazzantini, est un célèbre écarteur président de la mutuelle des "Toreros landais", de 1926 à 1939. La Cazérienne, hymne à la gloire de la course landaise, commence d'ailleurs par un hommage à ce sportif né en 1882 et mort en 1964.

[10] Né en 1902 à Geaune (Landes), mort en 1990 à Tartas (Landes), Gérard Minvielle est petit-fils de paysans et fils d'instituteurs landais. Nommé à Tartas dans l'administration des contributions indirectes en 1921, il affirme ses convictions socialistes républicaines et les défend activement dans la Résistance intérieure. En 1949, il est élu conseiller général du canton de Tartas-Est et, peu après, vice-président du Conseil général et président de la commission des finances. En décembre 1946, il est élu au Conseil de la République (le futur Sénat) où il rejoint le groupe socialiste ; il est réélu en 1948 et 1955.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
Journaliste
En marge de leur émission Dimanche au Village, Jean-Pierre Mottier et Pierre Melfille, vous présentent Promenade à Tartas, petit village des Landes. Émission spéciale animée et réalisée par les auteurs.
(Musique)
Pierre Melfille
Eh ben, dis donc, Jean-Pierre, ça y est ! Nous voilà revenus sur les lieux de l’un de nos derniers Dimanche au Village !
Jean-Pierre Mottier
Eh oui, Pierre, tu sais bien que nous avons trouvé Tartas tellement sympathique que nous avons pensé que cela valait la peine de connaître encore mieux cette région si agréable et pourtant encore, si mal connue.
Pierre Melfille
Bon, et bien alors, puisque nous revoilà sur cette place de la mairie de Tartas, tout juste débarqués du car qui vient de nous prendre à la gare de Dax ; ne penses-tu pas à tout seigneur ou plutôt, à tout sénateur tout honneur que nous pourrions commencer par aller demander à notre ami Monsieur Minvielle, sénateur maire de Tartas, de nous présenter en deux mots sa charmante petite localité pour les auditeurs qui pourraient encore ne pas la connaître.
Jean-Pierre Mottier
D’accord ! Valise d’une main, micro de l’autre et, allons-y !
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Bonjour Monsieur Minvielle, nous nous excusons de vous déranger encore. Nous venons vous demander de présenter Tartas à tous les auditeurs.
Gérard Minvielle
Comme vous avez pu le constater, notre ville est située au centre du département des Landes, partie sur le flanc et le sommet d’un coteau relativement élevé, partie dans la plaine qui en est séparé par la Midouze. Les archives nous apprennent qu’ancienne capitale des Landes, Tartas était une clé du Midi de la France, troisième ville de frontière des Pyrénées. Ce serait même aujourd’hui une grande ville, si comme cela a failli se produire, on y avait établi le siège de la préfecture des Landes que sa position au cœur du département, lui avait presque fait obtenir à un moment donné ; quand des influences puissantes firent pencher la balance du côté de Mont-de-Marsan. Et Tartas, n’a plus non plus le caractère belliqueux d’autrefois, puisque ses fortifications ont à peu près totalement disparu. Elle s’est transformée en petite station climatique, accueillante par le site agréable qu’elle représente, et par l’affabilité de ses habitants. Et je peux dire aussi, que si la chanson a fait la réputation du bèth cèu de Pau, le beau ciel de Pau, vous pourriez dire sur vos antennes que le ciel ensoleillé de Tartas ne le cède en rien à son voisin de Pau ; que ce beau soleil engendre gaieté et exubérance et nous donne malgré tout la possibilité d’espérer.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Eh Pierre, si maintenant nous allions faire un petit tour sur la promenade au bord de la Midouze.
Pierre Melfille
Ben ça, c’est une excellente idée, c’est justement l’heure de l’apéritif et nous sommes sûrs d’y rencontrer la presque totalité des habitants de Tartas. Les Tarusates qui, à cette heure trop chaude de la journée, ne travaillent plus ou pas encore.
Jean-Pierre Mottier
Oui, et puis comme ça aujourd’hui, incognito, on va pouvoir se mêler aux Tarusates et prendre le temps de les mieux connaître. Car il faut bien l’avouer, la réalisation d’une émission comme Dimanche au Village représente un tel travail et de telles difficultés.
