Huile végétale : Exemple filière dans les Landes

18 mai 2010
01m 43s
Réf. 00848

Notice

Résumé :
Depuis le 01/03/10, 5 des 12 camions de ramassage des ordures ménagères de la communauté de communes du Grand DAX roulent au bio carburant : 30% d'huiles végétales et 70% de gasoil. Emission polluante diminuées de 20%. Cette huile de colza ou de tournesol est fabriquée chez agriculteurs locaux : exemple de Raphaël GENEZE.
Date de diffusion :
18 mai 2010
Lieux :

Éclairage

Les nouveaux enjeux environnementaux de la planète appellent un renouvellement progressif de l’analyse économique générale comme le souligne le rapport de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi 1. Leur analyse et leur traitement doivent mobiliser les responsables à toutes les échelles, du local au mondial. De ce point de vue, le défi du changement climatique apparaît comme un champ privilégié de réflexion et d’action. À Dax, on l’a compris et on est réactif : à peine deux années après la réunion de la Comminssion, tout est mis en œuvre pour attaquer de front l’une des causes majeures de pollution urbaine, les transports.

Informé, surinformé, le public est en effet très sensible aux effets néfastes des nanoparticules sur la santé d’une part et aux conséquences du réchauffement climatique à grande échelle d’autre part. Menée  en  août-septembre  2009, une enquête Eurobaromètre révélait d’ailleurs la sensibilité de nos concitoyens au problème du changement climatique : 57% des personnes interrogées citent ce thème comme étant la question la plus préoccupante, contre 47% en moyenne dans l’Union européenne 2. Faire rouler les véhicules utilitaires de la commune avec des biocarburants est donc bien vu de tous…ou presque.

Les  émissions  de gaz à effet de serre  des  transports  sont  en effet en  hausse  de  19%  entre 1990  et 2007 et même si  une  légère  baisse  a  été  observée entre 2005 et 2007, de l’ordre de moins 1% par an 3, dans ce secteur, ce sont les transports routiers qui occupent une part prépondérante, émettant 94% des émissions de CO2 des transports du fait de la combustion d’énergie, principalement des produits pétroliers.

Parallèlement à ces constatations, on a observé une pénétration notable des agrocarburants entre 2005 et 2008, soit environ 5% de l’ensemble des carburants, contre moins de 1% en 2005. Ce n’est qu’un début car le Grenelle de l’environnement a rappelé la nécessité de diviser par quatre les émissions de ces gaz d’ici à 2050 4. Or, déjà, dans la directive européenne 2003/30/CE du 8 mai 2003 visant à promouvoir l’utilisation des agrocarburants, on avait fixé un niveau d’incorporation de  5,75%  dans  les  carburants  à  l’horizon  2010 et 10% en 2015 5. Un bon point d’autant plus qu’ici, à Dax, on a déjà largement dépassé ces quotas puisque 38% d’huile végétale complètent le plein en gasoil.

Tout semble parfait puisque la production est ingénieusement répartie entre production fourragère et biocarburant mais il faut souligner que si une partie de ces agrocarburants (ou biocarburants) est produite à partir de ressources biologiques non alimentaires (paille, bois...), d’autres, majoritaires, sont issues de plantes nourricières ou alimentaires (betterave, canne à sucre, colza, blé...). Et cela remet en question l’éthique d’un procédé dévoreur d’espaces réservés aux cultures vivrières. Et si le problème n’est pas crucial dans la région dacquoise, il devient épineux quand il s’agit de produire à des fins énergétiques dans certains pays d’Afrique, par exemple, où l’équilibre alimentaire est si précaire.

Les discours officiels assurent que le développement de ces cultures dédiées à la sauvegarde de l’écosystème répond à trois enjeux : respecter les engagements du protocole de Kyoto de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sécuriser l’approvisionnement en énergie et favoriser le développement rural en contribuant au progrès économique, en procurant de nouveaux débouchés à l’agriculture et en développant de nouvelles filières agro-industrielles, créatrices d’emploi. Certes ! Mais certaines associations écologistes considèrent le revers de la médaille et ont violemment réagi à ces projets, mettant notamment en exergue les exigences de ces cultures en matière d’irrigation.

