Les Landes une forêt apprivoisée

26 mai 2014
06m 05s
Réf. 00926

Notice

Résumé :
L'immense forêt de pins maritimes est la richesse de toute les Landes. Sculptée par la main de l'homme pour désengorger les marais, elle offre aujourd'hui des paysages étonnants et variés que l'on peut visiter.
Type de média :
Date de diffusion :
26 mai 2014
Source :
FR3 (Collection: Midi en France )

Éclairage

Les Landes, une forêt apprivoisée
 
Il y a cent cinquante ans, les Landes étaient une étendue marécageuse que même les plus téméraires n’osaient pas traverser comme en témoignent les photographies de Félix Arnaudin. Aujourd’hui, Les Landes est la plus grande forêt artificielle d’Europe, on y cultive surtout le pin et il habille tout le département des Landes, un million d’hectares et des gardiens. Parmi eux, Arnaud Bassibey, agent ONF, gère la production de bois sur les parcelles autour de Seignosse, commune de la côte sud des Landes située au bord de l'Océan Atlantique. Ici, on est typiquement dans la forêt landaise, dont l’essence principale est le pin maritime. La forêt est là pour produire du pin, pour être belle mais elle a ce but de produire du bois. En bon guide, cet agent ONF explique que « dans une quinzaine d’années, ici, les pins seront tous coupés et on repartira sur une nouvelle génération qui mettra cinquante ans pour nous donner ce beau peuplement qu’on a autour de nous » mais ce qui fait la beauté des Landes c’est la diversité de ses paysages (forêt de pins, buissons …). Ici, dans cette parcelle, l’homme n’a rien touché, c’est la nature qui se régénère toute seule et derrière le pin c’est toute une biodiversité qui pousse en silence : fougère, chêne liège … un cortège floristique très très diversifié et chacun trouve sa place.

De plus, la forêt landaise est un espace de chasse où se pratique notamment la chasse à la palombe. Haut lieu de la chasse à la palombe, la palombière constitue une drôle d’habitation que l’on retrouve dans la forêt landaise, une cabane typique du Sud-Ouest faite pour ce type de chasse. Régis Duprat, chasseur, vit la moitié de l’année dans sa palombière, une sorte de poste avancé de 5 m² planté pour observer le passage des oiseaux. « On est palombière jour et nuit » confie-t-il. Comme tous les chasseurs, Régis joue un rôle dans la gestion de la forêt, c’est lui qui a la charge d’entretenir cette parcelle en taillant les pins ou les chênes liège. Quant à Arnaud, autre acteur de cette gestion de la forêt, en poste ici depuis dix sept ans, il aime tellement sa forêt qu’il la fait visiter chaque semaine, ce dont il rêvait déjà enfant. Il emmène ainsi des marcheurs à la découverte d’une nature capable de sculpter des chefs-d’œuvre, à l’instar de cet arbousier de cent huit ans montré à l’écran, « nos marcheurs n’en reviennent pas ».

Mais pour préserver une telle beauté, l’homme a dû bâtir une forteresse naturelle : des dunes de sable qui protègent les pins du vent et des inondations, car de l’autre côté de la dune, à seulement cent mètres, c’est l’Océan Atlantique. Littoral et forêt, dans les Landes tout est lié. Cette dune n’est donc pas naturelle, elle est l’œuvre de l’homme. La dune est une cité interdite mais le guide emmène ici les visiteurs pour marquer les esprits et faire prendre conscience du danger de l’ensablement pour l’écosystème local. En cette première journée à Seignosse de l’émission « Midi en France »,diffusée le 26 mai 2014 sur France 3, chacun réalise ainsi à quel point la préservation du littoral est une priorité, la condition sinequanone pour que la forêt des Landes reste l’une des plus belles forêts d’Europe.
Marie Pendanx

