Aménagement de la future base de loisirs à Armentières

27 mai 1980
04m 16s
Réf. 00026

Notice

Résumé :
Un lac de 44 ha à Armentières est transformé à la fois en une réserve d'eau potable pour la communauté urbaine de Lille et en base de loisirs. Jacques Vernier de l'Agence de l'eau explique le principe de cette réserve d'eau qui servira de sécurité en cas de pollution de la Lys. De plus, dans ce lac, se produit une auto-épuration naturelle.
Date de diffusion :
27 mai 1980
Source :
Lieux :

Éclairage

Les deux interlocuteurs du journaliste Marc Drouet nous donnent les clefs techniques et politiques de la genèse d’un grand projet d’aménagement métropolitain : la base des Prés du Hem à Armentières, gérée par l’ENLM, Espace Naturel de Lille Métropole, sous la tutelle de la Métropole Européenne de Lille (MEL).

Jacques Vernier, alors directeur de l’Agence de l’eau, nous propose une lecture technique du projet : il s’agit de créer un réservoir hydraulique pour la région de Lille à partir des eaux de la Lys. Plutôt que de pomper l’eau à 40 kilomètres au niveau d’Aire-sur-la-Lys, on opte pour la création d’un lac artificiel dans une zone de marécages près d’Armentières. L’idée germe en 1965, avant la constitution de la métropole. Ce n’est qu’en 1968 que les aménagements commencent grâce à une mise à disposition des terrains communaux pour le compte de la communauté urbaine de Lille-CUDL. La première phase est celle des dragages et des grosses tuyauteries qui bouleversent le marécage pour le transformer en un lac artificiel de 44 hectares et d’une capacité de 1 500 000 m3 d’eau en prétraitement d’épuration par oxygénation. C’est aussi l’idée d’en faire un plan d’eau pour développer les sports nautiques et un port de plaisance, et préserver la biodiversité par le maintien d’une roselière et de deux îlots pouvant accueillir 53 espèces d’oiseaux. Les berges du canal d’arrivée des eaux de la Lys, une fois aménagées depuis Nieppe, sont destinées à la pêche et à la promenade. Le document pointe, en 1980, la différence de traitement côté Belgique (très bien entretenu) et côté France (en piteux état) ; le travail reste à faire !

Comme le rappelle Gérard Haesebroeck, alors maire d’Armentières, très impliqué dans l’aménagement du territoire, le projet est porté à 50 % par l’Agence de l’eau, 25 % par le conseil régional, 10 % par le conseil général du Nord, 10 % par la ville d’Armentières et le reste par la CUDL. L’ambition est de créer autour du plan d’eau une base de loisir de quelque 140 hectares à vocation métropolitaine mais aussi régionale et transfrontalière. Pour ce faire, 30 millions de francs ont été engagés. Armentières se charge des équipements autour du plan d’eau : un centre équestre, la restauration de deux fermes flamandes sur le site pour des activités culturelles et associatives. La création paysagère n’est pas en reste comme l’atteste la plantation de 6 000 arbres et l’exclusion de la voiture sur l’ensemble du parc.

Le parc des Prés du Hem est aujourd’hui avec la Parc de la Deûle un des fleurons des espaces naturels de la MEL. Grand parc périurbain où l’on pratique autant les activités nautiques que les animations en famille, c’est aussi une réserve environnementale qui prend sa place dans le maillage vert et bleu voulu par la Métropole [1]. Il répond ainsi aux politiques de trame verte et bleue régionale et nationale et, au delà, s’inscrit dans le réseau écologique paneuropéen.


