Ouverture A63 dans les Landes : Changements pour la commune de Labouheyre

25 avril 2013
02m 34s
Réf. 00764

Notice

Résumé :

Avec l'ouverture de l'autoroute A63 dans les Landes, la ville de Labouheyre va débuter une nouvelle vie : plus de calme et disparition du fameux radar. Le maire songe bien à redorer le blason de sa commune. Depuis 3 ans, le chantier de l'A 63 a amené à Labouheyre entre 500 et 1000 personnes par jour. Autrefois la ville était signalée comme village étape et les commerçants s'inquiètent qu'il n'y ait plus aucune signalétique sur l'autoroute.

Date de diffusion :
25 avril 2013
Source :

Éclairage

L'A63, c'est une très longue histoire. Un long cheminement tout d'abord, depuis la voie "romaine" reliant Dax à Bordeaux, construite sous Auguste, qui passait par la station de Telonum et de Coaequosa (1), reprise, grosso modo, au Moyen Âge, par les pèlerins et marchands, aménagée ensuite pour devenir la "route des Intendants" au XVIIe siècle, pavée enfin, puis goudronnée au XXe pour supporter le trafic croissant de véhicules.

Car, dès l'Après-Guerre, la "Nationale 10", c'est la route des vacances vers le Pays basque et l'Espagne qui attire des touristes toujours plus nombreux, incités à franchir la frontière en raison des prix attractifs pratiqués outre-Pyrénées. Dans un contexte de croissance, il devient ensuite nécessaire de pratiquer de nouveaux aménagements sur un axe européen majeur où le trafic s'intensifie d'année en année ; une simple voie de circulation ne suffit plus à assurer la sécurité de véhicules légers en concurrence avec un nombre toujours plus élevé de camions venant, pour la plupart, d'Espagne. Décision est donc prise de doubler les voies à la fin des années 1960 (2).

Les événements se précipitent par la suite, avec l'ouverture progressive des frontières de la CEE, l'entrée de l'Espagne dans la communauté en 1986 et surtout l'élargissement de l'Europe aux ex pays communistes après la disparition du rideau de fer en 1989. Augmentation de la consommation et, de facto, augmentation des transports de marchandises, conjuguées à la multiplication des déplacements de véhicules légers expliquent le fait que la grande voie qui traverse l'ouest du département de part en part devient rapidement l'un des plus accidentogènes de France. Il faut agir ! (3)

Ainsi, après des années de palabres, au gré de négociations avec les gouvernements successifs, on convient de mettre, enfin, aux normes autoroutières la vieille nationale 10. Mais ce n'est pas chose aisée et, dans les propos que tient l'aubergiste de Labouheyre, transparaissent les difficultés qui ont présidé à l'élaboration d'un tel chantier.

En effet, pendant les longues années de gestation du projet, surviennent de nombreux revirements quant aux choix de gestion de cet axe autoroutier. Dans un premier temps, l'État promet de prendre à sa charge la mise aux normes sans recours à une concession ; dans cette hypothèse, le gouvernement Jospin s'était engagé à mettre en place le financement des travaux "par un péage élevé pour les camions mais neutre pour les automobilistes et particulièrement les riverains landais", rappelle le Président du Conseil général qui souligne le fait que la promesse n'a pas été tenue. Choisissant de flécher les crédits d'État sur d'autres axes, notamment Bordeaux-Arcachon, le gouvernement Raffarin est en effet revenu sur la décision première ; une nouvelle orientation concrétisée en 2011 par la signature de la concession avec la société privée Atlandes (4).

De plus, l'inauguration qui intervient en ce 10 avril 2013 a lieu presque un an jour pour jour après la mise en fonctionnement des deux nouvelles barrières de péage, à Saugnac-et-Muret et Castets, de cette autoroute gérée en concession par une société filiale du groupe Bouygues ; une gestion privée aux tarifs élevés contre laquelle Henri Emmanuelli continue de s'insurger, et en raison de laquelle il a fait savoir qu'il ne participerait pas à la cérémonie.

Ceci explique que le président du Conseil général des Landes soit le grand absent de cette journée d'inauguration pourtant tant attendue.