Pierre Melfille
Dont la plupart des auditeurs et même des critiques ne semblent pas toujours se rendre très bien compte,
Jean-Pierre Mottier
Qu’il nous reste souvent très peu de temps pour goûter tranquillement les charmes du village où nous plantons nos tréteaux.
Pierre Melfille
Mais aujourd’hui, pas de question, nous voulons prendre le temps d’apprécier la bonne humeur des gascons.
Jean-Pierre Mottier
Et même d’entendre chanter les cigales, car sur ces promenades, dans les arbres, c’est un concert ininterrompu.
Pierre Melfille
Tiens ! Mais dis donc, n’est-ce pas notre hôtesse, Madame Gellibert, là-bas sur le pas de sa porte ?
Jean-Pierre Mottier
Mais si, mais si ! Oh, oh, Madame Gellibert, bonjour Madame Gellibert. Dites, voulez-vous être assez gentille de nous rappeler la grande spécialité tarusate, l’ortolan, vous savez ?
Pierre Melfille
Mais d’abord, l’ortolan, qu’est-ce que c’est au juste ?
Madame Gellibert
L’ortolan, c’est un petit oiseau, de passage.
Jean-Pierre Mottier
Oui !
Madame Gellibert
Où l’on, qui est très délicieux.
Jean-Pierre Mottier
Oui,
Madame Gellibert
Que l’on sert dans une petite barquette et que le client, pour mieux l’apprécier, est obligé de se mettre une petite serviette sur la tête, et puis prendre ça comme ça.
Jean-Pierre Mottier
Ah ! Oui, oui ! Comme cela. Oui, bien évidemment, nous, on a compris mais les auditeurs, ça je, j’ai l’impression qu’ils ne sauront jamais comment il faut faire !
Pierre Melfille
Allons madame, soyez gentille, voyons ! Pour eux, quelques explications.
Madame Gellibert
Pour manger des ortolans, premièrement, il faut qu’on ait fait un très bon repas d’avance parce que l’ortolan, c’est très petit. Et pour finir, il faut qu’ils mangent, pour manger l’ortolan, il faut un très bon Bourgogne.
Pierre Melfille
Merci infiniment Madame Gellibert de ces précieux renseignements. Soyez certaine que nous saurons en faire bon usage.
Jean-Pierre Mottier
Oh, eh ben, dis donc, Pierre, on voit bien qu’on est dans le Midi, dans le pays où les réjouissances n’arrêtent jamais.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Pierre regarde là-bas, il y en a vraiment qui ont l’air de bien s’amuser.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Pierre, quand je te disais que c’était un pays où on s’amusait. Écoute ces joyeux lurons, ils ont l’air de chanter en patois mais avec un peu d’imagination, il n’est tout de même pas difficile de comprendre qu’il y en a un qui est en train de faire les frais de la conversation ou plutôt, de la chanson, écoute !
(Musique)
Pierre Melfille
Oui, mais tout ça, ce sont des réjouissances populaires. Ici, la grande vedette, c’est André Dassary, c’est vraiment lui le chanteur de charme numéro 1.
(Musique)
(Bruit)
Pierre Melfille
Tiens, c’est le sacristain qui appelle Monsieur le curé. Regarde, il se dépêche pour aller dire sa messe, c’est un véritable récital.
Jean-Pierre Mottier
Oui, un récital de cloche et de cigale. Oh, Monsieur le curé, je vous en prie, juste un petit mot pour nous présenter votre petite église.
Curé
L’église de Tartas, chef-d’œuvre attardé du style ogival, est de l’avis unanime des touristes, l’un des plus beaux joyaux de l’architecture religieuse des Landes. Or, ce monument qui répand sur la ville le rayonnement d’une incomparable splendeur n’a que 100 ans d’existence. L’architecte, c’est Monsieur Duran, à qui le Sud-Ouest est redevable des belles églises de Peyrehorade, de Soustons, et surtout de la basilique de Lourdes. Or, il ne cachait pas ses préférences pour l’église de Tartas, qu’il considérait à bon droit comme son chef-d’œuvre. Hélas, petits côtés des grandes choses, il s’en fallut de bien peu car la noble émulation suscitée par la construction de l’église, le succès verra bientôt une pointe de jalousie de la ville basse à l’égard de la ville haute. Celle-ci, s’attribuant un peu trop généreusement, peut-être, la gloire exclusive de ce chef-d’œuvre. La haute sagesse des édiles municipaux arrangea, heureusement toutes choses, en accordant à la ville basse, par manière de compensation, la construction d’une halle destinée à devenir un jour la maison commune.