Transcription

Journaliste
Il y a 150 ans, les Landes ressemblaient à ça. Une étendue marécageuse que même les plus téméraires n’osaient pas traverser. Aujourd’hui, les Landes est la plus grande forêt artificielle d’Europe. On y cultive surtout le pin, et il habille tout le département des Landes. 1 million d’hectares et des gardiens. Arnaud est l’un d’eux. C’est lui qui gère la production de bois sur les parcelles autour de Seignosse.
(Bruit)
Arnaud Bassibey
Là, ici on est typiquement dans la forêt landaise. Essence principale : le pin maritime. La forêt est là pour produire du bois, pour être belle ; parce qu’il ne faut pas se cacher ; elle est belle. Mais elle a ce but de produire du bois. Et donc, dans une quinzaine d’années ici, les pins seront tous coupés et on repartira sur une nouvelle génération qui mettra 50 ans pour nous redonner ce beau peuplement qu’on a autour de nous.
Journaliste
Mais ce qui fait la beauté des Landes c’est la diversité de ses paysages. En quelques mètres nous voici passés de la forêt de pins aux huissons. On se croirait dans une garrigue. C’est dans cette parcelle qu’aujourd’hui Arnaud vient observer la pousse de la nouvelle génération de pins. Ici, l’homme n’a rien touché. C’est la nature qui se régénère toute seule. Et derrière le pin, c’est toute une biodiversité qui pousse en silence.
Arnaud Bassibey
Vous voyez de la fougère, on a du ciste à feuille de sauge, on a du chêne liège juste à côté. Donc voilà, on a un cortège floristique qui est très très diversifié. Et chacun trouve sa place.
Journaliste
Mais dans cette forêt des Landes, on tombe aussi sur de drôles d’habitations. Nous voici devant une palombière. Une cabane typique du sud-ouest faite pour la chasse à la palombe. Ici, nous sommes chez Régis. Il est chasseur et il vit la moitié de l’année dans sa palombière. Une sorte de poste avancé de 5m² planté pour observer le passage des oiseaux.
Régis Duprat
Moi, je me prends pour un oiseau. Je me prends pour l’oiseau qui voudrait se poser dans ma palombière. Alors, je fais tout pour organiser le mouvement et l’attirance des oiseaux. Alors, on est toujours en train la nuit, on réfléchit autant que le jour. On est en train de... on est palombière jour et nuit quoi.
Journaliste
Comme tous les chasseurs, Régis joue un rôle dans la gestion de la forêt. C’est lui qui a la charge d’entretenir cette parcelle de la forêt en taillant les pins ou les chênes lièges.
Régis Duprat
Là, voilà, les grandes tailles qu’on a fait ; qui nous gênaient pour la visibilité de la mer et des replis.
Arnaud Bassibey
Leur rôle au niveau de ce secteur, oui, c’est d’entretenir. De toute manière, s’ils n’entretiennent pas, ils ne pourront pas chasser. Tout ce qui est feuillu, chêne liège, chêne pédonculé, ben ça continue à grandir. Donc, si ils ne rabattent pas le haut pied, ils vont avoir un manque de visibilité pour cueillir, pour voir le gibier.
(Musique)
Journaliste
Et pour comprendre les règles de la forêt, il a fallu qu’Arnaud l’apprivoise. Une vocation qu’il a en lui depuis qu’il est enfant.
Arnaud Bassibey
J’ai su connaître et peut-être être touché par ce côté majestueux. À chaque coin de chemin on va avoir un paysage différent. Plus de genêts d’un côté, plus de chênes, plus de fleurs de l’autre côté. Et puis, petit à petit, j’ai appris... j’ai appris à connaître, j’ai appris à aimer. Et j’ai appris à la gérer, à... à savoir, à la pérenniser ; à savoir amener cette forêt le plus longtemps possible et qu’elle soit la plus belle possible.
(Musique)
Journaliste
Et il l’aime tellement sa forêt qu’il la fait visiter. Chaque semaine, il emmène des marcheurs à la découverte de l’autre visage de la forêt. Celle d’une nature capable de sculpter des chefs-d’œuvre comme cet arbousier de 108 ans. Un arbre unique. Nos marcheurs n’en reviennent pas.
Inconnu 1
Très surpris pour un arbousier. Bon, c’est exceptionnel même pour d’autres arbres, de voir des torsades et tout ça, mais pour un arbousier, alors là...
Inconnu 2
Pour un arbousier c’est exceptionnel.
Journaliste
Arnaud a passé son regard des centaines de fois sur cet arbre et il reste toujours ébahi.
Arnaud Bassibey
17 ans que je suis en poste ici et c’est vrai que cet arbre là je le connais depuis mon début. Et je le vois qui est toujours vivace, vivant ; qu’il se bat toujours et qui a des formes vraiment mais exceptionnelles, torsadées. On voit qu’il a souffert mais il est toujours là.
Journaliste
Mais pour préserver une telle beauté, l’homme a dû bâtir une forteresse naturelle ; une dune de sable qui protège les pins du vent et des inondations. Car de l’autre côté de la dune, à seulement 100 m, c’est l’océan atlantique. Littorales et forêts dans les Landes, tout est lié.
Arnaud Bassibey
Il faut penser que quand on avait commencé à reboiser la forêt landaise, plus on s’est rapproché de la côte, plus nos petits pins plantés étaient ensablés ou séchés par le sel. Donc, l’homme a eu l’idée un jour de dire ben, on va créer un rempart entre le sable de la mer et nos plantations. Et il avait pour but de protéger la forêt qu’on a derrière. Sans ça, on aurait une forêt très limité côté est ; avec tout un secteur qui, environ sur 1 kilomètre et demi, serait d’une végétation rase, sans vraiment de pins, puisqu’ils n’auraient pas supporté le contact du sable et du sel journalièrement.
Journaliste
Cette dune n’est donc pas naturelle. Elle est l’oeuvre de l’homme. D’habitude la dune est une cité interdite. Mais Arnaud amène ses groupes jusqu’ici pour marquer les esprits sur le danger de l’ensablement pour l’écosystème local. Et ça marche.
Inconnue
Vraiment, c’est très beau. Et je comprends maintenant le problème qui peut se poser au point de vue ensablement. Et je pense que je vais amener du monde pour découvrir ce que c’est la dune et les problèmes que ça peut causer.
Journaliste
Arnaud a gagné son pari. Après une marche aussi instructive, chacun réalise à quel point la préservation du littoral est une priorité. La condition sine qua non pour que la forêt des Landes reste l’une des plus belles forêts d’Europe.