Voyage du général de Gaulle dans les Landes

12 avril 1961
05m 25s
Réf. 00533

Notice

Résumé :

Première étape de son voyage officiel dans les départements du Sud-Ouest, le général de Gaulle s'est rendu dans le petit village de Campagne, puis à Mont-de-Marsan, où il a adressé un discours à la population landaise, évoquant notamment les devoirs de la France à l'égard des pays d'Outre-Mer et de l'Algérie, et des pays sous-développés.

Type de média :
Date de diffusion :
12 avril 1961
Personnalité(s) :

Éclairage

Le reportage radiophonique, présenté en direct depuis Mont-de-Marsan, montre l'enthousiasme des populations landaises pour la visite du général de Gaulle, alors au zénith de sa popularité. L'homme du 18 juin parcourt volontiers la France afin d'affermir sa popularité et surtout afin d'imposer la fonction présidentielle qu'il incarne depuis son retour au pouvoir en 1958 et la mise en œuvre de la nouvelle constitution.

Dans son discours, le président de la République centre son propos sur la question de l'Algérie, qui est au cœur de l'actualité. Il l'inscrit dans la politique plus globale pour l'outre-mer, réaffirmant qu'elle doit aller vers la paix et la coopération. Cette politique passe par l'épanouissement des peuples, autrement dit l'indépendance, mais accompagnée par le développement d'une politique d'aide au développement active, comme la France le fait pour le reste de l'Afrique depuis 1960. Par ces propos, de Gaulle annonce déjà la politique africaine des années 1960 et affirme que Paris, tout en acceptant de céder sa souveraineté en Afrique, entend rester un acteur majeur des relations internationales dans cette partie du monde.

Le général de Gaulle joue bien ici sa double partition, entre préoccupations nationales et volonté d'imposer la place de la France dans le monde face aux deux Grands, malgré les difficultés inhérentes à la décolonisation. Quant à l'indépendance de l'Algérie, elle semble inéluctable à l'écoute de cette bande. Le ton ferme du général lors du discours de Mont-de-Marsan révèle que son opinion ne changera plus.

Laurent Jalabert

Transcription

Journaliste
La seconde page de notre journal nous ramène bien sûr à l’actualité politique. Vous savez déjà, je pense que le Général de Gaulle est arrivé cet après-midi à Mont-de-Marsan, première étape de son voyage dans les départements du sud-ouest. C’est là que nous allons, nous, retrouver nos envoyés spéciaux et correspondants. A vous Mont-de-Marsan.
André Pascal
Bien ici, à Mont-de-Marsan, au micro, André Pascal. Ce premier après-midi du Président de la République dans le Sud-ouest et plus précisément dans le département des Landes a été, à tous les points de vue, une réussite. Réussite à cause d’un temps magnifique, réussite à cause de ce périple à travers la délicieuse Chalosse. Réussite enfin auprès du public, massé le long des routes et sur les plages des villages. C’est un spectacle qui nous est maintenant familier des villes pavoisées, des banderoles de bienvenue, des croix de Lorraine ; des guirlandes de papier, des drapeaux, même des drapeaux sur des fermes isolées au bord des routes et des enfants porteurs de bouquet de fleurs des champs. Comme cette petite fille à Campagne, première halte du Général.
Petite fille
Monsieur le Président, voici du muguet, porte-bonheur.
André Pascal
Et partout, quelques mots d’accueil du Maire.
Intervenant 1
La commune de Campagne, première à vous recevoir dans les Landes, vous souhaite la bienvenue. Nous sommes très sensibles à votre visite. J’espère que vos efforts contribueront à ramener la paix en Algérie très prochainement. C’est le vœu que nous souhaitons ainsi que dans le sud-ouest.
André Pascal
Et la réponse du Président, quelques mots simples et qui vont au cœur, et les mains qu’il va serrer au milieu de la foule comme il l’a fait tout à l’heure ; Jacques Carion, ici à Mont-de-Marsan, où nous nous trouvons.
Jacques Carion
Ben, le Président de la République est arrivé à 18 heures 30 et il a immédiatement prononcé le premier discours important de la journée. Le chef de l’Etat a bien entendu repris les principaux thèmes de sa conférence de presse d’hier. Il a parlé des devoirs de la France dans le monde, des devoirs de la France à l’égard de l’alliance atlantique, à l’égard de la France elle-même. Et il a cette fois évoqué les problèmes nucléaires. Et le Président de la République a parlé des devoirs de la France outre-mer, notamment en ce qui concerne l’Algérie.
Charles (de) Gaulle
Outre-mer, parce que nous sommes une puissance mondiale ; outre-mer, nous avons a achever cette entreprise de décolonisation que nous avons, de grand cœur et largement, entamée. Et je crois même que nous avons donné l’exemple, non pas bien sûr pour nous affaiblir ; mais au contraire, pour nous renforcer en acquérant non pas des dominations sur des allogènes ; mais en acquérant leur coopération. Il nous reste, c’est vrai, à terminer la longue et dure affaire de l’Algérie. Eh ben, là aussi, je le dis depuis longtemps et ce soir avec plus de conviction et de force que jamais, là aussi nous offrons la paix et la coopération.
(Bruit)
Jacques Carion
Le Général De Gaulle a rappelé ensuite les intentions de la France à l’égard des pays sous-développés.
Charles (de) Gaulle
Le monde est en train de renaître en quelque sorte. Il prend peu à peu une figure nouvelle à cause de tous ces pays naguère relégués et misérables ; et qui les uns après les autres lèvent la tête et ont la prétention et l’ambition d’apparaître à leur tour, de manger à leur faim ; et d’avoir leur place au soleil. La France ne repousse pas ces peuples-là. Bien sûr, comme nous sommes une nation raisonnable, nous voulons que les choses se fassent comme il faut ; c’est-à-dire dans la paix, c’est-à-dire en ordre. Mais nous sommes tous disposés à aider ceux qui, en toute justice, veulent trouver leur place dans le monde, la place de leur dignité.
Jacques Carion
Enfin, le Président de la République a parlé des problèmes que connaissaient les autres Etats. Nous ne sommes pas les seuls, a-t-il dit, à connaître des problèmes ; mais nous ne sommes pas les plus à plaindre. Il faut se renouveler, et pour ce faire, la jeunesse est là sur le destin de la France, sur sa population. Mont-de-Marsan, les Landais ont redonné confiance au chef de l’Etat.
Charles (de) Gaulle
Et encore une fois aussi, vous m’avez renforcé dans ma conviction, dans mon assurance. De tout mon cœur ce soir, plus fermement que jamais, je dis, vive la République, vive la France.
(Bruit)
André Pascal
Ici, André Pascal et Jacques Carion qui vous ont parlé de Mont-de-Marsan, radiodiffusion télévision française.