Les procédés modernes de mécanisation pour l'extraction du charbon

01 janvier 1955
06m 24s
Réf. 00360

Notice

Résumé :

Extrait d'un document "offert par le plan Marshall" et produit par USIS (United States Information Service) présentant les procédés modernes d'extraction du charbon mis en place aux États-Unis. Avec les progrès techniques, le métier de mineur, dangereux et épuisant, s'est amélioré et la production s'est accrue avec l'apparition de machines comme la haveuse.

Type de média :
Date de diffusion :
01 janvier 1955
Personnalité(s) :

Éclairage

Ce document diffusé en 1955 est produit par la Good Year Tire and Rubber Company, entreprise fondée au XIXe par l'inventeur du caoutchouc qui fabrique des pneumatiques, dans le cadre du Plan Marshall mis en œuvre en Europe occidentale à partir de 1948. La bande annonce insiste ssur le fait que ce film "est offert par le Plan Marshall". Il est tourné dans les mines de Weelhing Township (Missouri) aux États-Unis.

Le document est conçu de façon très didactique, de la géologie à la haveuse électrique et à l'exploitation "en chambres et piliers", il n'y a rien ici qui puisse étonner ou surprendre les mineurs français. Il permet avant tout d'aborder le rôle historique et la dimension culturelle de Plan Marshall.

A l'issue d'une longue réflexion du gouvernement du Président Harry S. Truman (1884 – 1972) aux États-Unis, le Général Georges Marshall (1889 – 1959) présente le plan qui porte son nom à Harvard, le 5 juin 1947 : "Les États-Unis doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont impossibles. Notre politique n'est dirigée contre aucun pays, aucune doctrine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but doit être la renaissance d'une économie active dans le monde, afin que soient créées les conditions politiques et sociales où de libres institutions puissent exister".

Suite à cette annonce, les États-Unis accorderont plus de 13 milliards de dollars à 16 pays d'Europe occidentale entre 1948 et 1952, dont environ 11 milliards de dons non remboursables. La France pour sa part reçoit environ 3 milliards dont 2,5 en dons. Les sommes accordées doivent être dépensées pour des produits et des machines d'origine américaines. En France, cet argent permet de financer les ambitieux projets du Plan Monnet, y compris ceux de la Commission de modernisation des charbonnages.

Les motivations américaines pour cette action spectaculaire sont diverses. Il s'agit de contenir le communisme, avec pour conséquence une amplification de la Guerre froide. Il s'agit aussi de contribuer à reconstituer un partenariat commercial avec l'Europe et de fournir à celle-ci les gigantesques excédents de fabrication issus de l'effort de guerre américain. Le but est de créer un régime de "porte ouverte" (de libre échange) au profit des exportations américaines tout en promouvant la coopération économique entre les pays bénéficiaires.

Le Plan Marshall a fait l'objet de nombreuses controverses. Il est immédiatement refusé en septembre 1947 par l'URSS qui entraîne derrière elle le bloc de l'Est européen. Ce refus est relayé en France par la contestation du PCF qui dénonce "l'impérialisme américain" et quitte le gouvernement. Plus tard, sa pertinence économique a fait l'objet de controverses parmi les historiens. Il reste qu'il a permis de financer en France la modernisation de l'appareil industriel.

Au-delà des aspects économiques du Plan Marshall, ce film montre qu'il s'agit aussi pour les États-Unis de diffuser le "modèle américain" sur le plan des organisations et sur le plan culturel. L'industrie cinématographique, comme le Coca-Cola ou d'autres productions sont des médias de "l'American way of life".

