Les débuts du footballeur Raymond Kopa à Noeux-les-Mines

07 mars 1978
02m 22s
Réf. 00048

Notice

Résumé :

Interviewé chez lui à Angers, Raymond Kopa parle de sa naissance à Noeux-les-Mines, dans une maison qui donnait sur un stade. Il s'est fait remarquer par Angers en gagnant le concours du jeune footballeur. Il explique que les clubs de la région (Lens, Lille,...) le considéraient alors comme "trop petit".

Type de média :
Date de diffusion :
07 mars 1978
Source :
FR3 (Collection: Caractères )
Personnalité(s) :

Éclairage

Raymond Kopaszewski tient une place éminente dans le Panthéon du football français. Son palmarès est impressionnant : quatre titres de Champion de France, trois titres de Champion d‘Europe, premier français élu "Ballon d'or" et meilleur joueur de la Coupe du Monde en 1958... (1). Après une carrière professionnelle exemplaire il a combattu ''l'esclavage du football‘' et contribué avec Fontaine à la création de l'Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP). Sa reconversion dans les affaires est un exemple de réussite. Bien qu'il n'ait jamais été recruté par un club professionnel nordiste (il a joué au Sporting club de l'Ouest ou SCO d'Angers, au Stade de Reims et au Réal de Madrid), le "Napoléon du football" (2) demeure pourtant lié au monde de la mine dans l'imaginaire collectif. Une courte période de travail à la mine de 15 à 18 ans, expliquent qu'il soit encore identifié comme un "footballeur-mineur" ce qu'il n'a été que pendant peu de temps (3).

Raymond Kopa est né à Nœux-les-Mines en 1931 dans une famille polonaise de mineurs, installés dans le Nord depuis 1919. A 8 ans il créé sa première équipe de football dans la rue du coron et dès 11 ans il signe sa première licence à US de Nœux. Peu enclin aux études, il essaye cependant d'échapper au travail de mineur mais comprend rapidement "que le sort d'un polonais est lié à la mine" (4). En octobre 1947, un bloc de pierre lui broie la main gauche, l'amputation d'une phalange de l'index gauche est nécessaire. Mis en invalidité par les Houillères qui lui allouent une pension, il poursuit son chemin de jeune prodige du football et seule sa nationalité polonaise jusqu'à sa majorité l'empêche de jouer en équipe de France junior en 1948 (5).

Repéré par les dirigeants du SCO d'Angers après avoir fini deuxième à l'édition 1949 du concours du jeune footballeur (une épreuve pour les jeunes joueurs envisageant une carrière professionnelle), l'ancien attaquant de l'US Noeux entame alors la carrière que l'on sait. Sa petite taille (1,68m) l'a définitivement écarté des clubs professionnels nordistes, adeptes de morphotypes plus en rapport avec certains stéréotypes : au Racing Club de Lens (RCL), il ne peut y avoir d'attaquant que d'athlétique, à la musculature saillante et à la virilité affichée. C'est dire combien Raymond Kopa, en dépit de sa virtuosité, de ses dribbles incessants, de sa vision du jeu et de son efficacité face aux buts, ne pouvait convenir aux styles de jeu des clubs nordistes, qui ont longtemps privilégié des attaquants aux mensurations imposantes (à l'image de Stefan Dembicki, ou Ladislas Smid au RCL), capables d'incarner et de renvoyer au public les "valeurs de la mine" (courage, engagement physique, sens du collectif, etc.). Juste retour de l'Histoire, la légende de Kopa s'est construite en partie autour du "petit galibot" qui avait échappé à la mine"(6).

(1) Sur la vie et la carrière de Raymond Kopa : http://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Kopa.

(2) Surnom donné par Desmond Hackett, journaliste anglais du Daily Express, après le match France-Espagne du 17 mars 1955.

(3) Sur l'image de Kopa mineur qui s'en est sorti socialement grâce au football voir : Paul Dietschy, Histoire du football, Paris, Perrin, 2010, p 435-436.

(4) Raymond Kopa et Patrice Burchkalter, Kopa par Raymond Kopa, Éditions Jacob-Duvernet, 2006, 2e éd., p. 28.

(5) Ibid p. 48.

(6) Paul Dietschy, op. cit. p. 435.

Olivier Chovaux

Transcription

(Silence)