[1] Gouvernance  des trames vertes et bleues urbaines -Lille : http://www.trameverteetbleue.fr/sites/default/files/fiche_lille.pdf

Pour en savoir plus sur la base de loisirs :
Dominique Mons

Transcription

Journaliste
Voilà comment on fait d’une pierre deux coups. Ce lac de 44 hectares à l’ouest d’Armentières aurait pu n’être qu’une importante réserve d’eau potable pour la communauté urbaine de Lille pour les années à venir. En fait, le lac sera réserve d’eau, mais également le centre d’une base de loisirs de 130 hectares. L’histoire remonte à la fin des années 60 lorsqu’on a pris en compte deux données. L’accroissement de la consommation d’eau de l’agglomération Lilloise et l’aberration que représente l’actuel prélèvement à 60 km du lieu de consommation du côté d’Aire-sur-la-Lys. Le lac ainsi réalisé par creusement avec digue et puis dragage et rejet des boues. Le lac des Près du Hem aura une capacité de stockage de 1 500 000 m3 d’eau.
Jacques Vernier
Ce bassin n’est pas tellement une réserve. L’idée c’est que le jour où on pourra pomper de l’eau dans la Lys à Armentières pour en faire de l’eau potable, il est intéressant d’avoir une grande réserve. C’est une sécurité si jamais, il y avait un accident de pollution sur la Lys et puis un grand bassin comme ça de plusieurs dizaines d’hectares permet par simple aération, par simple oxygénation de l’eau, d’épurer en somme l’eau. Il y a déjà une sorte de prétraitement qui se fait dans ces grands bassins de manière naturelle.
Journaliste
Vous avez une usine pilote là-bas qui a analysé un petit peu pendant quelques années pour voir ce que ça donnait, cette auto épuration.
Jacques Vernier
Oui, dans un tout petit bassin, on avait vérifié que le simple séjour de l’eau pendant une trentaine de jours permet de diminuer considérablement la pollution de l’eau de l’ordre de 50 à 80 %.
Journaliste
L’autre vocation du plan d’eau, c’est naturellement les sports nautiques. Il permettra notamment la pratique de la voile, mais aussi la baignade. Tout au nord, une roselière de 15 hectares est maintenue en l’état. Elle servira de lieu d’observation de la nature. De plus, deux ilots se trouvent au milieu du lac, l’un sera interdit à l’accostage, il constitue déjà une réserve ornithologique dans laquelle 53 espèces d’oiseaux ont été recensées. Cependant, un effort reste à accomplir, notamment pour la commune de Nieppe qui s’exhibe pas ici ce qu’elle a de plus beau. En revanche, côté Belgique, la berge est impeccable. Enfin sur le chenal d'amenée de l’eau de la Lys, la pêche sera autorisée et sur les 130 hectares, l’automobile sera bannie.
Gérard Haesebroeck
Je voudrais rappeler en deux mots que l’idée première remonte à 1965, c’est-à-dire avant l’arrivée de la communauté. Quand la communauté est arrivée en 1968, il y avait les problèmes d’eau, d’alimentation en eau potable dans la métropole. Et nous avons accepté bien sûr de mettre une bonne partie de ces terrains à la disposition de la communauté urbaine de Lille. La communauté a aménagé avec le financement de l’agence de l’eau. Pour les terrains et sur les premières tranches à 50%, auxquels il faut ajouter aussi 25 % du conseil régional, 10% du conseil général et 10% de la ville d’Armentières. Le reste étant financé par la communauté, et la communauté donc a aménagé l’ensemble du plan d’eau et nous, ville d’Armentières, nous aménageons tous les équipements sportifs culturels, de promenade qui sont autour du plan d’eau. C’est une base et un équipement de caractère régional et même au-delà de la région puisque comme vous le savez, comme vous l’avez vu tout à l’heure, nous sommes mitoyens avec la Belgique et sans nul doute que nous attirerons aussi du public belge et même un peu plus loin et surtout de toute la région du Nord, Nord et pas de Calais. Je crois que c’est réellement un équipement régional, mais qui aura été dû surtout à l’initiative de la communauté urbaine de Lille et je dois dire aussi de la ville d’Armentières et de son conseil municipal.
Journaliste
Troisième type d’activités autour de ce lac, outre l’équitation, le culturel et la vie associative dans deux fermes flamandes qui ont été restaurées. Au total, l’investissement est colossal de l’ordre de 30 millions de francs, mais tout se compte ici par milliers. 6 000 arbres doivent encore être plantés. Quand à la population susceptible d’apprécier ce site, pour le seul département du nord, à moins de 25 km à la ronde vivent 1 million 400 mille personnes.
(bruit)