Jean-Pierre Mottier
Mais monsieur le curé, cette église, comment est-elle, comment se présente-t-elle ? Pouvez-vous nous la décrire en quelques mots ?
Curé
Pour cela, il me semble ne pouvoir mieux faire que de citer le jugement, si juste et si nuancé, que mon prédécesseur, Monsieur le Chanoine Dario a porté sur elle, à l’occasion du premier centenaire de la pose de la première pierre. On a dit des belles cathédrales du Moyen-âge qu’elles étaient des épopées de pierre. Notre église, on la lit comme une pièce de Racine, même impression de beauté, d’unité, de simplicité. Dès le seuil franchi, elle vous enveloppe de son âme, elle vous caresse par toutes ses lignes, elle vous berce, elle plaît. Sa beauté intérieure transparaît sur les lignes du dehors. Svelte, élégante dans sa robe de pierre brune, on pourrait la croire jaillie au XIIIe siècle, spontanément, au sommet de son escalier monumental, entre les deux bras d’un jardin toujours fleuri.
(Musique)
Pierre Melfille
Tiens, mais Jean-Pierre, ça c’est le célèbre chant régional, La Dacquoise, la chanson de Dax.
Jean-Pierre Mottier
Eh oui, toujours, toujours ! Ici, c’est encore un pays de tradition tu sais.
Pierre Melfille
Oh, toujours ! Tu sais que les Landes n’ont pas toujours été ce qu’elles sont actuellement. Et beaucoup d’illustres landais comme Jeanne d’Albret, la mère d’Henri IV, ou Saint Vincent de Paul…
Jean-Pierre Mottier
Et La Hire, mais tu oublies La Hire. Tu ne sais donc pas que La Hire, capitaine de Charles V, devenu par la suite, valet de cœur de tous les jeux de cartes était un pur landais.
Pierre Melfille
Ah ça, non, je ne le savais pas, mais il est vrai que tu es tellement joueur, toi. En tout cas, tous ces gens-là, ils seraient certainement bien étonnés s’ils pouvaient voir leur pays dans son état actuel. Car, autrefois, ici, ce n’était que brouillards et landes marécageuses, avec des étangs un peu partout. Au total, une région plutôt malsaine et déshéritée.
Jean-Pierre Mottier
Ah oui, ça, c’est vrai. Et dans ces marais, à l’époque, on ne pouvait absolument pas se déplacer à pied. C’est pourquoi, on voyait les bergers juchés sur les grandes échasses, qui gardaient leur mouton, en tricotant des bas de laine.
Pierre Melfille
Oh, mais c’était sûrement très pittoresque.
Jean-Pierre Mottier
Oui, mais tout de même assez inconfortable, tu avoueras.
Pierre Melfille
Et puis, le soir, ils se réunissaient pour danser au son de leur tambourin et de leur petit….
(Musique)
Pierre Melfille
Mais heureusement, au début du XIXe siècle, Brémontier, le bienfaiteur des Landes, grâces à ses plantations méthodiques de pins maritimes, réussit magnifiquement à transformer les Landes en une région saine et prospère.
Jean-Pierre Mottier
Et c’est pourquoi, dans les Landes, le pin, le pin avec sa plaie au flanc, comme disait Théophile Gautier, est l’objet de toutes les préoccupations. D’ailleurs, Ronsard le connaissait déjà.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Pasteur, qui conduira en ce lieu ton troupeau, flagellant une églogue en ton tuyau d’aven, attache tous les ans à cet arbre un tableau, qui témoigne au passant mon amour et ma peine. Puis l’arrosant de lait et du sang d’un agneau, dit : Ce pin est sacré, c’est la plante d’Hélène.
(Musique)
Pierre Melfille
C’est évidemment très joli et très romantique. Mais si nous demandions maintenant à Monsieur Minvielle une opinion plus actuelle et plus réaliste.
Gérard Minvielle
Eh bien messieurs….
Pierre Melfille
Tout d’abord, je suppose que le problème numéro un ici, c’est l’incendie, tout de même, la lutte contre l’incendie.