Philippe Mioche

Transcription

(Musique)
Journaliste
Sous les collines ondulées et les fertiles vallées de ce magnifique paysage se trouve du charbon profondément enfoui dans le sous-sol.
(Musique)
Journaliste
Longtemps avant l’apparition de l’homme sur la terre s’est découlée une période géologique dite époque carbonifère. Pendant des siècles et des siècles, d’épaisses couches de charbon se sont accumulées. Autrefois, pour transporter le charbon extrait de la mine, on avait recours à la mule. Maintenant encore, sur beaucoup de petits chantiers, c’est toujours la mule qui tire les berlines chargées dans le fond. Mais avec l’aide des puissantes machines modernes, la houille est aujourd’hui amenée au jour par des moyens mécaniques. C’est à l’industrie minière qu’incombe la tâche d’extraire cette matière première essentielle afin de la mettre à notre disposition dans les usines, les chemins de fer, les paquebots, ainsi que dans nos propres foyers.
(Silence)
Journaliste
Selon les terrains, le charbon se présente dans des conditions très diverses. Ici, il apparaît sous la forme d’un affleurement. La vallée a subi les effets de l’érosion et la veine de charbon a été mise à découvert. La veine s’enfonce de 5 mètres environ par kilomètre. Les multiples travaux que nécessite l’extraction de la houille, s’attachent en général à leur métier. Dans le fond, un problème est essentiel, celui de l’éclairage. Chaque mineur est muni de sa lampe individuelle qui, grâce à une batterie, pourra brûler douze heures durant. Dans toutes les industries, la sécurité des travailleurs est primordiale. Mais dans les mines de charbon, les mesures de sécurité sont encore plus importantes en raison des conditions de travail imposées aux hommes. Heureusement, la vigilance de mineurs eux-mêmes et la surveillance constante des services compétents permettent de réduire ces risques au minimum. Dans le wagon qui va les descendre au fond, les hommes entament leur casse-croûte. Le réseau des voies ferrées souterraines fait l’objet d’une surveillance toute spéciale de la part du dispatcher. Il règle les allées et venues des trains et connaît l’emplacement exact de chaque homme et de chaque rame.
(Silence)
Journaliste
La couche de terrain qui recouvre la veine de charbon est d’une épaisseur moyenne de 70 mètres environ.
(Silence)
Journaliste
La veine repose sur une assise d’argile qui, servant de plancher à la mine, est dite en termes de métier, le mur. Ici, la veine a près d’un mètre et demi d’épaisseur et produit un charbon bitumeux d’excellente qualité. Elle est sûrement ôtée d’une couche de schiste d’environ 30 centimètres, au-dessus on trouve de nouveau la houille que l’on n’extrait pas et enfin plusieurs mètres de schistes. La surface de fond de la masse de houille est dite le front. Les surfaces latérales sont les parements.
(Silence)
Journaliste
Un élément est vital pour le producteur de houille, l’air. Il faut maintenir à la mine constamment 0,42 mètre cube d’air par homme et par minute. On utilise un anémomètre pour mesurer la vitesse de l’air. Le courant d’air doit être dirigé de l’arrière sur le front d’attaque du charbon et lorsque la profondeur des galeries augmente, il faut ménager des gaines d’aérage à des intervalles réguliers. Dès qu’une zone cesse d’être exploitée, on y coupe l’air. Des arrêts permanents sont alors pratiqués au moyen de cloisons d’aérage pour permettre à l’air d’y affluer.
(Silence)
Journaliste
L’exploitation est organisée aujourd’hui selon des principes scientifiques. Sur une carte de la mine, l’ingénieur détermine les positions exactes de tous les chantiers du fond. Cet ingénieur est responsable de l’inexplicable labyrinthe de chambres et de galeries.
(Silence)
Journaliste
Les mines de charbon paraissent blanches à l’intérieur à cause de la poussière de roche qu’on projette sur les parois. Pour rendre le poussier incombustible et éviter des explosions graves, on pulvérise en effet de la chaux dans toutes les galeries.
(Silence)
Journaliste
Ces dessins sont destinés à illustrer les procédés d’extraction de la houille dans les mines modernes. En premier lieu, il faut percer des galeries qui donnent accès à la veine. Au fur et à mesure de l’avancement de la galerie principale, on creuse des galeries transversales dites travers-bancs. Des cavités dites chambres sont ensuite ménagées en partant du fond de chaque galerie. Puis on fait progresser l’exploitation jusqu’à ce que les chambres qui s’ouvrent sur les deux parois de la galerie aient été déblayées. La galerie principale et la galerie d’accès sont pourvues de voies ferrées sur lesquelles circulent les berlines. Tous les travers-bancs sont équipés d’un convoyeur qui les approvisionne. Ce procédé d’exploitation est la méthode des chambres et piliers suivant laquelle on demande au charbon lui-même d’assurer le soutènement du toit en laissant intact de gros piliers de charbon. Dans la chambre, la première opération consiste à débarrasser le sol des morceaux de schiste ou de houille qui ont été abattus. Les chambres, dont la largeur atteint jusqu’à 9 mètres, sont exploitées en profondeur parfois jusqu’à 70 mètres. On retire de chaque chambre approximativement un millier de tonnes de houille. Pour l’abattage, le pic des temps héroïques a fait place à la haveuse. Cette machine commandée électriquement avec son bras d’attaque portant d’une chaîne sans fin hérissée d’un grand nombre de pics en acier trempé, travaille, il va de soi, beaucoup plus rapidement sur le front. Lorsque la haveuse est amarrée entre toit et mur, on met en place le bras d’attaque avec ses pics mobiles. Le mineur pratique une saignée dans laquelle s’abattra la houille une fois disloquée par la charge d’explosif. Le poussier et les morceaux trop menus sont évacués à la pelle pour dégager cette saignée. La haveuse exécute deux saignées, la première contre le mur parallèlement à la couche de charbon et la seconde perpendiculairement à celle-ci. Ces deux saignées donnent un espace suffisant au charbon abattu par l’explosion.