Les parcs régionaux ont 30 ans

11 juin 1997
02m 49s
Réf. 00261

Notice

Résumé :

Reportage dans le plus ancien parc naturel, le parc régional de la Scarpe et de l'Escaut créé près de l'ancien bassin minier. Il est devenu un lieu de loisirs : sports, bases aquatiques et de loisirs, pêche... Xavier Pouille, Chargé de mission Agriculture du Parc explique que l'on propose aux agriculteurs qui y sont installés des pratiques respectueuses de la flore et la faune. La réussite du parc c'est aussi la mise en valeur du patrimoine minier avec des terrils recouverts de végétation ou encore près de Rieulay des terrils en exploitation qui, précise Daniel Mio, Président du Parc régional, génèrent de l'emploi avec la centrale thermique qui marche grâce aux résidus de charbon.

Date de diffusion :
11 juin 1997
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )
Personnalité(s) :

Éclairage

En 1964, une mission est mandatée par le Ministre de l'Agriculture, Edgar Pisani, et la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) pour imaginer une forme de parcs moins contraignante que celle des Parcs nationaux (1960) sur des territoires ruraux habités au patrimoine remarquable. Le 1er mars 1967 le Général de Gaulle signe le décret créant les Parcs naturels régionaux (PNR). Ceux-ci ont pour vocation d'équiper les grandes métropoles en aire de détente ; ils doivent également aider les zones rurales à trouver de nouvelles voies de développement par la mise en valeur de leurs richesses naturelles et culturelles. En 1968, est créé le parc appelé initialement Saint-Amand-Raismes, qui couvre alors 12 000 hectares, aux portes de l'agglomération lilloise. Cependant cette situation fait aussi que le parc avoisine ou recoupe des espaces miniers, ceux de l'ouest du bassin du Nord-Pas-de-Calais et des anciennes compagnies d'Aniche, d'Anzin et de Valenciennes. Le PNR Saint-Amand-Raismes ne peut donc rester étranger à ces espaces, certes en partie urbanisés mais qui ont conservé une dimension rurale. Il le peut encore moins à mesure que les puits ferment, et que la question de l'usage des terrils et des friches minières se pose de plus en plus.

Un certain nombre d'acteurs locaux sont très tôt conscients de cet enjeu, et de la nécessité de faire du patrimoine minier l'un des traits distinctifs du parc. C'est en particulier le cas de Daniel Mio, futur président du Centre Historique Minier de Lewarde, et qui devient dans les années 1970 maire de la petite commune de Rieulay (1). Ce dernier obtient que sa commune, et son terril de 140 hectares, soit englobés dans le territoire du parc, dont il devient en 1989 le président. Sans doute cette incorporation de zones et de paysages industriels, même en voie de transformation et en partie d'effacement, ne se fait-elle pas sans débat, tant elle heurte les définitions stéréotypées du Parc naturel et du paysage (2). Il reste que l'évolution a lieu, et que les projets lancés par Daniel Mio parviennent à aboutir. Aujourd'hui, celui qui est devenu le PNR Scarpe-Escaut couvre 43 000 hectares, qui constituent le cadre de vie de 162 000 habitants. Ce parc épouse la frontière avec la Belgique pour former avec le parc voisin des Plaines de l'Escaut, le parc naturel transfrontalier du Hainaut. La mise en valeur du patrimoine industriel et paysager né du charbon (chevalements, carreaux de fosse, terrils) n'a cessé de se développer. Le PNR met beaucoup en avant cet "arc minier" qui couvre le sud de son territoire, par exemple à travers la course des terrils, qui a lieu chaque année à la fin du mois de septembre ou encore la mise en place d'une Maison du terril à Rieulay. De manière plus générale, la végétalisation de ces terrils, la naissance d'étangs ou de zones humides à partir des affaissements miniers ont créé de nouveaux espaces naturels, que le parc protège et fait découvrir aux visiteurs, ainsi avec un centre d'éducation à l'environnement sur le site de la fosse Amaury à Hergnies. Les actions lancées au sein du PNR visent par ailleurs à faire de ce dernier un lieu de développement économique et social durable, qui puisse stimuler cette partie de l'ex-bassin minier, en misant de plus en plus sur les services et les loisirs (création de bases de loisirs aux abords des terrils, tels que le lac des Argales à Rieulay ou le site Sabatier à Raismes).