Gérard Minvielle
Oui, il est extrêmement difficile, dans une interview aussi rapide, de vous brosser le problème qui intéresse la forêt de Gascogne. Il est incontestable que cette forêt constitue pour le pays, et également pour la nation, une des richesses principales. Ceci, tout simplement, parce que de la forêt, on extrait évidemment le bois façonné. On en extrait également des dérivés par les résines, par les pâtes à papier. Mais, je veux être très court et entrer surtout sur, et traiter surtout de la question qui intéresse la conservation de ce bien national.
Pierre Melfille
Oui, parce que je crois que l’année dernière, l’incendie des Landes a été une véritable catastrophe nationale d’ailleurs.
Gérard Minvielle
Je crois que la France et le monde entier ont connu la catastrophe énorme qui a frappé notre pays. Et, mon Dieu, s’il m’était permis, puisque c’est la première fois que vous venez dans les Landes, de dire au nom de tous les landais, nos remerciements pour les secours et la sympathie que nous avons reçu, non seulement de France, mais encore de l’extérieur.
Pierre Melfille
Mais, est-ce qu’on est d’accord sur les remèdes et les méthodes de protection ? Est-ce qu’on peut apporter quelque chose d’intéressant dans le domaine ?
Gérard Minvielle
Ceci est évidemment un problème très complexe. Le feu est l’ennemi de la forêt depuis toujours. On a cherché des solutions et je crois qu’il est assez difficile d’arriver à une solution vraiment efficace. Les avis sont partagés et précisément, puisqu’il y a controverse sur ce point, je ne me permettrai pas ici de donner une opinion formelle.
Pierre Melfille
Bon, eh bien, espérons que les solutions seront trouvées et que la forêt sera protégée. Mais, voudriez-vous nous dire, alors, les produits que l’on tire du pin, ici.
Gérard Minvielle
Eh bien, je vais parler simplement des produits essentiels, je ne vous parlerai pas, évidemment, de tous les dérivés. Je vous ai dit tout à l’heure que le pin fournissait les bois de charpente, les bois façonnés, à diverses destinations par conséquent. Très rapidement, je vous dirai également que l’on recueille, évidemment, du pin sa sève, c’est-à-dire la résine ; que c’est une activité qui fait vivre toute notre partie forestière, par le fait qu’il faut tout de même du personnel, il faut des hommes qui résinent le pin. Mais qu’en plus de cela, pour les bois de deuxième qualité, et notamment les bois qui ont été incendiés, l’emploi en est tout de même réalisé par le fait que les papeteries qui sont installées dans la région s’emparent de ces bois pour en faire de la pâte à papier.
Jean-Pierre Mottier
Eh bien, Monsieur Minvielle, nous vous en remercions. Nous avons d’ailleurs, auprès de notre micro, Monsieur Fondanèche, qui est le directeur de l’usine de la Société Landaise de Cellulose je crois, qui se trouve à Tartas d’ailleurs. Et nous allons lui demander quelques détails sur sa fabrication. Monsieur Fondanèche, dites-nous, tout d’abord, quelle est la matière première essentielle de votre industrie ?
Albert Fondanèche
La matière première essentielle de notre industrie, comme vous vous en doutez, c’est le pin maritime, le pin des Landes,
Jean-Pierre Mottier
Oui, ça je sais mais…
Albert Fondanèche
Dont nous extrayons la cellulose pour en faire de la pâte, pour papier ou pour rayonne. Nous utilisons l’arbre lui-même depuis le bas jusqu’à la cime, à l’exclusion des branches. L’arbre est tronçonné en rondin de 2 mètres de long, environ, après avoir été dépouillé de son écorce.
Jean-Pierre Mottier
Oui ! Pouvez-vous me dire quel est le processus de fabrication à partir du pin, soit à partir de ce tronc d’arbre.
Albert Fondanèche
Le pin maritime est habituellement traité à la soude. L’usine de Tartas a apporté une innovation puisque c’est actuellement la seule usine en France, et je peux même dire presque dans le monde, puisqu’il n’y a qu’une usine analogue en Amérique, c’est la seule usine qui traite le pin maritime par le procédé au bisulfite.
Jean-Pierre Mottier
Au bisulfite, c’est donc là le secret de votre fabrication. Ce qui vous permet, je crois, d’obtenir une …
Albert Fondanèche
Ça nous permet d’obtenir des pâtes beaucoup plus blanches que par le procédé à la soude.
Pierre Melfille
Et de lutter à armes égales avec les autres, je suppose, et les pays du Nord.
