Crue du fleuve Adour et affluents : mesures de prévention contre inondations

16 mars 2001
05m 51s
Réf. 00762

Notice

Résumé :

Les inondations répétées de ces derniers mois entraînent la crue du fleuve Adour et de ses affluents. Pour prévenir de ces inondations, des installations sont mises en place, comme une porte métallique de 2 mètres de haut. La municipalité prévoit d'adopter un plan de prévention des risques d'inondations. Sur la commune de Bégaar, La Midouze, affluent de l'Adour, est en crue. La digue a cédé sous la pression des pluies, entraînant l'inondation des terres de la commune. Quant à la réserve naturelle du marais d'Orx, lieu d'hivernage de nombreux oiseaux, elle s'est transformée en lac depuis des mois. La digue qui protège la réserve s'est en effet effondrée sous le poids des eaux.

Type de média :
Date de diffusion :
16 mars 2001

Éclairage

Puish quan sia lo darrèr viatge,

No'm tirarèi pas lo bonet,

Portaz-me donc auprès deu gave

Qui n'estó pas jamei vailet.

T'on vas,

Tu qui non pòden maserar,

T'on vas, t'on vas ?

"Puis quand viendra l'heure du dernier voyage,

Je ne retirerai pas le béret,

Portez-moi donc auprès du gave

Qui n'a jamais été valet.

Où vas-tu,

Toi que l'on ne peut dompter,

Où vas-tu, où vas-tu ?"

Ainsi commence une chanson du groupe gascon Nadau qui rend hommage à la beauté du gave dont on souligne ici le caractère capricieux (1).

De fait, l'Aquitaine, "pays des eaux", est soumise, dans sa partie méridionale, au système de l'Adour alimentée en grande partie par des cours d'eau pyrénéens, les gaves. De l'abondance des précipitations et de la fonte des neiges dépend donc le régime de ce fleuve dit "pluvio-nival". On comprend dès lors, en considérant l'historique des crues majeures, que ces dernières surviennent essentiellement au printemps (2).

L'échelle des grandes eaux du vieux pont de Dax raconte d'ailleurs cette histoire, permettant de situer dans un contexte précis et de relativiser l'épisode de la crue du printemps 2001. Construit pour remplacer l'ancien pont médiéval emporté par la crue du 6 avril 1770 (6,80 m), il conserve la trace des caprices du fleuve sur une plaque graduée qui rappelle, entre autres, au degré zéro, le niveau des basses eaux de 1832 et, à 6,52 m, la crue du 5 février 1952 qui tient lieu de référence pour le XXe siècle.

Alors que penser de l'inquiétude des riverains du bassin aval en 2001 ? Pourquoi de telles interrogations alors que le niveau se stabilise à 4,73 m, loin des records historiques précités, loin de ce que connaîtront les Dacquois le 30 janvier 2014 avec une montée des eaux à 5,94 m ?

La réponse réside d'une part dans le fait qu'il est toujours difficile d'évaluer la conjonction de phénomènes météorologiques, les grandes crues ayant lieu le plus souvent lors de la combinaison de deux phénomènes, précipitations exceptionnelles et fonte des neiges accentuées parfois par le freinage de l'écoulement (marées et vents contraires) et l'apport plus ou moins important des affluents ; elle est donnée d'autre part dans les changements environnementaux imputables aux riverains eux-mêmes qui ont aménagé à outrance les milieux urbains et conquis des terres agricoles dans les zones d'expansion naturelles que sont les barthes, entraînant les conséquences majeures que l'on sait.

Une conjoncture très défavorable qui ne peut qu'expliquer le désarroi de citadins piégés dans des zones imperméabilisées par l'extension des surfaces asphaltées et le dépit d'agriculteurs qui ont voulu défier les lois naturelles, en dépit de ceux que les anciens prônaient.

Alors, pour remédier à ces épisodes catastrophiques récurrents qui mettent à mal l'économie locale, élus et riverains ne tarderont pas à définir un « espace de mobilité de l'Adour », attribuant de nouveau aux barthes leur fonction d'exutoire naturel en procédant à des échanges de parcelles agricoles (3). Mais, en ville, la solution miracle n'est pas encore trouvée ; pour preuve les inondations de fin janvier 2014 (5,94 m) qui ont frisé le record absolu connu à ce jour ; à la différence que le vieux pont, construit par l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Crouzet, a résisté...(4)

(1) Nadau en companhia, au Zénith de Pau ; enregistrement 1996.

(2) http://www.institution-adour.fr/

(3) https://www.youtube.com/watch?v=uV-yFdzOrUs

(4) http://www.sudouest.fr/2014/01/31/landes-les-crues-de-l-adour-vues-du-ciel-1447784-3350.php

