Hossegor : la maison d'édition "L'Ecole des Loisirs" fête ses cinquante ans

17 mai 2015
01m 26s
Réf. 00922

Notice

Résumé :
Les éditions "l'école des loisirs" fêtaient aujourd'hui leurs 50 ans à Hossegor d'où est originaire le fondateur. Certains titres best- sellers de cette entreprise se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires. Une rencontre était organisée pour l'occasion.
Date de diffusion :
17 mai 2015
Source :

Éclairage

"L'École des loisirs" : quel beau nom pour des éditions destinées à la jeunesse ! Une appellation malicieusement redondante puisque le mot "école" procède du grec skolê, via le latin schola, avec précisément le sens initial de "repos, loisir" (1).

Le savent-ils, les fondateurs Jean Fabre, Jean Delas  et Arthur Hubschmid qui s'associent, en 1965, pour fonder une maison dont le succès ne se démentit pas depuis cinq décennies ? Très certainement.

Nourri dans le sérail, Jean Fabre en connaît les détours (2). Riche de l'expérience acquise aux Éditions de l'École, il donne, au milieu des années 1960, une impulsion décisive à la maison d'édition en créant une ligne éditoriale aussi singulière que pionnière. Marqué par la pédagogie de Célestin Freinet qui préconise une école centrée sur l'enfant (3), il prend conscience des limites du manuel traditionnel pour l'apprentissage de la lecture, et des potentialités d'une littérature spécifiquement destinée aux jeunes enfants.

Conservant la vocation didactique des publications classiques, il promeut des ouvrages qui favorisent l'éveil du jeune lecteur. Et ça, c'est nouveau !

Épaulé par Jean Delas et Arthur Hubschmid, il constitue alors un catalogue dans lequel domine la personnalité de Tomi Ungerer (4) et cherche à diversifier les collections, revisitant des textes universels tels que l'Ancien Testament ou des récits fondateurs déclinés dans des collections spécifiques.

Une oeuvre majeure, en perpétuelle évolution, destinée à ouvrir les jeunes à la culture, au sens large, qui mène à l'ouverture, en 1974, de Chantelivre, première librairie française vouée à la littérature de jeunesse et installée à l'adresse même de la maison d'édition, au 11 rue de Sèvres, à Paris.

Associant dès 1973 son fils, Jean-Louis, à l'aventure éditoriale, Jean Fabre reste très présent jusqu'au milieu des années 1990. Il meurt le 9 janvier 2014 alors que L'Ecole des loisirs (5), qui compte alors plus de 5700 titres, prépare la célébration de son cinquantenaire entre Paris et Hossegor où vit Jean Delas, l'un des cofondateurs de cette maison prospère.

Ce n'est donc pas un hasard si, du 15 au 17 mai 2015, la maison d'édition phare de la jeunesse rassemble, en pays de Maremne, une trentaine d'auteurs et d'illustrateurs pour fêter l'événement. Expositions, spectacles, projections, ateliers, grand concours de créations collectives, tables rondes, rencontres et séances de dédicaces constituent le menu de ces deux journées qui se déroulent au Sporting-Casino de la "station des sports  élégants".

Car Hossegor est, depuis bien longtemps, un site privilégié des gens de Lettres. L'aventure commence en effet à la Belle Ėpoque quand l'un des premiers membres de l’Académie Goncourt, Rosny jeune (Séraphin Justin Boex, 1859-1948), s’y installe dès 1903. Il apprécie la solitude des rives du lac marin, le charme des dunes boisées, et la discrétion de ce  lieu où il peut écrire dans la quiétude. Il est suivi, quelque temps plus tard par un autre écrivain, Paul Margueritte (1860-1918), qui s’y fixe de 1913 à sa mort, attirant d’autres personnalités du monde intellectuel et littéraire, notamment Charles Derennes, le juriste Maxime Leroy, Gaston Chérau, Pierre Benoît, Tristan Derème ou Léon Blum…

De ce passé prestigieux doit naître le mythe d'une "école littéraire d'Hossegor" promu par le Landais Serge Barranx dans l’ouvrage Nos Landes édité par David Chabas en 1927.