Albert Fondanèche
Oh oui, très facilement.
Jean-Pierre Mottier
Peut-on obtenir à base du pin, enfin, à partir du pin, une pâte d’une qualité égale à celle du sapin ?
Albert Fondanèche
Exactement, exactement comparable aussi bien au point de vue blancheur qu’au point de vue résistance.
Pierre Melfille
Quelle est l’importance de votre production sur le plan national ?
Albert Fondanèche
Eh bien, sur le plan national, Tartas donne donc à la papeterie française une pâte blanchie très satisfaisante qui a permis l’année dernière d’éviter une sortie de devises de 500 millions.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
Très bien, Pierre, tu as vu là-bas, à la terrasse du café, mais, il y a un concert, puis alors, ce monde.
Pierre Melfille
Le patron a l’air rudement sympathique. Tu viens ?
Jean-Pierre Mottier
Oui, oui mais je crois même que c’est le boute-en-train local. Tu vas voir, il a sûrement une bonne histoire à nous raconter.
Pierre Melfille
Ah non, non, non, ne l’interroge pas, il parle déjà à deux de nos amis, tu sais. Regarde, il y a [Jeannie Silver] et Pierre Rosenberg.
Jean-Pierre Mottier
Oh, mais oui, mais il leur raconte sûrement une bien bonne. Chut, approchons-nous !
Intervenant 2
Je vais vous raconter l’histoire d’un coq. Ah, ah, d’un coq, vous savez que je ne vous parle pas d’un gros coq, je vous parle d’un tout petit coq blanc.
Intervenant 3
Oui ?
Intervenant 2
Qui appartenait à mon voisin, et, dont son jardin est mitoyen avec le mien, vous savez ?
Intervenant 3
Oui !
Intervenant 2
Alors, ce coq volait comme un pigeon.
Intervenant 3
Un coq qui vole comme un pigeon ?
Intervenant 2
Oui, alors, il passait par-dessus le monde et cocorico. Et puis, alors, vous savez, il descendait dans le jardin, il me grattait tout le parterre, et puis, je n’avais jamais aucune, je ne pouvais jamais faire venir aucune légume.
Intervenant 3
Ah bon, il ….
Intervenant 2
Alors, ce diable de coq, vous savez, je voulais bien le prendre pour l’empêcher de revenir, ce diable, dans le jardin. Et jamais je ne pouvais le prendre. Parce qu’aussitôt, hop, il s’envolait.
Intervenant 3
Il s’envolait.
Intervenant 2
Mais un jour, j’étais en train de peindre les barriques,
Intervenant 3
Vous peignez les barriques, c’est votre métier, peigneur de barriques, peintre en barriques ?
Intervenant 2
Non, non, non, je suis…, peintre en barriques, oui ! Alors, j’étais en train de peindre les barriques avec mon commis. Nous avons pu le prendre ce diable de coq avec une épuisette, vous savez, parce qu’il volait. Alors, on l’a pris…
Intervenante
Comme un papillon !
Intervenant 2
Comme un papillon, voilà. Et alors, j’ai dit, mon ami, toi, tu ne vas pas avoir l’occasion de le revenir par-dessus mon grillage. Et alors, on a pris la peinture la plus rouge que l’on avait, et alors, le coq blanc, on l’a fait en coq rouge. On l’a peint, vous allez me dire, mais alors.
Intervenant 3
Mais ça l’a empêché de voler ?
Intervenant 2
Mais, ne m’en parlez pas. Après, on lui a fait, vous savez, avec le vernis noir que l’on passe au cerceau, on lui a fait une paire de botte, vous savez, alors, il est épatant !
Intervenant 3
Mais qu’a dit votre voisin ?
Intervenant 2
On a attendu un petit moment et puis on l’a envoyé par-dessus le grillage. Alors, quand il est arrivé par le grillage, les poules ont eu peur. Les poules, ah bon, vous savez, elles ne l’ont plus reconnu les poules. Quand il a vu ce coq rouge, poupou, poupopou. Tout le monde se tapait le ventre. Et alors, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, la petite, quand elle a vu ce coq tout rouge là, Oh maman, le coq, il saigne, le coq, il saigne !
Intervenant 3
Et la réaction du papa.
Intervenant 2
Oh mon Dieu ! La maman a dit, Oh mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait à ce coq ! Monsieur le receveur, lui qui est un peu, un homme qui est un peu plus, vous savez, avisé, ah, il a dit, mon vieux, il est épatant alors. Ah, il a pris une paire de botte mais ça lui va à merveille !
