Journée d'action dans le Bassin minier : ouverture d'un bureau d'embauche virtuel par la CGT

24 septembre 1981
01m 53s
Réf. 00118

Notice

Résumé :

Reportage sur la journée d'action sur le charbon dans le Bassin minier organisée par la CGT qui a ouvert un bureau d'embauche virtuel à la fosse Barrois. Un responsable CGT est interviewé sur les objectifs d'une telle opération.

Type de média :
Date de diffusion :
24 septembre 1981
Source :

Éclairage

Cela fait quatre mois que François Mitterrand a été élu Président de la République et que le maire de Lille, Pierre Mauroy, est premier ministre lorsque le journal télévisé diffuse ce sujet sur un bureau d'embauche ouvert par la CGT à la fosse Barrois de Pecquencourt, à proximité de Montigny-en-Ostrevent. Le syndicat le plus puissant des travailleurs du sous-sol cherche à mettre à profit une conjoncture politique qui lui paraît plus favorable à la relance de la production du charbon français qu'elle appelle de ses vœux.

La gauche et le candidat du PS aux élections présidentielles ont en effet promis de redonner un avenir aux mines du pays, en revoyant à la hausse la production charbonnière. La 38e des 101 propositions de Mitterrand proclamait que les crédits en faveur “des techniques nouvelles d'exploitation des énergies traditionnelles (charbon) seront très considérablement augmentés”. Et le 6 avril 1981, le leader socialiste avait affirmé dans la ville minière de Freyming-Merlebach, en Lorraine : “La production de charbon doit être aussi élevée que possible, un objectif de 30 millions de tonnes par an est réalisable, mais pourquoi pas davantage, 40 voire 50 millions de tonnes”. La perspective de ces 30 millions de tonnes signifie alors une multiplication par trois des objectifs les plus ambitieux définis à l'époque de la présidence Giscard d'Estaing. Pour extraire ces quantités supplémentaires annoncées, de nouveaux bras seront naturellement indispensables. Or, avant l'arrivée de la gauche au pouvoir, les Houillères avaient plutôt freiné la formation et l'embauche, se reposant largement sur la main-d'œuvre des mineurs marocains pour assurer la dernière phase d'exploitation des puits.

En prenant l'initiative d'ouvrir des bureaux d'embauche virtuels, la CGT se donne des finalités consistant notamment à rappeler ses engagements au candidat socialiste devenu président de la République, à faire pression sur les Charbonnages et à démontrer qu'il existe dans les bassins des travailleurs, en particulier des jeunes, disposés à embrasser la profession de “gueule noire”. Cela alors même que “paradoxalement d'ailleurs, dès le début des années soixante, la mine manque de bras. Les jeunes des corons s'en détournent massivement” (1).

Le représentant de la CGT insiste donc tout particulièrement sur le fait que “les jeunes veulent travailler à la mine”, même si d'ailleurs, dans la file des hommes qui attendent pour s'inscrire, beaucoup paraissent sortis depuis un bon moment de l'état juvénile. L'appel au rajeunissement des effectifs du fond des puits, réclamé par ce syndicaliste dans le cadre de la perspective d'une politique de relance de l'activité charbonnière, prend soin de rappeler que le métier de mineur a changé à la faveur de la modernisation provoquée, au cours des années 1973-1981, par les investissements des Charbonnages destinés à l'amélioration des performances de l'outil de production.

Selon la CGT, ses campagnes d'embauche auraient finalement permis, dans le Nord-Pas-de-Calais, de recueillir quelque 4 000 candidatures, dont environ un millier auraient été retenues par les Houillères (2). Mais les lendemains déchantent bientôt. La politique de relance tarde à se concrétiser et, à partir de 1983, le pouvoir politique déclare se heurter aux réalités économiques. La fosse Barrois de Pecquencourt, que l'exploitant avait surnommée “la fosse de l'an 2000”, ferme définitivement le 30 juin 1984.

(1) Joël Michel, La mine dévoreuse d'hommes, Paris, Gallimard, 1993, p. 95.

(2) Témoignage oral de Raymond Frackowiak, secrétaire général du syndicat CGT des mineurs, retraités et veuves du Nord-Pas-de-Calais, le 22 août 2012.

Stéphane Sirot

Transcription

(Bruit)
Intervenant
Les jeunes veulent travailler à la mine. La preuve, nous avons ouvert un bureau d’embauche par la CGT et les jeunes ont répondu nombreux. D’ailleurs, nous avons été obligés d’ouvrir un deuxième bureau d’embauche à l’extérieur parce qu’on y étouffait dans le petit résidu que nous disposons comme bureau syndical. Et les jeunes veulent travailler à la mine et ils le prouvent en venant ici.
Journaliste
Dans le cadre du plan de relance du charbon, il s’agirait aussi de rajeunir les effectifs je suppose.
Intervenant
C’est vrai parce que les mineurs qui restent à Barrois sont, disons à moyenne d’âge, 42, 43 ans, voire plus. Ce sont tous des gens fatigués par le travail pénible qu’on leur a fait faire pendant des années. Et aujourd’hui, avec les techniques nouvelles, on peut avoir un travail beaucoup plus humain et les jeunes ne risquent pas ce que nous avons risqué nous-mêmes, par exemple, la silicose, les handicaps et tout le reste.
(Bruit)