Le problème de l'emploi pour les femmes

17 juin 1972
01m 57s
Réf. 00207

Notice

Résumé :

Ce magazine de 1972 aborde le problème de l'emploi des femmes dans le Nord-Pas-de-Calais, sur des images de soudeuses sur un chantier naval à Dunkerque. Le commentaire souligne que des secteurs comme les mines et la sidérurgie offrent peu de possibilité aux femmes, il faut donc créer des emplois "adaptés à la main d'œuvre féminine". Un responsable souligne qu'il faut ouvrir les industries modernes au travail féminin ce qui suppose la formation des femmes à ces métiers et que l'on ne réserve plus des emplois en fonction du sexe.

Type de média :
Date de diffusion :
17 juin 1972
Source :
ORTF (Collection: SPECIAL NORD )

Éclairage

Le problème de l'emploi féminin est particulièrement prégnant dans la région Nord-Pas-de-Calais à partir des années soixante-dix, alors que le secteur textile, traditionnellement grand pourvoyeur de travail pour les femmes, s'enferre dans un long déclin irréversible. L'enjeu touche aussi le bassin minier car il s'agit de compenser la baisse drastique des emplois dans les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais, qui ont employé jusqu'à 220 000 personnes en 1947, contre 63 000 personnes en 1972. Or le Bassin minier est traditionnellement caractérisé par un sous-emploi féminin, qui s'explique par le salaire relativement élevé du mineur, une natalité forte, et un niveau scolaire faible. Il existait toutefois une tradition pour de nombreuses femmes du Bassin minier d'aller travailler dans les grandes usines textiles de la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing, qui organisaient des ramassages. Ce secteur connaît des difficultés encore modérées à la date de l'émission, mais qui vont très rapidement s'aggraver pour déboucher sur des faillites retentissantes au début des années 1980. L'enjeu est donc d'augmenter le taux d'emploi féminin et son niveau de formation, en trouvant des débouchés dans de nouveaux secteurs d'activités, au-delà du textile.

L'exemple donné par l'émission concerne la construction navale, un secteur industriel où de nombreux ouvriers qualifiés sont employés. Plus précisément, il s'agit du chantier naval de Dunkerque, le troisième port de France. La société des Ateliers et chantiers de France est fondée en 1899 alors que le port vient d'être modernisé par le plan Freycinet. Les chantiers passent sous le giron du groupe Schneider en 1960, qui les fusionnent avec les chantiers de Bordeaux. Ces derniers ferment en 1970. Dunkerque est donc l'un des cinq grands chantiers restant en France (Dunkerque, Saint-Nazaire, Nantes, La Ciotat et La Seyne), avant de fermer en 1987, à peu près au même moment que quatre de ces cinq chantiers, le seul survivant étant Saint-Nazaire. Le chantier s'est déjà spécialisé dans la construction de navires à forte valeur ajoutée. En 1972, il connaît quelques difficultés conjoncturelles car Schneider est obligé de lui consentir une avance de trésorerie et de contribuer à une augmentation de capital. Le chantier reste toutefois prospère jusqu'au début des années 1980, il s'agit donc d'un débouché qui semble sûr, même si la concurrence japonaise fait rage.

De manière surprenante, le reportage n'évoque pas le développement des emplois tertiaires, qui sont un débouché très important pour la main d'œuvre féminine, et ce à tous les niveaux de qualification. On peut également mentionner l'exemple de l'Imprimerie nationale de Douai, qui emploie un tiers de femmes. De toute façon, la croissance du taux d'activité féminin est une tâche de longue haleine. Un rapport de 1996 sur la reconversion du bassin minier soulignait que, plus de quinze années après la fermeture des mines, l'héritage de la division des tâches à la mine et d'un fort taux de natalité restait prégnant car le taux d'activité féminin restait inférieur à la moyenne régionale de 10% dans les arrondissements de Béthune-Douai, de 15% dans le Valenciennois, de 17% dans la région de Lens. L'évolution culturelle est parfois plus lente que les mutations socio-économiques.

Laurent Warlouzet

Transcription

Daniel Bilalian
Le problème de l’emploi se pose d’une manière encore plus aiguë pour les femmes. Une récente étude fait apparaître que dans la région du Nord, 100 000 d’entre elles accepteraient d’exercer une activité professionnelle si la situation économique le permettait.
(Bruit)
Daniel Bilalian
Certains secteurs d’activités industrielles traditionnelles comme les mines et la sidérurgie n’offrent que peu de possibilités à l’emploi féminin. Ce qu’il faut donc créer, ce sont des emplois industriels ou de bureaux adaptés à la main-d’œuvre féminine.
(Bruit)
Intervenant
A distance, on a l’impression que la région du Nord a beaucoup de femmes qui travaillent. Et c’est vrai pour le textile, c’est vrai pour la confection. Mais pour le reste, il y a des difficultés très grandes pour l’emploi féminin dans l’ensemble du Bassin minier et dans toutes les zones métallurgiques. Donc là, il y a beaucoup à faire, car la tentation pour les décideurs, c’est d’amener des emplois féminins sous le couvert de l’habillement. Enfin, ce sont des industries qui ne développent pas une grande qualification, chacun le sait, et aussi qu’il reste un salaire très faible. Donc, il faut ouvrir les industries modernes au travail féminin aussi souvent que possible. Ce qui suppose qu’on forme les femmes à ces métiers et qu’on les laisse entrer dans les ateliers, et qu’on ne réserve plus comme par le passé. Ça, c’est un emploi au masculin, ça c’est un emploi au féminin.