C’est ainsi que, un an après ce reportage, les Amis de la Terre envoient une lettre au président du Conseil général pour lui faire part de leur mécontentement et souligner les effets pervers d’une politique dont les intentions généreuses pourraient se transformer en résultats décevants au regard du développement local 6. Introduite ainsi, cette missive donne le ton : « Alors que la sécheresse sévit, 150 millions de m3 d’eau sont gaspillés dans la région, pour faire de l’éthanol de maïs ! Cela représente 2 ans et demi du débit moyen de la Midouze ou l’eau utilisée en un an par un million de ménages !

En plus, cette production est soutenue par des mesures de défiscalisation qui coûtent 35 millions d’euros ! Sans oublier que l’utilisation de matières alimentaires pour les moteurs fait monter les prix alimentaires mondiaux et précipite dans la faim des millions de personnes. »

Un problème complexe pour arriver à concilier tous les intérêts ; une vraie quadrature du cercle au pays des champs circulaires à pivot central !

 

1) http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/documents/rapport_francais.pdf

2) La France dispose d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air important qui s’est développé depuis la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) en 1996. De nombreuses mesures sont effectuées par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Elles permettent d’informer le public au niveau local sur la qualité de l’air et de déclencher les procédures nécessaires en cas de risques pour la santé.

3) Selon le dernier inventaire d’émissions du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa).

4) Il préconise d’accélérer l'amélioration de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, de donner  la  priorité  aux  modes  de  transport  peu  émetteurs,  de remettre en cause l’étalement urbain et de réduire les consommations et le contenu carbone de la production. Dans ce cadre, un plan de développement des énergies renouvelables a été mis en place en novembre 2008. Il a pour objectif de porter à au moins 23% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2020.

5) Depuis 1973, les surfaces en oléagineux (colza, tournesol) consacrées à la production de cette énergie verte ont été multipliées par 5,7 pour atteindre 2millions d’ha en 2008; la production a, quant à elle, été multipliée par 9.

6) http://www.amisdelaterre.org/Irrigation-et-agrocarburants.html
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Des camions poubelles qui roulent propre, c’est le pari de la communauté de communes du Grand Dax. Depuis le 1er mars, 5 des 12 bennes d’ordures ménagères fonctionnent au biocarburant. Au moment de faire le plein, c’est 30 % d’huile végétale, et le reste, de gasoil. L’avantage du mélange, c’est de ne pas changer de moteur.
Denis Richard
Le but, c’est d’avoir effectivement tous nos véhicules bennes d’ordures ménagères, équipés de ce système et de les élargir également sur les véhicules que nous utilisons sur la voirie ; tous les véhicules lourds et peut-être plus en fonction de ce qui nous sera permis par le protocole de l’Etat ; et également de pouvoir s’insérer dans une démarche globale de protection de l’environnement.
Journaliste
L’utilisation de l’huile végétale pure n’est pas moins chère, mais elle permet de diminuer de 20 % les émissions polluantes. Cette huile de colza ou de tournesol est fabriquée en partie ici à Tercis. Raphaël Genèze est l’un des cinq agriculteurs landais à produire et à revendre ce carburant végétal, soit 8 000 litres par an. Le principe est simple, on presse les graines, d’un côté l’huile, de l’autre le tourteau.
Raphaël Genèze
L’avantage, c’est que je me fais des tourteaux, je me produis donc du tournesol sur l’exploitation qui me donne du tourteau pour mes vaches. Donc, je peux engraisser mes vaches avec ça, et aussi pour les veaux, les broutards, toute mon exploitation est nourrie avec ces tourteaux. Sur l’année, c’est une économie à peu près de 3 000 euros.
Journaliste
Raphaël revend son huile 75 centimes d’euro le litre, et de plus en plus de collectivités semblent intéressées. Pour faire face à la demande et mutualiser les moyens des agriculteurs, une presse fixe devrait être mise en place à Mugron d’ici la fin de l’année.