Parleboscq, Landes : cinq églises à vendre

03 décembre 1980
01m 39s
Réf. 00755

Notice

Résumé :

Reportage en commentaire voix off sur l'entretien de la richesse architecturale de Parleboscq dans les Landes. Cette commune, populairement appelée "la commune aux 7 églises", a la particularité de conserver sept églises et trois châteaux. (Eglise Saint-Cricq - Église Saint-Martin d'Espéroux - Église Saint-André de Bouau - Église Notre-Dame de Mauras - Église de Sarran - Église Saint-Michel de Laballe - Église Saint-Jean-Baptiste du Mura)

Date de diffusion :
03 décembre 1980
Source :

Éclairage

Les habitants de cette commune du Gabardan, sorte d'appendice s'avançant dans le Gers, ont beau s'appeler, un peu pompeusement, les Persylvains, l'origine du toponyme n'est pas assurée. Alors il faut se contenter, faute d'éléments complémentaires, de dire qu'il s'agit d'un "bois" (gascon bòsc) associé à un déterminant qui pourrait être un anthroponyme du type Parilis, rappelant le gentilice de Parly dans l'Yonne (Parliacum au XIe siècle), par exemple. Fréquent au haut Moyen Âge, ce type de formation explique des centaines de fondations associant le nom de propriétaire à un élément du paysage, sites de hauteur notamment (Bajamont, Frespech en Lot-et-Garonne, par exemple) dans un ordre déterminant-déterminé dû à l'apport germanique (1).

L'originalité de ce bourg situé aux confins de l'Armagnac réside surtout dans la richesse de son équipement monumental : 7 églises et 2 châteaux pour une communauté de 600 habitants ; ce n'est pas banal ! La réunion de plusieurs paroisses explique cet héritage exceptionnel constitué par l'église Saint-Cricq (XIIIe-XVIe siècles), dotée d'un beau clocher-tour flanqué d'une haute construction octogonale rajoutée au XVIe siècle ; l'église de Sarran, classée à l'inventaire des Monuments historiques (XIIe-XIVe siècles) flanquée d'une tour hexagonale au toit pointu ; Saint-Martin d'Esperous commencée au XIIIe siècle, caractérisée par une architecture alliant colombages et briquettes ; Notre-Dame de Mauras (XIVe-XVIe siècles) en ruines aujourd'hui ; Saint-André de Bouau, imposant édifice pourvu d'un portail gothique flamboyant et d'une voûte nervurée ; Saint-Michel de Laballe (XIVe siècle), située au nord-est du château du même nom et Saint-Jean de Mura, qui n'est plus qu'une ruine.

Un édifice civil, le château de Lacaze, vient compléter, avec celui de Laballe, cet extraordinaire legs qu'associations privées et institutions publiques tentent de sauvegarder. Il faut dire que tout devrait concourir désormais à y parvenir puisque cette année 1980 est "l'année du patrimoine", une notion nouvelle qui va rencontrer un vif succès auprès d'un large public et qui fait écho à l'expression de sensibilités nouvelles orientant la protection vers de nouveaux champs jusque là délaissés, parmi lesquels le patrimoine rural (2).

Enfin, si le Moyen Âge marque la structuration de ce noyau de paroisses, l'occupation du sol dans ces confins est bien antérieure à cette époque, comme l'ont révélé des sondages archéologiques où l'on a identifié de modestes sites des premiers siècles de notre ère, disséminés sur toute la commune, représentant l'ébauche d'un premier habitat organisé autour de petites exploitations tirant parti ici des lourdes boulbènes contrastant avec les sables fauves du bas Armagnac. Un autre patrimoine qui s'inscrit en filigrane de la formation des paroisses au début du second millénaire.

(1) Boyrie-Fénié (Bénédicte), Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour, éditions In'Oc/Cairn, Pau, 2005.

(2) http://www.reunion.pref.gouv.fr/drac/30ansdepolitiquepatrimoniale_fichiers/documents/50ansEnFaveurDuPatrimoine.pdf

(3) Boyrie-Fénié (B.) et Sillières (P.), Les campagnes d'Eluza (Eauze, Gers) : Apports complémentaires de la prospection de terrain et de l'enquête toponymique, dans F. Réchin (éd.), Nouveaux regards sur les villae d'Aquitaine, bâtiments de vie et d'exploitation, domaines et postérités médiévales, Archéologie des Pyrénées Occidentales et des Landes, Hors-série n° 2, Pau, 2066, p. 227-237.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Maintenant, allons dans les Landes à la limite du Gers pour découvrir la commune aux sept clochers, aux sept églises. Il s’agit de Parleboscq.
Journaliste
On l’appelle la commune aux sept églises, on pourrait aussi bien la nommer la commune aux trois châteaux ; car Parleboscq, à la limite des Landes et du Gers, c’est certainement le village de France le mieux pourvu en richesse architecturale. Pensez vite, 600 habitants pour trois châteaux, dont un du XIIème siècle. 600 habitants pour sept églises. Donc, il faut reconnaître toutefois que si deux sont désaffectées, les cinq autres restantes ont encore bon clocher et bonne voûte, bien que romane ou gothique. Bien sûr, pour une commune de cette importance, l’entretien de ces cinq bâtiments culturels est lourd, d’autant que l’un d’entre eux doit subir des réparations. Mais comme il figure à l’inventaire des monuments historiques sur les 600 000 francs de travaux, 500 000 seront donnés par les affaires culturelles. Alors, pensez-vous que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes croyants ? Eh bien, non, car aussi bien Saint-Cyr au hameau de Saint-Cricq, malgré son puissant clocher octogonal, son allure massive et ses contreforts gothiques ; aussi bien mural loti dans la verdure, que celles de Bouan, de Saran ou de l’Espérou, aucune n’a de desservant. En un mot, il n’y a plus de curé. Les deux derniers sont partis évangéliser beaucoup plus païen que les habitants du Bas-Armagnac.. Et en attendant, les églises aussi, elles aussi s’ennuient le dimanche, en attendant le pasteur dont la venue ramènera le troupeau des fidèles sous les voûtes séculaires.