(1) Voir Les paysages de la mine. Un patrimoine contesté ?, Lewarde, Éditions du Centre Historique Minier, 2009, p. 212.

(2) Hélène Mélin, "Le dualisme nature/culture à l'épreuve du paysage. Regard sur l'industrie comme élément du paysage naturel", Sociétés, n°109, 2010, p. 11-24.

Marion Fontaine

Transcription

Patrick Chêne
En 1967, le Général de Gaulle créait les parcs naturels régionaux. Aujourd’hui, on en compte 32 en France, et ils couvrent 10 % de notre territoire. Pour célébrer ce 30ème anniversaire, Valérie Gaget et Roger Mathurin se sont rendus dans le plus ancien parc naturel régional. Le parc de la plaine de la Scarpe et de l’Escaut dans le Nord-Pas-de-Calais, que vous allez découvrir donc sur cette carte. Ce parc a su rester fidèle à ses racines minières.
Valérie Gaget
Au confluant de la Scarpe et de l’Escaut au nord de Valencienne et au sud de l’agglomération Lilloise, s’étend les doyens des parcs naturels régionaux français. Créé en 68, sa vocation initiale était de servir de poumon vert dans une zone très urbanisée. Mission parfaitement accomplie, aujourd’hui plus d’un million de visiteurs empruntent chaque année les chemins du parc, parmi eux, près de 10 000 scolaires.
(Bruit)
Intervenant
La futée, ce sont des grands arbres qui n’ont jamais été coupés, qui proviennent de graines, qui sont tombées dans la forêt.
Inconnu
80, 90.
Valérie Gaget
Mais un parc naturel, ce n’est pas une réserve, c’est un espace de découverte, mais aussi une zone habitée, une zone où l’on travaille. 450 agriculteurs sont par exemple installés dans la plaine de la Scarpe. Et déjà, plus d’un sur quatre a passé un contrat avec les autorités du parc, s’engageant à employer des méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement.
Xavier Pouille
On propose aux agriculteurs de modifier leur pratique.
Valérie Gaget
C’est à dire ?
Xavier Pouille
Les pratiques que l’on propose c’est notamment la baisse de la fertilisation azotée pour retrouver une plus grande diversité de la flore ; mais c’est aussi des dates de fauche retardées, comme sur cette parcelle ici pour favoriser la nidification et puis des opérations de plantation de sol.
Valérie Gaget
Mais la plus belle réussite du parc, c’est peut-être d’avoir su mettre en valeur son patrimoine minier. Certains terrils sont laissés en l’état et se couvrent peu à peu de végétations, d’autres sont encore exploités. Exemple ici à Rieulay, où depuis 75, on extrait des résidus de charbon et des schistes. Un parc naturel régional, ça sert aussi à préserver des emplois.
Daniel Mio
Ici sur le terril, du fait de l’exploitation et de la façon dont on fait le travail, ici au moins, il y a 25 emplois. Mais ces 25 emplois-là maintiennent les 200 emplois de la centrale qui est à côté. Le jour où il n’y aura plus de charbon ici et qu’on arrête l’exploitation, la centrale s’arrête également, puisqu’elle n’a plus de combustible.
Valérie Gaget
L’affaissement des anciennes galeries des mines de charbon a créé des étangs. Beaucoup ont été transformés en base de loisir, sous les pavés du nord la plage au grand bonheur de beaucoup d’enfants qui ne partent pas en vacances.
(Bruit)