Mont de Marsan, Landes : problème de l'eau Adour Garonne

05 mai 1977
02m 35s
Réf. 00852

Notice

Résumé :
Présentation du Plan général d'aménagement des eaux du bassin de l'Adour pour la partie correspondante au département des Landes. Les trois principaux points abordés sont la pollution, les inondations et l'augmentation des ressources en eau.
Date de diffusion :
05 mai 1977
Source :

Éclairage

Né au col du Tourmalet, l’Adour draine la Bigorre, reçoit une bonne partie des eaux de l’Armagnac (Douze et Midou formant la Midouze de Mont-de-Marsan à Tartas), du Tursan et de la Chalosse (Bahus, Louts, Gabas ou Luy) et du Béarn (les Gaves réunis confluant à Oeyregave). Et si le fleuve rejoint à présent le Golfe de Gascogne au Boucau « neuf », c’est parce que, jusqu’en 1578, il passait devant Bayonne, mais au coude des marais du Trossoat, il formait un « angle » qui le faisait remonter droit vers le nord, d’où le toponyme Anglet, (Angles en 1188). Il longeait alors la côte, faite de dunes mouvantes et de lagunes, pour atteindre sa zone naturelle de subsidence, vers Capbreton, puis le « Vieux » Boucau (gascon Bocau Vièlh, « ancienne embouchure »).

Un fleuve complexe donc, au régime pluvio-nival,  qui a toujours soumis les populations riveraines à ses caprices. Trop d’eau, pas assez, maintenance de la qualité de ces dernières, autant de critères qui se résument, dans les propos des responsables du plan d’aménagement des eaux de son bassin, en trois problématiques : lutte contre les inondations, pollutions et irrigation.

En ce début de mois de mai 1977, on s’inquiète donc de savoir comment on peut articuler les différents types d’actions en faveur d’une gestion durable de l’utilisation de l’eau, en transversalité, c'est-à-dire en tenant compte des contraintes et des besoins de chacun d’amont en aval du bassin versant ou plutôt « des » bassins versants puisque la Garonne, autre fleuve gascon, est soumis au même régime et produit les mêmes effets lorsque la conjoncture météorologique concerne l’ensemble de la région. Et quand on parle de « concertation », on ne pense pas si bien dire ici car il va falloir agir vite.

En effet, quelques semaines après ce reportage, entre les 6 et 8 juillet 1977, des pluies torrentielles provoquent, dans le Gers, les pires inondations que l’on ait connues depuis la crue historique de 1952 : près de dix-sept heures de précipitations avec deux épisodes paroxystiques aux conséquences majeures1. Le choc est rude d’autant plus que l’on sort d’un autre épisode extrême : avec un déficit en pluie de 46 % sur la France, le printemps 1976 a été le deuxième printemps le plus sec du XXe siècle après celui de 19592.

Tout est dit : ce que l’on vient de subir, ce que l’on va endurer dans quelques jours a eu pour effet, par la suite, d’accélérer les concertations avec pour conséquence la création, dès 1978, de l’Institution Adour, Etablissement Public Territorial de Bassin créé par les quatre Conseils Généraux du susdit bassin qui, au fil des années, étendra toujours plus loin ses prérogatives, gérant non seulement les fondamentaux mais élargissant son champ d’action à la valorisation des territoires concernés par le fleuve, remodelant les écosystèmes, réhabilitant par exemple les barthes, zones naturelles d’expansion des crues qui complètent heureusement le rôle joué, en amont, par les bassins écrêteurs3.

De quoi rassurer les responsables du tourisme côtier : loin de nuire à la région du Bas-Adour, valorisée en son temps par la MIACA, la gestion durable orchestrée par cet organisme au large spectre ne peut qu’étendre, au contraire, les zones de villégiature dans le secteur.