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Jean-François Meekel
Bonsoir ! Que d’eau, que d’eau, le ciel nous tombe sur la tête depuis déjà des mois ; et beaucoup ont les pieds dans l’eau comme ici à Bégaar, au confluent de l’Adour et de la Midouze. Les Landes justement n’ont pas été épargnées, crues à répétition, des digues qui craquent, la nappe phréatique qui affleure. Histoire d’eau ce soir dans Aquitaine Première.
Alain Nouviaire
Il n’y a qu’à changer de station, essayer de reprendre sur Mont-de-Marsan par exemple.
Jean-François Meekel
Le service de surveillance des crues de la DDE à Mont-de-Marsan ; des ordinateurs reliés à des stations de contrôle dispersés au long des cours d’eau permettent aujourd’hui de connaître en temps réel le niveau de la montée des eaux. Les crues de l’Adour et de ses affluents, un problème récurrent que l’on comptait déjà décerné il y a plus de 120 ans. Les registres de l’époque en font foi. Un système hydraulique parfaitement réglé quand tout va bien.
Alain Nouviaire
Les dépressions donc arrivent sur les Landes, en arrosant d’abord le littoral, puis le versant français des Pyrénées. Donc, les cours d’eau réagissent normalement de façon simple. Ce sont d’abord les gaves qui passent les premiers, d’abord le gave d’Oloron. Puis, le gave de Pau, ensuite les affluents de rive gauche de l’Adour, puis l’Adour, et enfin la Midouze qui passe en dernier.
Jean-François Meekel
Une politesse qui n’a plus cours quand il pleut beaucoup et longtemps comme cette année.
Alain Nouviaire
Lorsque les dépressions se succèdent de façon serrée, les ondes de crues se cumulent aux différents confluents. Et c’est à ce moment-là que l’événement important et la grande crue arrive, puisque les débits se cumulent et donc créent des impacts néfastes dans les zones inondables.
Jean-François Meekel
Le 4 mars à Dax, la Midouze a atteint la côte 4,73 mètres, une crue dont le temps de retour est de deux à trois ans. Il a fallu protéger les parties basses de la ville avec cette porte mobile et étanche de près de deux mètres de haut. Une solution partielle et ponctuelle. Mais pour se mettre définitivement à l’abri de ces crues à répétition, la municipalité de Dax va adopter un plan de prévention des risques d’inondation. Pratiquement, certaines zones menacées seront désormais classées inconstructibles. En amont Begaar, entre Mont-de-Marsan et Dax, où la Midouze découche depuis des mois, le volume des précipitations l’a jetée hors de son lit.
Alain Labarthe
La pluviométrie de l’année 2000 ici se situe à environ 1 600 millimètres, alors qu’une année normale est entre 1 000 et 1 100 millimètres. Alors, je crois que les 600 millimètres supplémentaires font les excédents que l’on trouve aujourd’hui. Il faut savoir aussi que depuis le mois d’octobre au mois de décembre, il est tombé 600 millimètres, c’est-à-dire plus de la moitié de la pluviométrie de l’année ; et que là depuis le 1er janvier jusqu’à aujourd’hui, on est à plus de 150 millimètres par mois.
Jean-François Meekel
En novembre déjà une première fois, une digue avait cédé, la Midouze en avait alors profité pour rejoindre son lit ancien ; celui où elle coulait avant que les hommes ne se mêlent d’enfoncer le cours. La digue réparée a cédé à nouveau il y a une semaine, réduisant les habitants de cette zone à l’état d’insulaire.
Daniel Dupouy
Maintenant, vous voyez, les gens pour aller chez eux, ils sont obligés de prendre une barque, sinon ils ne peuvent pas y aller. Ils ont recours donc à des bateaux.
Jean-François Meekel
Conséquence agricole également, l’inondation a détruit 350 hectares de maïs. La décrue attendue dans les semaines à venir laissera derrière elle un souvenir empoisonné.
Daniel Dupouy
Lorsque l’eau reste longtemps sur les terres, il y a une saturation. La terre est déstructurée par le trop-plein d’eau, alors ce qui fait que ça peut causer des incidences au niveau des prochaines récoltes, des récoltes futures. Ça, c’est indéniable.
Jean-François Meekel
La réserve naturelle du marais d’Orx, près de Labenne, lieu d’hivernage favori de nombreux oiseaux, précieuse étape migratoire avant le passage des Pyrénées. Propriété du conservatoire du littoral, ce marais de 800 hectares offre un magnifique terrain d’observation aux passionnés d’ornithologie. Mais hélas, ce marais est transformé en lac depuis des mois, conséquence des 1 500 millimètres d’eau tombés ici depuis octobre.
Pierre Puyau
La pluie donc a fait monter le niveau dans les canaux de ceinture, qui ont exercé une pression énorme sur cette partie de la digue ; qui n’était pas suffisamment solide apparemment et qui a cédé.
Jean-François Meekel
Résultat, une brèche de plusieurs mètres de largeur dans cette digue de 25 kilomètres qui protège la réserve. Une digue très détériorée sur des kilomètres de long. L’eau a colonisé l’ensemble du marais, noyant au passage 55 hectares de maïs cultivés dans la partie nord. Et même, les ragondins ont dû apprendre à monter aux arbres. Les conséquences économiques et écologiques sont très importantes. Le chantier de remise en état sera long et coûteux, pourtant, l’histoire a eu sa face heureuse.
Pierre Puyau
Dans les zones non ouvertes au public, il y a eu plus d’oiseaux, puisque cette zone est normalement cultivée en maïs ; et que les agriculteurs n’ayant pas pu récolter tout le grain. Bon, les oiseaux en ont profité. Donc, ils sont venus en nombre, notamment les oies, puisqu’il y a eu au comptage Birouet du 15 janvier plus de 1 700 oies sur le site.
bruit
(bruit)
Jean-François Meekel
Voilà, le ciel ne nous est pas tombé sur la tête aujourd’hui, nous avons eu beaucoup de chance avec ce beau soleil. Espérons que ça va continuer, que le printemps est définitivement arrivé. Rendez-vous dans quelques minutes avec le journal régional, bonsoir !