Equipement scolaire à Mont de Marsan, Landes

12 mai 1966
02m 10s
Réf. 00613

Notice

Résumé :

Interview de Monsieur Ballu, élu du chef lieu des Landes,  sur les prochaines constructions scolaires à Mont de Marsan. La ville a le projet de construire de nouveaux établissements scolaires ou d'en agrandir d'autres.

Date de diffusion :
12 mai 1966
Personnalité(s) :

Éclairage


Le sourire qui flotte sur les lèvres de Monsieur Ballu, élu du chef-lieu des Landes, tout au long de son interview, en dit long sur l’époque. Le sujet est attrayant, certes, puisqu’il s’agit de la jeunesse mais, dans le contexte de cette année 1966, il s’agit d’une jeunesse pleine d’avenir.

La France de de Gaulle, gouvernée par Georges Pompidou, est un pays prospère qui bénéficie encore peu ou prou des retombées des années de croissance liées à la Reconstruction. Le chômage est encore une notion marginale dans une économie prospère qui repose toujours sur la trilogie « charbon, acier, textile ». Dans ce pays où secteurs primaire, secondaire et tertiaire se partagent pour quelque temps encore des parts bien moins déséquilibrées qu’aujourd’hui, André Malraux inaugure, à Amiens, en mars de cette même année, la première maison de la culture.

Il faudra, en effet, des lieux où pourront s’épanouir les classes d’âge appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler le baby-boom1 qui emplissent des établissements scolaires datant souvent de la IIIe République, devenus bien trop exigus, pour accueillir des effectifs toujours plus nombreux, scolarisés massivement dans la perspective d’études de plus en plus longues.

Car le grand tournant de ces années 1960, c’est bien l’arrivée massive, au-delà du primaire et de son emblématique « certificat d’études »2, d’enfants destinés à prolonger leur formation en collège, en lycée puis à l’université. Dans un contexte où la pyramide des âges du pays offre une base très élargie, on comprend que partout le souci des responsables en haut lieu et des élus locaux soit d’offrir des moyens, des outils éducatifs satisfaisants.

Le secteur primaire, avec la mécanisation, est moins demandeur ; en revanche, le développement des nouvelles technologies et de toutes les autres structures administratives d’un territoire qui va connaître la plus grande poussée démographique de son histoire3, expliquent la nécessité d’agir. Et, à Mont-de-Marsan où le vénérable lycée Duruy qui a accueilli Claude Lévi-Strauss, jeune professeur dans les années 19304, où Alain Juppé a fait ses études5, est devenu trop étroit, on construit.

Comme ailleurs, on édifie – parfois à la hâte, avec des conséquences dramatiques6 – des établissements « modernes ». Ici, l’aspect de la ville change de façon spectaculaire : à l’est de l’agglomération, le lycée Despiau ferme un périmètre nouvellement bâti constitué de villas identiques et rationnelles qui abritent des néo-accédants au sortir de la terrible crise du logement de l’après-guerre. Les « castors landais »7 caractérisent désormais l’architecture d’une ville dirigée par Charles Lamarque-Cando8 dont la politique résolument sociale portera aussi, bien sûr, tous les projets liés au développement de l’éducation.

On comprend, dès lors, la teneur des propos de Monsieur Ballu qui ne considère l’avenir de l’agglomération montoise qu’en termes de croissance et qui sait qu’aucun obstacle majeur ne s’opposera à la réalisation de ces projets.

C’était une autre époque…

1) Le baby boom ou « pic de la natalité » est une augmentation importante du taux de natalité dans certains pays, juste après la fin de la seconde guerre mondiale. Cette période s'étend de 1945 jusqu'à 1975 pour la plupart des pays nord-européens.

2) Le certificat d'études primaires (CEP) était un diplôme sanctionnant la fin de l'enseignement primaire élémentaire attestant ainsi l'acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul, histoire-géographie, sciences appliquées). Appelé familièrement le certif’, il trouve son origine dans une circulaire de Victor Duruy datée du 20 août 1866. Il est officiellement institué en 1882 par la Loi Jules Ferry qui rend l’instruction primaire obligatoire, stipulant dans son article 6 : « Il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. »

Supprimé en 1989, il a couronné pendant plus d’un siècle, un cursus de sept ans durant lesquels l’élève acquérait tous les « fondamentaux ».

3) La France métropolitaine compte 58 millions d’habitants en 1996 ; elle en comptait 40 millions en 1946. La population a donc augmenté de près de moitié en cinquante ans alors qu’elle oscillait autour des 40 millions depuis la fin du XIXe siècle.

4) Claude Lévi-Strauss, anthropologue, est le dernier des maîtres du structuralisme français. Né en 1908 à Bruxelles de parents français, il fait des études de droit et de philosophie. Reçu à l’agrégation de philosophie en 1931, il enseigne deux ans aux lycées de Mont-de-Marsan et de Laon. Puis, il s’expatrie au Brésil où il est nommé professeur de sociologie à l'Université de São Paulo.

5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Jupp%C3%A9

6) Le collège Édouard-Pailleron, dans le XIXe arrondissement de Paris, est ainsi le théâtre d’un drame terrible, le 6 février 1973 : le bâtiment, construit à la fin des années 1960, dans l'urgence, alors que l'État doit accueillir les enfants du Baby boom, brûle en quelques minutes. Face à l'augmentation du nombre d'élèves dû au passage de la fin de la scolarité obligatoire de 14 à 16 ans, on l’avait, en effet, édifié à la hâte, au mépris de toutes les règles de sécurité, sans permis de construire, comme des dizaines d’autres établissements du même type réalisés à la fin des années 1960, en France.

7) Site Empreintes landaises : fresque « Les castors landais ».

8) http://histoiresocialedeslandes.fr/bio_lamarquecando_win.asp

 

Bénédicte Boyrie-Fénié

 


 

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Monsieur Manu, est-ce qu’il y a beaucoup de jeunes à Mont-de-Marsan qui réclament de telles installations scolaires ?
Manu
Oui, la population scolaire de Mont-de-Marsan se chiffre à environ plus de 16 000 élèves dans l’enseignement secondaire et l’enseignement primaire.
Journaliste
Donc, ceci vous pose des problèmes ?
Manu
Ceci nous pose de gros problèmes, aussi bien sur le plan d’établissement scolaire du second degré que du premier degré.
Journaliste
Et ces problèmes, vous arrivez à leur donner des solutions ?
Manu
Oui, nous y sommes à peu près arrivés, puisque pour le lycée de garçons maintenant, où il y a plus de 1 100 élèves, nous arrivons à les loger, il y a encore de la place. Et au lycée de jeunes filles en particulier, nous avons envisagé la construction d’un internat supplémentaire qui va être construit à la fin de cette année.
Journaliste
Et parmi vos projets, qu’avez-vous ?
Manu
Parmi nos projets, il y a la construction dans le primaire d’un groupe scolaire au Pasques, où il va y avoir 700 logements sur la route de Bordeaux. Nous envisageons également la construction d’un gymnase au collège d’enseignement technique du Péglé ; qui est un collège d’enseignement technique féminin, que nous allons agrandir sur la route de Sabres. Nous avons acheté déjà le terrain. Il y a également un projet de construction, pas dans l’immédiat, mais plus tard, d’un collège d’enseignement technique pour les garçons. Parce que le collège actuel est situé près des arènes et est vraiment trop petit. Déjà, il se révèle être trop petit au point de vue capacité.
Journaliste
Donc, sur un plan scolaire, vous envisagez l’avenir avec optimisme.
Manu
Oui, nous l’envisageons avec optimisme, incontestablement.
(Silence)