Le patrimoine insolite du Bassin minier

19 septembre 2009
02m 40s
Réf. 00087

Notice

Résumé :

La direction des affaires culturelles monte un dossier pour inscrire au patrimoine, des monuments remarquables du Bassin minier. On suit deux recenseurs de la DRAC dans leur enquête : une maison qui est un ancien puits transformé en habitation, l'église de Waziers construite en 1924 en forme de galerie de mine dans un style art déco, l'église de La Sentinelle, "La Goute de lait" où on distribuait le lait pour les mères et les nourrissons. Sur le fronton du monument aux morts de la guerre 1914-1918 un mineur est représenté. Rares sont ceux en France qui sont consacrés à la fois aux Poilus et à un métier.

Type de média :
Date de diffusion :
19 septembre 2009

Éclairage

Dans le cadre de la procédure d'inscription du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, ce reportage de 2009 insiste sur des éléments peu connus et originaux du patrimoine minier, trop souvent résumé aux chevalements, terrils ou cités minières.

La présentation du reportage a lieu sur l'ancien carreau de la mine de Lewarde, forcée en 1921 et fermée en 1971. Transformé en un musée ouvert en 1984, il est devenu un des symboles du volet patrimonial de la reconversion. Il s'agit ici d'une reconversion patrimoniale intégrale, c'est-à-dire conservant les structures et les bâtiments du carreau dans un but muséal et donc pédagogique et mémoriel. Le reportage aborde ensuite l'aspect indirect de la reconversion patrimoniale qui passe par la réutilisation des héritages de la mine et de l'industrie à des fins autres que la préservation mémorielle. Ainsi est d'abord présentée la récupération, à des fins résidentielles, des bâtiments d'une ancienne fosse, non située dans le reportage. La discrétion de ce patrimoine n'a pas favorisé sa mise en valeur et le reportage insiste justement sur le parcours de deux recenseurs de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) qui réalisent un inventaire de ce patrimoine minier un peu méconnu et présenté comme insolite.

Au-delà de ce premier exemple très spécifique, les autres exemples de patrimoine présentés balaient une partie seulement du large spectre des héritages miniers et industriels. Les églises sont un de ces éléments qui, à première vue, ne sont pas des héritages miniers mais qui ont en fait bien été construits par les Compagnies et faisaient donc partie du système des villes-mines du Bassin houiller. Celle de Notre-Dame-des-Mineurs à Waziers a été bâtie dans les années 1920 pour servir de lieu de culte aux habitants de la cité de la Clochette et de la cité Notre-Dame construites par la Compagnie des mines d'Aniche pour les fosses Gayant et Notre-Dame aux confins des communes de Douai et Waziers. Son architecture, présentée dans le document, rappelle à la fois les églises polonaises, car de nombreux mineurs des cités voisines étaient des immigrés polonais, et une galerie de mine, ce qui la rattache finalement clairement au patrimoine minier.

L'église de La Sentinelle présentée ensuite fait elle aussi partie, à double titre, du patrimoine minier. En effet, en 1854, la Compagnie des mines d'Anzin a réutilisé pour cet édifice un bâtiment abritant le puits et la machine à vapeur de la fosse de La Sentinelle, en activité de 1818 à 1830. Cette église est donc symbolique de l'interpénétration entre la vie professionnelle et la vie personnelle du mineur.

Les exemples présentés ensuite, comme le bâtiment de la Goutte de Lait à Auchel, construit en 1903 par la Compagnie des mines de Marles (on remarque les lettres MM sur la façade) pour l'approvisionnement en lait des mères et la consultation des nourrissons, ou encore comme le monument aux morts, inauguré en 1928 sur la même commune (le seul du Bassin présentant un mineur aux côtés des soldats), sont aussi des éléments indirects du patrimoine minier. Ce dernier inclut beaucoup d'autres éléments insolites non présentés dans le reportage (qui indique d'ailleurs que 70 "pépites" insolites ont été recensées), comme des monuments célébrant les luttes ouvrières ou les catastrophes minières, des châteaux patronaux, des étangs d'affaissements miniers, des stades ou encore des dispensaires, des écoles ou des crèches...

Le patrimoine minier et industriel a ainsi été élargi bien au-delà des traditionnels chevalements ou cités ouvrières et s'apparente en réalité à un paysage culturel, actif pendant plus d'une centaine d'années et aujourd'hui hérité de l'exploitation minière. C'est à ce titre de paysage culturel que le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 2012. Les sites présentés dans ce reportage sont d'ailleurs tous inclus dans le périmètre inscrit et sont tous (à l'exception de l'église de La Sentinelle), des biens nommément inscrits.

Simon Edelblutte

Transcription

Christelle Sabarots
De monuments, cela dit, il y a en a quelques-uns, des monuments qui sont intéressants.
Jean François Caron
Oui, oui, bien sûr.
Christelle Sabarots
Qui sont liés à l’histoire de la mine dans la région, au-delà des terrils ou des puits de mines. Certains bâtiments qui reflètent par exemple l’organisation sociale de l’époque, la Direction Régionale des Affaires Culturelles tente d’en classer un certain nombre. Cédric Ramon et Yves [Boutry] les ont suivis pour une petite visite.
(Musique)
Cédric Ramon
Depuis un an, ces deux recenseurs montent un dossier pour inscrire au patrimoine quelques monuments du bassin minier. Dans leur galerie d’originalité, cette maison, un ancien puit transformé en habitation.
Anne Lefebvre
Ici, on découvre sur l’arrière dans le jardin ce qui était un mur pignon et qui, visiblement, est le mur de l’ancien chevalement. C’est le seul et seul bâtiment de fosse de cette date-là, 1830, donc quand même les débuts de l’extraction charbonnière dont il reste quelque chose de visible.
(Musique)
Cédric Ramon
Parfois, l’insolite se cache derrière des bâtiments à l’apparence anodine, comme l’Eglise de Waziers, construite en 1924 en forme de galerie de mine dans un style art et déco.
Intervenant 2
Il y a à la fois des éléments traditionnels de type polonais, puisque ici on était dans une cité à majorité polonaise qu’on retrouve dans les mobiliers en bois ou dans les lustres et aussi des éléments de modernité. Donc, on est en pleine période d’art et déco, donc on trouve l’usage de la mosaïque sur les murs, sur les autels, sur les luminaires, dont ces grands chandeliers.
(Musique)
Cédric Ramon
A l’époque, pour les compagnies minières, rien ne se perdait. Témoin, l’Eglise de la Sentinelle, bâtie sur les vestiges d’une fosse épuisée. Le chevalement de 20 mètres a laissé place à un clocher. La salle des machines a un chœur, du coup, la nef en a hérité d’étranges proportions.
(Musique)
Intervenant 2
Nous sommes à Auchel, à l’ancienne Goutte de Lait, donc qui accueillait une consultation de nourrissons et la distribution du lait pour les mères, afin de faire, de réduire massivement la mortalité infantile dans le bassin minier.
Cédric Ramon
Des vaches aux pis gonflés et des nourrissons qui feront de bons mineurs, le bâtiment porte la trace du paternalisme de l’époque. Signe de l’attachement à la mine, le monument aux morts de la guerre 14-18, rares sont ceux en France consacrés à la fois aux poilus et à un métier. Le bassin minier recèle bien d’autres pépites, les Affaires culturelles en ont recensé 70. Pour les découvrir, dans ce pays, pas toujours besoin de creuser, il suffit parfois de flâner.