Intervenant 3
Et c’est…
Intervenant 2
Et alors, attendez !
Intervenant 3
Oui, je vous en prie.
Intervenant 2
Attendez, alors, qu’est-ce que vous voulez, il ne savait pas encore qui c’est qui lui avait joué le tour. Mais à midi, vous savez, j’ai reçu un coup de téléphone, parce que les petits potins vont vite ici. Alors, il a dit, Ah, Monsieur [Bolmaison], ah, c’est vous qui êtes à l’appareil. Mais je vous félicite, vous savez, il est bien réussi là mon coq. Quel coq lui je lui dis ? Eh bien, mon coq quoi. Ce n’est pas vous qui l’avez peint mon coq ? Oh, jamais de la vie. Pensez donc, si je me suis amusé à peindre votre coq. Ah, mais je vois, j’avais le peintre à la maison, probablement, c’est lui qui rigolait tout à l’heure. Vous le connaissez, le peintre. Oui. Eh ben, c’est lui qui rigolait, c’est certainement lui qui a dû vous le peindre. Alors, tantôt, le peintre se précipite à l’Hôtel des Postes et aussitôt, Monsieur Tapis, vous savez, qui est un pince-sans-rire, lui dit : Ah, Monsieur Dugrand, parce que c’est comme ça qu’il se nommait,
Intervenant 3
Non, ça ne fait rien, ça ne fait rien, personne ne nous entend.
Intervenant 2
Monsieur Dugrand, vous avez un drôle de coup de pinceau, il dit, vous savez. Oh oui, moi, pour le pinceau, vous savez, je suis un peu fort. D’ailleurs, c’est mon métier. Et pour les couleurs, vous vous y connaissez. Oh, c’est épatant.
Intervenant 3
Il croyait déjà qu’il avait un nouveau client.
Intervenant 2
Il est parti comme ça, il ne savait pas ce qu’il voulait lui dire. Alors, j’étais en train de raconter, ici, à une table, ce que j’avais fait au coq. Et alors, le peintre, quand il m’a vu arriver, il m’a dit, Mais bougre de salaud, mais c’est toi qui l’as peint alors le coq. Et Monsieur le receveur, il croit que c’est moi, tu comprends. Et ben, ça ne se passera pas comme ça ! Alors, on s’est pris au collet puis, vous savez, dans le milieu, on est vif hein, on a failli se battre.
Intervenant 3
Failli seulement ?
Intervenant 2
Mais vous savez, ça s’est bien arrangé parce que tout s’est terminé en buvant un Pernod et le père Tapis nous a pardonné.
Intervenante
Mais le coq, qu’est-ce qu’il est devenu ?
Intervenant 2
Et le coq, la pauvre bête, je crois qu’il est mort après. On l’a mis à la soupe !
(Musique)
Pierre Melfille
Ah, ben dis donc, quel mot pour un coq.
Jean-Pierre Mottier
Ah non, mais dis donc, regarde là-bas, mais c’est le carnaval ? Mais qu’est-ce que c’est que ce Monsieur déguisé là-bas ?
Pierre Melfille
Ah, ça mon cher, c’est un torero landais. Et je ne sais pas si tu t’en rends compte mais son déguisement, comme tu le dis, eh ben, ça vaut une fortune.
Jean-Pierre Mottier
Oui, alors, tout ça pour martyriser les animaux, ce n’est vraiment pas très joli !
Pierre Melfille
Mais non, le torero landais ne tue pas, il fait du sport. Et tiens, le déguisé, comme tu dis, ben, c’est Mazzantini, une gloire de la tauromachie landaise et beau parleur avec ça. Tiens, écoute un peu, si tu peux.
Gaston Mazzantini
La course landaise proprement dite, c’est, pour ceux qui ne la connaissent pas, c’est un sport régional et local, ici surtout, dans la région. Alors, je suis, si vous voulez bien, je vais essayer de vous dire en deux mots ce qu’est la course landaise. On dit surtout pour les étrangers, la course landaise, c’est des vaches landaises. Mais non, il y a une grosse erreur. Ce sont des vaches qui viennent d’Espagne, ou de Camargue. Autrement dit, ce ne sont rien d’autre que les mères des taureaux de course espagnol, et travaillé par des landais à ce moment-là, bien entendu puisque nous sommes, nous, presque tous landais. Presque tous, c’est que nous sommes tous de la région, nous sommes tous landais.
