Le simulateur d'aérage de Drocourt

16 février 1969
06m 48s
Réf. 00355

Notice

Résumé :

Monsieur Puybaraud, chef du Centre de calcul d'aérage de Drocourt, présente un appareil électronique qui reproduit, très exactement en laboratoire, les conditions de circulation de l'air et ses caractéristiques, au fond de la mine. Cet appareil permet de déterminer sous quelle pression il convient de ventiler pour obtenir une évacuation rapide des gaz de houille.

Type de média :
Date de diffusion :
16 février 1969
Source :

Éclairage

Ce document de 1969 est assez technique. Il porte sur la question de l'aérage des mines et donc le combat pour la sécurité visant à diluer le grisou dans l'air qui circule en permanence dans les galeries. La réglementation impose que le volume de grisou soit inférieur à 1% dans certaines parties des galeries. Le grisou est un gaz naturel qui s'échappe des couches de charbon. Il est à l'origine de nombreuses catastrophes minières comme celle de "Courrières" en 1906 (1 099 victimes).

La fosse de Drocourt, fermée en 1952, est devenue le siège du service géologique et possède alors le simulateur d'aérage des Charbonnages dont on voit ici les installations.

L'ingénieur des Mines, Monsieur Puybaraud, prend appui sur le très important matériel cartographique de l'exploitation, ici le siège 18 du groupe de Lens. Il évoque "un plan de bataille".

L'équipe technique réalise des relevés au fond en photographiant la surface du débit d'air et avec l'aide d'un anémomètre électronique. La pression varie de façon importante avec la profondeur.

Après la phase des relevés et leur traitement par un ordinateur, vient celle de la simulation. Par analogie entre le débit d'air au fond et la circulation électrique sur la maquette pilote, les techniciens peuvent évaluer si le débit d'air est suffisant pour diluer le grisou et, éventuellement, faire des préconisations aux ingénieurs chargés de l'exploitation.

La qualité et l'intensité de l'aérage diminue la présence du grisou et réduit les risques d'accidents. C'est un enjeu majeur de la sécurité dans les mines qui fait l'objet de nombreuses recherches par le CERCHAR (Centre de recherche des Charbonnages de France) depuis sa création en 1947, ainsi que des recherches financées par la première Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA).

En dépit de ces recherches et de ces travaux attentifs, le grisou provoquera encore des catastrophes en France comme celle de Liévin en 1974 (42 victimes), ou celle de Forbach, en Lorraine, en 1985 (22 victimes).