Station prisée pour son architecture, ses plages attirant les surfistes du monde entier et la beauté de son site, Hossegor crée, à la fin des années 1998, un salon du livre qui fête sa 17e édition les 4 et 5 juillet 2015, quelques jours après l'événement créé par l'École des Loisirs, et quelques jours avant la remise de la légion d'honneur à Jean Delas à Paris, en présence de Tomi Ungerer, le premier auteur de la maison d’édition et véritable figure de la littérature jeunesse en France.

Toujours en quête d'idées nouvelles, Jean Delas ne veut pas en rester là. Il décide donc d'ancrer sur le rivage landais une association de lutte contre l’illettrisme baptisée Lire sur la vague et de pérenniser le rendez-vous des jeunes lecteurs dans un festival annuel de livres pour enfants et de bandes dessinées.

"Si on ne lit pas petit, on ne lit pas quand on est grand" : les habitués du festival "Lire sur la vague" fréquenteront assurément le salon du Livre des grands qui, chaque année, attire plus de monde (6).

 

 (1) Ce sens premier évolue pour passer à "occupation studieuse, entretien savant, étude" pour désigner bientôt le lieu même de l'étude, "l'école"(Bailly M.A., Abrégé du Dictionnaire de Grec-Français, éditions Hachette, Paris, 1901).

(2) Né le 29 janvier 1920 à Paris, Jean Fabre est issu d'une famille des gorges du Tarn. Après un cursus classique à Paris, il épouse la fille de Raymond Fabry, fondateur des Éditions de l'École spécialisées dans la production de manuels scolaires, qui scelle son orientation professionnelle.

(3) http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/8309

(4) Tomi Ungerer, né le 28 novembre 1931 à Strasbourg, est un peintre, dessinateur, illustrateur et auteur français. Considéré comme l'un des plus brillants dessinateurs de sa génération, il mène depuis 1957 une carrière internationale dans de nombreux domaines de l'art graphique. Ses livres pour enfants Les Trois Brigands et Jean de la Lune ont fait le tour du monde. En 1998, il obtient le Prix Hans Christian Andersen, mention illustrateur, la plus haute distinction pour un auteur de livres d'enfants.

(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89cole_des_loisirs

(6) http://surf-fm.fr/2015/le-salon-du-livre-a-hossegor-17e-edition
Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Max et ses maxi-monstres : Cornebidouille, Chien pourri et tous les autres ; des patronymes pas toujours faciles à porter mais taillés pour la postérité. Ils sont quelques uns seulement parmi les 6000 titres de l’Ecole de loisirs à avoir traversé les âges. 50 ans après, leur simple évocation a comme un goût de madeleine de Proust.
Inconnue
Pour moi, c’est toute mon enfance en fait. Et j’ai utilisé ce livre pour mon oral de Bac.
Journaliste
Les années passent, les générations se succèdent, le monde change et pourtant certains livres restent. Pourquoi eux ? Le secret est bien gardé.
Kimiko
C’est un mélange entre le dessin, l’histoire, l’intrigue, les enfants aiment bien avoir peur.
Claude Ponti
Il faut être honnête. Il faut être franc. Il faut être sincère. Il ne faut surtout pas prendre les enfants pour des imbéciles.
Journaliste
50 ans que le conte de fée dure pour l’Ecole des Loisirs. Alors, certes, la télévision grignote des parts sur la lecture ; les ventes baissent un peu, mais la lecture publique elle, se développe comme dans les 145 bibliothèques municipales des Landes. À l’école ou en famille, les livres pour enfants, c’est vraiment du sérieux.
Jean Delas
La littérature jeunesse c’est une littérature avec un L capital, ce n’est pas un sous-produit. Si on ne lit pas quand on est petit, on ne lit jamais. Et si on ne sait pas lire, on ne peut pas être éduqué.
Journaliste
Lire, oui, mais aussi écrire et dessiner. Qui sait, se cachaient peut-être à Hossegor aujourd’hui, les auteurs-dessinateurs de demain.