Tournage de Germinal par Yves Allégret

02 juin 1963
02m 58s
Réf. 00009

Notice

Résumé :

Reportage sur le tournage du film Germinal en Hongrie. Yves Allégret y a fait reconstituer le village de Montsou et le carreau de mine autour d'un puits datant de 1865. Des images de la télévision hongroise montrent le tournage d'une scène où l'eau envahit les galeries. Interrogé sur son adaptation, Yves Allégret explique qu'il a dû, pour respecter la durée du cinéma, adapter le roman tout en conservant l'histoire sociale et l'histoire d'amour entre Maheu et Lantier.

Type de média :
Date de diffusion :
02 juin 1963
Source :
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Si le film, tiré du roman d'Émile Zola, Germinal, tourné par Yves Allégret sorti sur les écrans en 1963, n'a pas connu un grand succès, il s'est néanmoins voulu très fidèle au récit de l'écrivain naturaliste. Le réalisateur est allé jusqu'en Hongrie afin de trouver un puits de mine, datant de 1865, lui permettant de donner à son film le cadre historique et industriel le plus proche possible de celui du roman. Le village de Montsou, celui imaginé par Zola, ainsi que le carreau de la mine ont, quant à eux, été entièrement reconstitués, de façon à y faire se dérouler : un mouvement de grève – événement très courant, mais souvent dramatique, dans la vie des bassins miniers au XIX°e siècle – et une catastrophe – phénomène également fréquent dans celui d'une exploitation houillère à cette époque et encore de nos jours, dans celles qui continuent leur production.

Les arrêts du travail dans les bassins miniers français ont, dans la seconde moitié du XIXe siècle, généralement pour cause, soit les conditions de travail, soit l'insuffisance du salaire. Elles sont l'occasion pour les ouvriers de manifester leur colère, voire leur haine, à l'égard des compagnies et de leurs agents – directeurs, ingénieurs, maîtrise - mais également de faire preuve de solidarité face à la fatalité des accidents dont ils sont victimes dans l'exercice de leur métier. Les incendies, les explosions de gaz - dit "grisou" -, les éboulements et les inondations sont les quatre sources de danger qui guettent le mineur dans son travail d'extraction de la houille. Yves Allégret a tout comme Zola dans Germinal (1885) et Hector Malot dans Sans famille (1878), fait déferler des torrents d'eau meurtriers dans les galeries.

L'adaptation nécessaire pour adapter le roman touffu en événements à la durée du cinéma (le film dure 1H50) a été confiée au scénariste Belge Charles Spaak (l'auteur de La Belle Équipe, de La Grande Illusion...) qui avait commencé à travailler sur l'adaptation pour Julien Duvivier qui abandonnera le projet finalement réalisé par Yves Allégret.

Ce réalisateur très sensible aux questions sociales a, pour mettre en scène cette saga dans laquelle se mêlent guerre sociale et histoire d'amour, demandé à des acteurs connus, ou qui le deviendront, de jouer les personnages centraux du roman de Zola : Bernard Blier, interprète le patron Hennebeau, Pierre Brasseur interprète Chaval, Berthe Grandval Catherine et Jean Sorel Lantier, un rôle qui sera repris en 1992 par Renaud dans le film du même nom tourné par Claude Berri. Germinal a été à l'origine de nombreuses adaptations cinématrographiques qui ne portent pas toujours le nom donné par Zola à son roman. Une des toutes premières a été celle de Capellini en 1913, tournée à la fosse 5 d'Auchel.

Diana Cooper-Richet

Transcription

(Musique)
Michel Chastant
L’écriture cinématographique du romancier a servi Yves Allégret pour la réalisation du film entrepris d’après Germinal . En Hongrie, près de Budapest, le metteur en scène a fait construire de toutes pièces Montsou, la ville des mineurs. Pour les nécessités du tournage, il a également trouvé un puit datant de 1865 et rappelant le terrible Voreux. Enfin, il a reconstitué en extérieur un carreau de mine, où revit l’histoire de la grève, où se peignent les bousculades des charbonniers, agités tantôt par la colère, emportés tantôt par un immense élan de solidarité envers les innocentes victimes du métier, de la haine, de la fatalité.
(Musique)
Michel Chastant
Ces images de la télévision hongroise se rapportent au tournage des scènes où l’eau déferle dans les galeries, ronflant dans les entrailles de la terre, bousculant hommes et choses ; poursuivant Catherine, Lantier et Chaval que Berthe Granval, Jean Sorel et Claude Brasseur incarnent dans le film.
(Musique)
Michel Chastant
Mais pour rester dans le cadre d’une durée normale de projection, le metteur en scène a dû nécessairement resserrer un roman épais et dense de type feuilletonesque. Alors la question se pose, Yves Allégret, quelle a été votre option fondamentale, avez-vous choisi de traiter le fait social ou le fait humain ?
Yves Allégret
J’ai traité les deux, le fait social et le fait humain, c’est-à-dire que j’ai conservé l’histoire sociale, l’histoire des premières grèves des mineurs et l'admirable histoire d’amour entre Catherine Maheu et Etienne Lantier.
Michel Chastant
Beaucoup de réalisateurs de cinéma avaient la tentation de porter Germinal à l’écran, ils ont reculé surtout pour une question d’argent. Est-ce que vous avez pu la résoudre facilement, en ce qui vous concerne ?
Yves Allégret
Non, je ne l’ai pas résolu facilement du tout, j’aurais gagné plus d’argent peut-être que le film serait mieux, c’est possible. Mais je crois que quand on a un amour du sujet tel que moi je l’avais depuis de très, très nombreuses années ; quand on est intéressé comme je le suis depuis toujours par les questions humaines et les questions sociales, je crois que, on peut relativement facilement et en se donnant énormément de mal, je crois qu’on peut reconstituer l’atmosphère et les conditions de travail à l’époque de Zola.