Même s’il est impossible de maîtriser totalement les phénomènes naturels de grande ampleur, s’il est nécessaire de « faire la part de l’eau » et de « laisser la place à la crue », du moins a-t-on appris, depuis 1977, à agir par prévention grâce à une politique d’aménagement et d’entretien du territoire qui passe par le respect de la législation des zones inondables, ce qui était loin d’être le cas auparavant.

 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Inondations_de_1977_en_Gascogne

[2] Dès le mois de mai 1976, les agriculteurs constatent le déficit pluviométrique et en redoutent l'impact sur les cultures. Dans son édition des 13 et 14 juin, Le Monde indique que « la récolte sera inférieure de 20 millions de quintaux aux prévisions les plus optimistes ». Le même journal fait état le 16 juin de l'augmentation du kilo de tomates de 4,30 francs à 7,20 francs en une semaine. L'eau se réchauffe aussi (la mer est à 22 °C début juillet sur les côtes landaises) et la pisciculture en souffre, avec la mort de nombreux poissons soit, dans les bassins, par manque d'oxygène, soit, dans les rivières, par concentration trop importante de polluants.

[3] http://www.institution-adour.fr/index.php/accueil.html

 



 

Bénédicte Boyrie-Fénié
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Le conférencier a défini pour les conseillers landais le plan général d’aménagement des eaux du bassin de l’Adour étudié sous l’angle de la pollution ; de l’augmentation des ressources en eau, et de la lutte contre les inondations. Ce dernier point intéresse particulièrement le département des Landes, où les crues sont fréquentes. Or, les opérations prévues pour limiter les effets des inondations dans les Hautes-Pyrénées ou le Gers sont parfois incompatibles avec la lutte dans les Landes. Dès lors, une concertation interdépartementale est indispensable pour un aménagement satisfaisant de l’ensemble du bassin.
Intervenant 1
C’est un compromis à trouver, et ce schéma va proposer d’abord des endiguements, mais légers, parce que les digues en général coûtent cher ; et surtout, va proposer une extraction plus rationnelle des matériaux dans la partie amont du bassin, dans les Hautes-Pyrénées dans le Gers : et proposer des bassins, disons, écrêteurs dans l’Adour landais et dans les Hautes Pyrénées également, bassin écrêteur qui pourrait être utilisé pour le tourisme.
Journaliste
Deuxième point important abordé, l’augmentation des ressources en eau.
Intervenant
Alors, dans le bassin de l’Adour, c’est un point très important. Quand on sait que dans la partie landaise notamment, sur l’Adour moyen, les irrigations sont pratiquement stoppées, faute de débit dans les cours d’eau dans l’Adour. Alors, le schéma doit proposer un certain nombre de barrages à la fois dans la partie landaise, mais aussi dans la partie Hautes-Pyrénées pour satisfaire tous les besoins en eau ; mais notamment la demande agricole, et en même temps, maintenir un débit convenable dans les cours d’eau pour des questions de salubrité.
Journaliste
Vous avez abordé un troisième point, c’est la lutte contre la pollution.
Intervenant
Alors, la pollution, le département des Landes est très preneur dans cette affaire, car il a deux papeteries importantes qui ont fait des travaux, mais qui quand même polluent encore notablement. Cette pollution excessive nuit certains types de développement, le développement agricole par exemple, le développement du thermalisme, le développement du tourisme. Toute cette région est en arrière-pays de la cote Aquitaine, et il est certain que si le cours d’eau restait dans cet état, si rien n’était fait sur les papeteries, ces vocations seraient contrariées.
Journaliste
On a une idée du coût de ces travaux ?
Intervenant
Sur le programme barrage, qui comprend quand même à long terme 12 à 15 barrages, on peut penser que c’est de l’ordre de 100 millions de francs.
Journaliste
La durée de réalisation ?
Intervenant
Ces travaux sont toujours lents à mettre à place. On s’est donné 1985 et puis 10 ans après, 1995. Vous voyez, ça couvre une période assez longue.