Philippe Mioche

Transcription

(Musique)
Journaliste
Monsieur Puibaraud, vous dirigez le centre de calcul d’aérage. Quelle est la mission qui a été confiée à ce centre, s’il vous plaît ?
Guy Puibaraud
Bien, la mission qui a été confiée à ce centre de calcul d’aérage, c’est l’étude des différents sièges d’exploitation du bassin du Nord et du Pas-de-Calais au point de vue ventilation. Le problème des ventilations se pose de la façon suivante, l’exploitation fait dégager une certaine quantité de grisou. Nous devons diluer ce grisou pour le rendre totalement inoffensif et dans ce but, il faut, pour réaliser ce but, il faut faire passer dans tout le réseau de galerie du fond un certain débit d’air ; et c’est ce débit d’air que nous essayons de déterminer par des méthodes appropriées.
Journaliste
A partir de quel pourcentage peut-on dire que le grisou a perdu son danger ?
Guy Puibaraud
Bien, le grisou est devenu inoffensif lorsqu’il est suffisamment dilué et suivant les points de la mine, nous nous fixons, d’ailleurs le règlement nous fixe, des teneurs à ne pas dépasser. Nous avons, par exemple, dans certaines régions l’obligation de ne pas dépasser une teneur de 1% par exemple. Alors, le plan que nous avons ici sur cette table représente le siège 18 du groupe de Lens, le plan de bataille. Alors, nous avons ici la disposition des chantiers, nous avons là-dessus un certain nombre de galeries. Il faut que par les moyens qui sont à notre disposition, nous réalisions une ventilation convenable pour obtenir cette dilution satisfaisante.
Journaliste
Monsieur [Lefèvre], vous êtes le chef d’une équipe de techniciens qui actuellement est au fond et procède à des relevés qui vont servir au centre ici. En quoi consiste votre travail à vous ?
Intervenant 2
Et bien, notre travail avec l’aide de Monsieur [Calzac], est de relever exactement l’état des galeries. Alors, comment procédons-nous ? Nous balisons d’abord ces galeries, balisons c’est-à-dire les reconnaître, les décrire exactement. Nous procédons en deuxième temps à la photo de certains points. Ces photos étant destinées à voir la surface précise dans laquelle passe un débit d’air. Alors, nous procédons, comment procédons-nous pour prendre ce débit d’air ? Nous utilisons l’anémomètre électronique.
Journaliste
Comment déterminez-vous les points à partir desquels vous allez faire vos relevés, parce que vous ne les faites pas n’importe comment ?
Intervenant 3
Non, nous avons un socle qui est disposé au milieu de la galerie. Ensuite, avec un élastique tendu par une perche, nous rayonnons tout autour de la section de cette galerie et cet anémomètre est placé à différents points qui sont repérés sur cet élastique.
Journaliste
C’est le seul appareil que vous utilisez au fond ?
Intervenant 2
Nous utilisons également en même temps, pour cette opération, le scissomètre pour prendre la température sèche et humide. Tout cela c’est assez compliqué, pour obtenir le point spécifique de l’air. Nous regardons également la pression atmosphérique étant très variable suivant la profondeur. Enfin, tout ça c’est noté, voyez-vous, sur des, nous appelons ça un chèque, chèque pour le débit d’air, chèque vitesse, chèque pour la pression atmosphérique, la température. Tout cela est confié à l’ordinateur et l’ordinateur nous sort ensuite ce papier avec ces calculs établis avec une grande précision.
Journaliste
Combien durent vos examens au fond ?
Intervenant 2
Nos examens, suivant l’importance de la fosse, peuvent durer de un mois à deux mois. Voyez-vous dans le temps présent, notre séjour au fond a duré deux mois.
Intervenant 3
Ah oui, deux bons mois, deux bons mois.
Intervenant 2
Ensuite, il y a une phase étude ici, au simulateur, qui dure environ un mois également.
Intervenant 3
Oui.
Guy Puibaraud
Alors, voici le simulateur d’aérage. Sur ces panneaux, nous avons dessiné le chemin, le plan des galeries du fond. Voici, par exemple, ici, l’une de ces galeries. Cette galerie se trouve doublée par un circuit électrique dont voici, ici, deux fils qui se trouvent reliés à ce petit boîtier. Dans cette galerie circule au fond un certain courant d’air et nous réalisons au moyen de ce montage une analogie entre ce débit d’air dans cette galerie et le courant électrique. Un courant électrique qui passe dans ces fils et dans ce boîtier de telle sorte que chaque tronçon de galerie est représenté par un boîtier équivalent à cette circulation d’air.
Journaliste
Autrement dit, nous avons devant nous, Monsieur Puibaraud, une représentation exacte, non seulement d’un schéma de galerie de fond mais également la représentation exacte et par analogie des conditions dans lesquelles nous nous trouvons au fond.
Guy Puibaraud
C’est exact, oui, nous avons ici la représentation de la galerie du fond au moyen de ce montage électrique. Ce petit boîtier est un appareil mathématique qui réalise cette analogie qui n’est pas naturelle entre la circulation du courant électrique et la circulation du courant d’air.
Journaliste
Qu’allez-vous en tirer Monsieur Puibaraud ?
Guy Puibaraud
Alors, nous allons en tirer lorsque tout notre montage est fait, nous allons en tirer le débit qui passe dans chacun de ces tronçons et nous vérifierons ainsi que le débit est suffisant pour réaliser la dilution de grisou voulue. Ainsi, dans ce boîtier, au moyen de cette fiche, je vérifie que le débit voulu passe. Je mets cette fiche ici et sur mon tableau de bord, sur les appareils qui sont là-bas, je puis vérifier que le débit recherché passe bien.
Journaliste
Si le débit recherché n’est pas atteint ?
Guy Puibaraud
Alors, si le débit recherché n’est pas atteint, nous cherchons en collaboration avec le chef d’établissement, avec les ingénieurs du siège, nous recherchons les modifications qu’il faut opérer pour réaliser le but que nous nous sommes fixés.
Journaliste
C’est-à-dire ?
Guy Puibaraud
C’est-à-dire un certain débit d’air dans tel tronçon.
Journaliste
C’est-à-dire aussi le maximum de sécurité pour les travailleurs.
Guy Puibaraud
Et aussi, le maximum de sécurité pour le personnel employé dans ces chantiers puisque notre but, n’est-ce pas, c’est de réaliser une dilution suffisante du grisou pour le rendre tout à fait inoffensif.