Communes des landes s'équipent de téléphones satellitaires

02 février 2012
02m 04s
Réf. 00761

Notice

Résumé :

A Ondres, on s'équipe de téléphones satellitaires (téléphone qui n'a pas besoin d'électricité) : conséquences de la tempête Klaus. France Télécom Orange a décroché le marché pour 200 communes landaises qui seront équipées de ces téléphones l'an prochain. Équipement financé en partie par l'association des maires des Landes et par le chanteur Francis CABREL qui a donné 91 000 euros (après un concert de bienfaisance en 2009).

Date de diffusion :
02 février 2012

Éclairage

On le sait, le climat change. Que l'on impute ces mutations aux seules variations naturelles à long terme ou aux activités humaines qui changeraient la donne, les faits sont là. Le début du troisième millénaire est marqué par des phénomènes météorologiques remarquables : sécheresses, inondations et ouragans. Car il faut bien adopter ce terme pour qualifier les deux épisodes majeurs qui ont touché la France, à grande échelle, en décembre 1999 et en janvier 2009.

Alors on tire des leçons des batailles perdues. Les spécialistes, s'appuyant sur différentes données – y compris des témoignages historiques – affirment que ces phénomènes sont cycliques. Se référant notamment aux dates des vendanges depuis des siècles (1) mais aussi à la dendrochronologie, par exemple, ils en arrivent à la conclusion que le XIXe et le début du XXe siècle constituent une exception climatique, une période d'accalmie exceptionnelle laissant penser aux hommes, qui n'avaient pas assez de recul, que là était la norme (2).

Or, la plantation systématique du pin maritime date de la seconde moitié du XIXe siècle. Dans un contexte où cette essence indigène devait d'une part contribuer à assainir le pays en absorbant les eaux stagnantes du plateau landais et d'autre part apporter les richesses liées à la fourniture de bois et de résine, on en a oublié sa fragilité. Doté d'un système racinaire très superficiel, cet arbre, cultivé et entretenu dans des sous-bois régulièrement éclaircis, se sont vite révélés de piètre résistance aux vents ; du moins aux vents violents dépassant 150 km / h comme ceux qui ont soufflé lors de l'ouragan qui a sinistré le département au matin du 24 janvier 2009. De fait, c'est une date qui restera à jamais gravée dans le souvenir de générations de Landais qui ont perdu, en quelques heures, un tiers de leur pinhadar, soit près de 300 000 ha.

Même si les pertes humaines ont été limitées, l'impact de cette catastrophe fut immense et l'on a pu mesurer, à cette occasion, la fragilité des moyens de communication. À une époque où téléphones portables, ordinateurs et médias divers et variés relaient l'information dans l'instant T, la violence de ce phénomène climatique de courte durée a anéanti des décennies de progrès : le triangle des Landes (3) fut entièrement coupé du monde, relais téléphoniques traditionnels et pylones des opérateurs de téléphonie mobile ayant été réduits à néant. Seuls liens avec le monde extérieur : les vieux téléphones filaires et...la radio.

Résolus à faire face à de nouvelles calamités, les acteurs responsables de la sécurité sur le territoire se sont donc organisés en se dotant de moyens de communication qui, à l'instar de la radio, ne dépendent pas d'infrastructures terrestres. C'est donc fait avec l'acquisition de téléphones satellitaires qui serviront, en cas de besoin, de relai et d'interface avec les organismes en mesure de coordonner les secours sur le terrain.

(1) Pour une bibliographie complète sur le sujet, voir les travaux d'Emmanuel Leroy-Ladurie et de ses disciples :

http://www.bnf.fr/documents/biblio_leroy_ladurie_climat.pdf

(2) Garnier (Emmanuel), Cinq siècles de tempêtes dans les forêts françaises in : Tempêtes sur la forêt landaise. Histoire et mémoires, L'Atelier des Brisants, 2011, p. 53-64.

(3) Cette expression se réfère à un ouvrage de l'écrivain Bernard Manciet qui fait allusion à la forme définie par le massif forestier gascon entre la pointe du Médoc au nord, la Garonne dans le secteur de Damazan à l'est et les portes de Bayonne au sud.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Il y a quelques jours, nous parlions du triste anniversaire de la tempête Klaus de 2009. La tempête avait mis à terre aussi les réseaux de communication. Les enseignements ont été tirés en ce domaine. Un réseau de connexion de crise par satellite est déployé depuis aujourd’hui dans les mairies du département. A Ondres, Patrick Pannier, Laurent Montiel.
Paquita Everit
Allo !
Helene
Allo !
Paquita Everit
Oui Hélène, c’est Paquita à l’appareil. Ça marche.
Journaliste
Responsable du plan de sauvegarde de la ville d’Ondres, décidé après la tempête Klaus, Paquita Everit teste le premier téléphone satellitaire mis en service dans les Landes.
Paquita Everit
Nous avons acquis trois téléphones satellitaires, qui sont des téléphones qui n’ont pas besoin d’électricité, et avec qui on peut joindre n’importe quoi ; la sous-préfecture, tous les secours et en même temps, les administrés peuvent aussi appeler sur ces numéros-là ; puisqu’il va être diffusé sur internet et partout, pour que l’on puisse justement, en cas de secours, intervenir au plus vite.
Journaliste
C’est France Télécom Orange qui a décroché le marché pour quelques 200 communes landaises, qui en sont équipées d’ici l’an prochain. Équipement financé en grande partie par l’association des maires des Landes et un généreux donateur ; 91 000 euros de la part du chanteur amoureux des Landes Francis Cabrel, après un concert de bienfaisance à Dax en 2009. Dans les Landes, certaines communes avaient été privées de tout contact téléphonique pendant plus d’une semaine après la tempête.
Gérard Kreps
On va rétablir très rapidement les émetteurs mobiles, parce que le téléphone effectivement passe par des centraux téléphoniques et des lignes, mais aussi par des émetteurs mobiles. Donc, on pourra, en se coordonnant bien avec la mairie, en particulier, ils nous permettront de dégager des accès à nos émetteurs mobiles. Donc, une bonne coordination à travers ces systèmes de communication nous permettra de travailler plus rapidement et de travailler mieux.
Journaliste
Téléphone et internet garantis grâce au satellite, un équipement disponible dans un lieu sécurisé et autosuffisant en énergie ; de quoi se sentir un peu moins seul au monde après un sinistre comme Klaus.