Pas de dérogation dans les Landes pour la chasse des pinsons à la matole

11 novembre 2013
01m 46s
Réf. 00915

Notice

Résumé :
Une récente décision du ministre de l'Ecologie refuse une dérogation sur la chasse à la matole pour les pinsons dans les Landes. Satisfaction de la LPO, mécontentement des chasseurs (trois mille landais pratiquent cette chasse).
Date de diffusion :
11 novembre 2013
Source :
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Éclairage

L'arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection est pourtant clair et formel : pour les espèces d'oiseaux dont suit une longue liste "sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps la destruction intentionnelle ou l'enlèvement des œufs et des nids ; la destruction, la mutilation intentionnelle, la capture ou l'enlèvement des oiseaux dans le milieu naturel ..." (1)

Bien entendu, dans l'Ordre des passériformes, qui ne compte pas moins de 130 familles et 6359 espèces, figurent en bonne place le pinson (Fringilla coelebs et Fringilla montifringilla) et le bruant ortolan (Emberiza hortulana), emblématiques de la gastronomie du Sud Ouest. Alors pourquoi Allain Bougrain-Dubourg (2), président de la Ligue de Protection des Oiseaux a-t-il besoin de monter au créneau ? Pourquoi se fera-t-il agresser, deux ans après ce reportage, lors d'une rocambolesque intervention sur le terrain, filmée, dont la vidéo fera le buzz sur internet ? (3)

La réponse se trouve dans son interview, ici, en 2013 : "Entre les grands principes de dire on n'a pas le droit de chasser et la réalité, il y a un monde...Tout continue comme avant". De fait, alors que le bruant - dont le nom local, ortolan, rappelle sa vocation jardinière (4) - est officiellement protégé depuis 1976, nombreux sont les documents et interviews qui relatent la relation ambiguë qu'entretiennent depuis toujours les élus locaux avec la loi, soutenant leurs électeurs face à des directives européennes émanant de Bruxelles.

Jean Rolland Barrère, président de la Fédération des chasseurs landais, peut être sûr de lui. Le site officiel de l'A.D.C.T.M. (Association Départementale des Chasses Traditionnelles à la Matole) (5) affiche d'ailleurs, sur la toile, dans une présentation élégante, informations et renseignements concernant les chasseurs "acteurs de la biodiversité" (6).

 

(1) https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021384277

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Allain_Bougrain-Dubourg

(3) http://www.francetvinfo.fr/animaux/video-landes-la-ligue-de-protection-des-oiseaux-et-des-journalistes-agresses-a-coup-de-pelle_1167009.html

(4) Traduction littérale gasconne du français jardinier. L'origine en est, bien entendu, le latin hortus, "jardin".

(5) La matòla est un mot gascon, passé au français, nommant un petit piège pour les oiseaux. Il appartient au champ sémantique de mata, "touffe, buisson", et désigne également un fagot de sarments. Les pièges primitifs étaient faits de bois entrelacés, expliquant les deux acceptions du mot.

(6) http://www.fedechasseurslandes.com/A-D-C-T-M.html
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Dans les Landes, dans un petit périmètre autour de Tartas, la tradition de la capture de pinson à la matole est tenace depuis des centaines d’années selon les chasseurs. Face à eux depuis plusieurs années maintenant, la ligue des protections des oiseaux et leur médiatique et combatif président Allain Bougrain-Dubourg. La LPO, forcément ravie de la récente décision du Ministre de l’écologie refusant une dérogation pour cet oiseau migrateur protégé depuis 1976. Une bataille remportée mais pas la guerre.
Allain Bougrain-Dubourg
Je suis très heureux que le gouvernement et le Ministre aient pris leur responsabilité. Mais entre les grands principes de dire on n’a pas le droit de chasser et la réalité, il y a un monde, puisque je ne vois pas ni la gendarmerie ni la garderie de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, intervenir pour verbaliser sur place. C’est-à-dire que tout continue comme avant.
Journaliste
Les chasseurs landais soutenus par leur parlementaire pensaient enfin décrocher cette année cette précieuse dérogation pour le pinson. Le Conseil National de Protection de la Nature n’a pas retenue leurs arguments de tradition et de culture locale pour cette chasse à la matole pratiquée par 3000 landais.
Jean-Rolland Barrère
Nous nous opposons… cultive l’idéologie. Je suis désolé, on a… la législation européenne prévoit bien que l’état français peut déroger, les espèces sont en bon état de conservation. Sur le problème juridique, il n’y a aucun problème puisque c’est parfaitement en phase avec la directive. Donc, nous, nous ne comprenons pas que l’état français ne prenne pas la dérogation.
Journaliste
Entre chasseur de pinson et protecteur des animaux, la guerre va donc se poursuivre ; d’autant qu’avec ou sans dérogation, les pinsons des arbres et autres pinsons du Nord risquent d’être attendus ces jours-ci sous les matoles landaises.