Pierre Melfille
Bon, très bien, mais ces vaches, qu’est-ce que vous en faites ? Il y a les écarteurs, ça c’est le début du métier. Je crois que vous êtes, vous, champion des sauteurs ? Vous, alors, vous sautez par-dessus la vache, c’est ça ?
Gaston Mazzantini
Ma foi, ça fait 23 ans que je saute, ce qu’on dit, parce que je pense bien encore resauter à Tartas. Il y a 3 sortes de sauts, il y a le saut à la course avec élan, il y a le saut à pieds joints et il y a le saut périlleux. Le plus dangereux, c’est surtout de savoir prendre le saut à distance, ne pas le prendre trop loin. Parce qu’à ce moment-là, ce qui se passe, si vous prenez le saut trop loin, il y a la catastrophe parce que la vache vous voit monter aussi. Et elle n’est pas aussi couillone de ne pas vous prendre au passage.
Jean-Pierre Mottier
Merci Monsieur Mazzantini, bonne chance. Nous vous laissons à vos admiratrices. Tu viens Pierre ?
Pierre Melfille
Oh mais regarde, c’est Tartarin ? Quel attirail, des filets, des cartouches, un fusil. Silence derrière ! Ça y est, c’est encore Monsieur Mazzantini, je te disais qu’il était beau parleur. Quel débit, il recommence.
Gaston Mazzantini
[Inaudible]
(Musique)
Pierre Melfille
Ah, ça y est, il a fini de parler. Maintenant, Monsieur le chasseur, Monsieur Désiré René je crois ? Vous allez chasser la palombe ? Expliquez-nous un peu ça, comment ça se passe ?
Désiré René
Eh bien, d’abord le chasseur de palombe va être, d’abord, un acrobate …
Jean-Pierre Mottier
Un acrobate ?
Désiré René
Oui, parce qu’il faut d’abord construire une cabane dans la cime d’un chêne. La cabane faite, on dispose des pigeons à la cime du chêne. Ces pigeons sont disposés sur des raquettes qui servent à déséquilibrer les pigeons et à donner l’impression aux pigeons qu’ils se posent dans le chêne. Autour de, sur les arbres environnants, on dispose des palombes. On hisse les palombes en haut du chêne, en moyenne dans le cadre, et elles seront posées sur des papillons déséquilibrables. Alors, pour la chasse proprement dite, quand le chasseur est en haut, dans la cabane et quand le vol arrive, on commence à actionner les pigeons. On les appelle, c’est les appeaux d’attaques.
Jean-Pierre Mottier
Autrement dit, les appeaux servent à appeler les palombes qui apparaissent.
Désiré René
Les appeaux servent à appeler les palombes. Alors, à ce moment-là, on lâche les pigeons et on commence à actionner les appeaux de pose et les palombes, qui sont aveuglées,
Jean-Pierre Mottier
Vous lâchez les pigeons sur les raquettes, c’est-à-dire que les pigeons montent alors.
Désiré René
Montent et redescendent dans le chêne, ils sont attachés.
Jean-Pierre Mottier
Oui, je comprends bien.
Désiré René
Alors, on tire les palombes de pose, et les palombes se posent ou ne se posent pas, ça arrive trop souvent d’ailleurs qu’elles ne se posent pas,
Jean-Pierre Mottier
Dans le cas qui nous intéresse, elles se posent. Alors, une fois qu’elles se sont posées, que se passe-t-il ?
Désiré René
Une fois qu’elles se sont posées, eh bien, nous sommes trois ou quatre chasseurs dans une palombière, on les met en joue, on choisit le plus beau bouquet qu’on….
Jean-Pierre Mottier
Vous êtes dans la petite cabane au sommet du chêne ?
Désiré René
On est dans la petite cabane au sommet du chêne. Et alors, quand tout le monde est prêt, que tout le monde a une palombe ou plusieurs palombes dans le champ de tir, donc, un commande le tir et on fait descendre les palombes, ou bien, on les manque, ça dépend !
Jean-Pierre Mottier
Mais Monsieur Désiré, comme toute chasse, la palombe doit donner prétexte à certaines réjouissances, non ?