(1) Le nom de ces étapes est fourni notamment par l'Itinéraire d'Antonin, un guide de voyage datant du IIIe siècle, qui recense les villes-étapes de l'Empire romain et les distances les séparant. Les stations de Telonnum et de Coaequosa correspondraient aux actuelles communes de Liposthey et Sindères.

(2) Empreintes landaises : "Travaux sur la RN 10". http://fresques.ina.fr/landes/liste#sort/DateAffichage/direction/DESC/page/2/size/10/filters/Theme.id/8/e

(3) Empreintes landaises : "Le trafic sur la RN 10 dans les Landes". http://fresques.ina.fr/landes/liste#sort/DateAffichage/direction/DESC/page/2/size/10/filters/Theme.id/8/e

(4) En outre, le projet tel qu'il est conçu ne prévoit pas d'itinéraire de désenclavement. De ce fait, les usagers sont obligés d'emprunter un itinéraire payant, sauf à faire des détours de plusieurs kilomètres comme le font les nombreux poids-lourds évitant de se soumettre aux tarifs autoroutiers qu'ils jugent trop élevés.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Je reviens vers vous dans un instant pour parler de la suite du chantier sur ce nouveau tronçon autoroutier. L’un des changements peut-être les plus spectaculaires, c’est à Labouheyre, fini les virages enlacés. Un grand contournement est sorti de terre. Labouheyre, dont le nom résonne dans la tête des automobilistes comme, attention au radar automatique. Et bien, Labouheyre débute une nouvelle vie. Ludivine Tachon et Jean-Yves Pautrat.
Journaliste
Pendant 36 ans, la seule vue d’Emilio Pinto a été la nationale 10 et son ballet de camions. Aujourd’hui, il regarde les bulldozers détruire la fameuse nationale. Entre sa maison et la nouvelle A63, la nature va reprendre ses droits pour le plus grand bonheur d’Emilio.
Emilio Pinto
On a moins de bruits, puis c’est plus joli ici comme ça, ça restera plus joli.
Journaliste
La nationale 10 n’a pas seulement rythmé la vie d’Emilio, mais celle de tout un village, Labouheyre et ses 2 500 habitants. Un village qui ne veut pas être le grand oublié de l’A63. Alors ici, on déploie ses atouts, sa place, son histoire, sa plage de sable blanc au bord d’un bassin d’eau très pure. Monsieur le Maire a des ambitions, faire de Labouheyre la porte de la Haute Lande et redorer l’image de la commune souvent entachée par un des radars les plus efficaces de France.
Jean-Louis Pedeuboy
Le monde entier me parle du radar de Labouheyre, et enfin, le radar ne sera plus là. On roulera à 130. Il y aura un autre radar, mais un peu plus loin que Labouheyre. Donc après, voilà, je crois qu’on a d’autres choses à faire valoir. Je vous l’ai dit, qualité de vie, place exceptionnelle. On a beaucoup de services, des commerces. C’est une ville vivante bien tournée vers l’avenir, qui est en train de se moderniser. Et je crois qu’on va arriver à faire oublier le radar.
Journaliste
Ces 3 dernières années, le chantier de l’A63 amenait à Labouheyre entre 500 et 1 000 personnes chaque jour. Et après, c’est la question que se pose les commerçants. Autrefois signalée village étape sur la nationale 10, l’A63 va ouvrir son péage sans les panneaux réclamés par les Bouheyrotes.
Jean-Louis Leglise
Depuis un an et demi, il se cache derrière : "C'est au bureau d’études..." Ceci, cela. Par contre, pour ouvrir le péage, c’est-à-dire ouvrir la pompe à fric, là par contre, on met tout un… ; vous verrez ça ces jours-ci, c’est une fourmilière partout, tout est en activité. Mais par contre, ils ont toujours oublié nos panneaux de signalétique surtout pour faire voir qu’on est là, qu’on existe, qu’on est un petit village et qu’on doit vivre encore. Après, l’autoroute, on doit vivre.
Journaliste
Bientôt, une aire de service autoroute ouvrira à une vingtaine de kilomètres de l’échangeur numéro 16. Exister près de l’A63, c’est le combat que comptent bien mener les habitants de Labouheyre.