Dispositif de maîtrise de l'eau dans le bassin de l'Adour

02 octobre 1987
01m 44s
Réf. 00549

Notice

Résumé :

Dans le cadre du dispositif de maîtrise de l'eau dans le bassin de l'Adour, la région Aquitaine et le département des Landes ont financé l'aménagement des retenues de Gioulé à Cazères-sur-l'Adour et de Duhort-Bachen, représentant respectivement 3 et 5 millions de m3 d'eau, destinées à réalimenter l'Adour, grandement pompé pendant l'été pour l'irrigation des 70 000 ha de maïs.

Date de diffusion :
02 octobre 1987
Source :

Éclairage

Les Landes sont un pays où les eaux abondent : leur partie sablonneuse, aujourd'hui en grande partie boisée, a longtemps été considérée comme inhospitalière à cause des marécages et autres eaux stagnantes qui la recouvraient en de nombreux endroits. Or, de nos jours, cette eau constitue une richesse précieuse pour l'agriculture, faisant des Landes le premier département irrigant de France, avec 45% des superficies agricoles irriguées, en régression toutefois par rapport au début du XXIe siècle où cette proportion atteignait 52%. Dans la partie sablonneuse du département (les 2/3 nord-ouest en gros), les agriculteurs irrigants se fournissent directement dans la nappe phréatique superficielle, grâce à des forages, la nappe profonde étant réservée à l'alimentation humaine. Cette nappe se reconstitue grâce à la pluviométrie hivernale et l'on n'a pas constaté de variation significative de son niveau. Dans cette région, les trois quarts des surfaces cultivées sont irriguées, souvent sur d'immenses parcelles défrichées sur la pinède, grâce à des matériels performants et coûteux, comme les pivots qui permettent d'arroser sur une largeur pouvant atteindre plus d'un kilomètre. C'est le maïs qui est le principal bénéficiaire de ces arrosages (environ 75% des surfaces irriguées), mais les cultures légumières en plein champ voient leur part augmenter régulièrement (haricots, asperges, carottes). Il s'agit d'une forte valeur ajoutée pour ces terrains, par rapport aux plantations traditionnelles de pins. Notons également que cette activité a entraîné le développement parallèle de tout un artisanat au service des irrigants, se chargeant de la fabrication et de la maintenance des matériels, ce qui a contribué à maintenir un certain niveau de population dans ces zones traditionnellement peu peuplées.

Dans le sud du département (bassin de l'Adour et de ses affluents), l'irrigation se fait à partir de deux sources : les retenues artificielles (lacs collinaires) souvent privés, et les rivières, celles-ci devant être alimentées également par des retenues qui permettent de maintenir un certain débit pendant la période de basses eaux estivales qui correspond au moment où les besoins en eau pour l'agriculture sont les plus forts. Barrages et rivières fournissent un quart des besoins en eau des irrigants landais, la nappe phréatique fournissant les trois quarts restants. L'édification de ces réserves d'eau, notamment des retenues destinées à alimenter l'Adour et ses affluents, a un coût très élevé qui est pris en charge par la collectivité alors qu'elles bénéficient essentiellement à un petit nombre d'agriculteurs. C'est un problème que certains n'ont pas manqué de soulever, les organisations agricoles se défendant en arguant qu'une faible partie de l'eau ainsi reversée dans les rivières est destinée à l'irrigation, le reste bénéficiant à la rivière elle-même en maintenant un débit suffisant en été.

Francis Brumont

Transcription

Présentateur
Autre paramètre pour obtenir de tels rendements, la maîtrise de l’eau, et en particulier, l’irrigation. Voici l’exemple des Landes, du bassin de l’Adour, gros producteur de maïs.
Jean-François Meekel
Le lac de Gioulé à Cazères-sur-l’Adour, retenue de 75 ha, terminée en juillet dernier, contenance à terme, 3 millions de m3. Une réserve d’eau qui vient s’ajouter à celle de Duhort-Bachen, opérationnelle depuis le printemps, volume ici, 5 millions de m3. Ce sont deux pièces maîtresses du dispositif de maîtrise de l’eau dans le département des Landes et dans le bassin moyen de l’Adour en particulier. Rappelons d’abord qu’annuellement, 70 000 ha de maïs, soit un ha sur deux environ sont irrigués dans les Landes ; consommant 100 millions de m3 d’eau. De l’eau extraite à parts égales de la nappe phréatique et des ruisseaux et rivières, et en particulier de l’Adour, dramatiquement pompé en juillet et août du Gers aux Pyrénées. C’est ainsi que ces deux retenues - d’autres sont d’ailleurs en projet - sont partiellement destinés à réalimenter l’Adour. L’eau stockée en hiver et au printemps servira donc l’été à maintenir l'étiage de la rivière. Duhort-Bachen fournit annuellement 4,5 millions de m3 d’eau à l’Adour. La retenue du Gioulé fournira seulement 1/2 million de m3 à la rivière, deux millions et demi servant directement à l’irrigation de plus de 1 000 ha de maïs. Ces deux lacs ont coûté près de 70 millions de francs, pris en charge par le département et la région ; un investissement lourd, mais indispensable pour une rationalisation de la politique hydraulique dans les Landes.