Désiré René
Oh oui, on se fait des petites farces comme ça entre chasseurs. Naturellement comme partout, il y a des gens avec qui on s’amuse plus qu’avec d’autres. Alors, ceux-là, on les fait marcher. Par exemple, on les envoie chercher quoique ce soit, n’importe quoi, en bas de la palombière. Et pendant ce temps, on lui siffle son litre de vin blanc. Et alors, au retour, il est bien embêté quand il ne trouve plus rien.
Jean-Pierre Mottier
Alors, si je comprends bien, quand vous ne ramenez pas de palombe, souvent, vous ramenez autre chose, vous êtes un peu gai.
Désiré René
Ah oui, on ramène souvent des cuites, oui.
(Bruit)
Jean-Pierre Mottier
Monsieur Désiré René, ce sont vos collègues qui reviennent de la chasse à la palombe non ?
(Musique)
Pierre Melfille
Et maintenant, on y va, on lui demande ?
Jean-Pierre Mottier
Ben, oui. Monsieur Minvielle est sénateur mais il est du midi. Par conséquent, il est large d’esprit. Tiens, regarde-le, en béret basque et en espadrille parmi ses administrés.
Pierre Melfille
Oui, tu as raison, on ne va pas l’interviewer sur une chose sérieuse. On va parler de sport, tiens !
Jean-Pierre Mottier
De rugby ?
Pierre Melfille
Mais certainement, mais oui, d’autant plus que monsieur Minvielle est un excellent joueur.
Jean-Pierre Mottier
Ben, écoute tiens, demande-lui si les sénateurs aiment le rugby.
Pierre Melfille
Pourquoi pas ?
Jean-Pierre Mottier
Bon, bon, moi, je veux bien. Mais alors, commence toi, des fois qu’il le prenne mal.
Pierre Melfille
Mais non, mais non ! Tiens, tu vas voir. Euh, monsieur Minvielle, s’il vous plaît, pensez-vous qu’on puisse un jour jouer au rugby au Sénat ?
Gérard Minvielle
Il serait possible, peut-être, d’organiser ou de créer au sénat une équipe de rugby. Autrefois, les sénateurs avaient une longue barbe et vous voyez que je n’en porte pas. Et notre moyenne d’âge, au Sénat est même inférieure à la moyenne d’âge de l’Assemblée Nationale. Vous savez que le Sénat est une assemblée quelque peu mineure, elle n’est que consultative. Et si je pouvais arriver à créer sur le plan rugbistique deux équipes, une au Sénat et une à l’Assemblée Nationale, je suis persuadé que le Sénat reprendrait de ses prérogatives et que nous arriverions, peut-être, à prendre une revanche. Le terme est peut-être un peu fort mais enfin, sur le plan sportif ou moral,
Pierre Melfille
Une revanche morale et sportive !
Gérard Minvielle
Une revanche morale et sportive sur l’Assemblée Nationale. Et peut-être qu’un jour, nous serons amenés à voir disputer un match important entre chambre des députés et sénateurs non barbus.
Jean-Pierre Mottier
Eh bien, monsieur Minvielle, nous vous remercions et ne désespérons pas de voir un jour nos sénateurs en culotte courte. Alors, Pierre, qu’est-ce que tu penses des Landes à présent ?
Pierre Melfille
Ah mon Dieu, je trouve que c’est un pays de bons vivants et aussi de sportifs, un pays merveilleux où l’on sait s’amuser et prendre la vie du bon côté. Moi, j’aime ça, bravo.
Jean-Pierre Mottier
Ben, tu vois, je suis de ton avis. Il faut avouer que c’est vraiment très sympathique de la part d’un sénateur de parler et de se comporter avec autant de bonhomie, tu ne trouves pas ?
Pierre Melfille
Ah si ! Eh bien, écoute, restons sur cette bonne impression. Au revoir les Landes, au revoir Tartas.
Jean-Pierre Mottier
Au revoir Monsieur Minvielle, à bientôt, nous l’espérons.
Pierre Melfille
Et pour nous quitter, écoutons à nouveau ce chant qui monte de la Midouze.
(Musique)
Jean-Pierre Mottier
En marge de leur émission, Dimanche au Village, Jean-Pierre Mottier et Pierre Melfille vous ont présenté Promenade à Tartas, petit village des landes. Émission spéciale animée et réalisée par les auteurs avec la collaboration de Jacques Godot.
(Musique)