Bilan de la FINORPA trois ans après sa création : l'exemple de l'entreprise Moch à Béthune

06 février 1987
01m 48s
Réf. 00196

Notice

Résumé :

Le bilan de la FINORPA ( Financière du Nord-Pas-de-Calais), trois ans après sa création, est positif avec 8 500 emplois créés. L'exemple de l'entreprise Moch de Béthune, spécialisée dans les pièces mécaniques pour l'aviation où est intervenue la FINORPA à plusieurs reprises, est révélateur. Créée pour 5 ans, elle s'interroge si l'État continuera à la financer.

Date de diffusion :
06 février 1987
Source :

Éclairage

A travers l'exemple d'une petite entreprise de Béthune, la firme Moch spécialisée dans les pièces mécaniques pour l'aviation, le reportage nous montre que la politique d'aide à la reconversion économique du bassin minier n'a pas concerné que les grands groupes. En effet, le déclin charbonnier est prévu de longue date, avec le plan Jeanneney de 1960, en raison du coût de revient trop élevé du charbon du Nord-Pas-de-Calais. Dès lors, l'État a mis en place très tôt des politiques d'incitations à l'installation d'activités nouvelles. Dès 1959, l'ouest du bassin minier, la première zone touchée par les fermetures de puits, reçoit des aides spécifiques à cet effet. Dès la fin de cette année, la grande multinationale américaine Firestone décide de s'installer à Béthune. A la fin des années soixante, le gouvernement encourage l'implantation des firmes automobiles françaises soit directement, à travers la Régie Renault qui est une entreprise publique, soit indirectement, à travers divers moyens de pressions (notamment l'accès au financement) sur les entreprises privées. Entre 1969 et 1972, s'installent Renault à Douai, la Française de mécanique (issue d'un partenariat entre Peugeot et Renault) à Douvrin (entre Lens et Béthune), la Société des transmissions automatiques à Ruitz (près de Béthune) et Simca (à l'époque possédé par Chrysler) à Hordain (entre Valenciennes et Douai). Par la suite viendront s'ajouter deux sites proches de Valenciennes, l'usine Peugeot Sevelnord en 1993, et l'usine Toyota en 1998. Ces installations sont relativement bien connues car les entreprises concernées sont des multinationales. Mais la reconversion a également concerné des PME, en particulier dans le domaine de la chimie et de la construction mécanique. La visite de la société Moch permet d'apprécier la modernité des installations, avec les presses à commande numérique. Si les conditions de travail ne sont pas optimales, avec notamment un bruit persistant, elles semblent toutefois largement meilleures que dans les minces veines de charbon du Nord-Pas-de-Calais, où les mineurs progressent courbés dans une atmosphère saturée de poussière de charbon.

L'acteur public principal de cette reconversion est la "Financière du Nord-Pas-de-Calais" ou FINORPA. Elle a été créée en 1984 mais elle reprend en fait les activités de la SOFIREM (Société financière pour l'industrialisation des régions minières) créée dès la fin des années soixante par les Charbonnages de France. L'aide à l'installation se matérialise par un concours financier sous forme de participation au capital ou de prêts. Après la fin de l'éphémère relance charbonnière tentée par le Président Mitterrand au début de 1983, l'accent est de nouveau mis sur la reconversion économique, objectif qui n'avait de toute façon jamais été abandonné. Cela explique que la FINORPA naisse peu après et soit dotée de financements conséquents, 100 millions de francs par an. Le bilan semble positif car 8 500 emplois ont été créés entre 1984 et 1986. A cette époque, les effectifs des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais sont encore d'environ 14 000 mineurs, contre 220 000 à leur maximum d'après-guerre. La reconversion fait feu de tout bois, de la PME à Renault-Douai, pour relever le défi de l'emploi.

Laurent Warlouzet

Transcription

Pierre Yves Morvan
Exemple d’intervention de FINORPA, ici à l’entreprise MOCN de Béthune, où l’on fabrique des pièces mécaniques de précisions pour l’aviation, 40 employés. Parti de rien, il y a dix ans dans un vieux garage, le chef d’entreprise, pour faire face à ses commandes, a dû acheter en 85, cinq machines. Il lui fallait un million de trésorerie, FINORPA le lui a avancé après étude du dossier, création onze emplois. L’an dernier, seconde intervention de FINORPA pour accompagner, cette fois-ci, une extension technologique ; l’achat d’une presse à commande numérique cinq axes plus deux emplois. Avis du chef d’entreprise, avec FINORPA, c’est oui ou c’est non. Si c’est oui, alors le chèque est là immédiatement. Cet exemple illustre bien la méthode FINORPA. 13 personnes, seulement spécialisées dans la finance, étudient le dossier. Si le dossier est sérieux, le financement est immédiat. Depuis 84, FINORPA se voit doter chaque année par l’Etat de 100 millions. 100 millions affectés à la création, au développement ou à la reprise de PME ; à condition qu’elles soient situées dans le Bassin minier et fassent de tout sauf du commerce et de l’artisanat. Dans la pratique, il s’agit de prêt sur sept ans, voire deux prises de participation dans le capital. En trois ans, FINORPA a investi plus de 300 millions pour monter 228 affaires et aider ainsi à la création de 8 459 emplois. Aujourd’hui, FINORPA s’interroge sur son avenir. Créée pour cinq ans en 84, elle se demande si l’Etat continuera l’an prochain à la financer ou non. Si c’est non, FINORPA ne pourra compter que sur ses remboursements, soit 60 millions au lieu de 100. Déjà le gouvernement grignote ses dotations en refusant de l’indexer. Et puis la réduction ou la suppression des aides à la création de l’entreprise force FINORPA à engager ses fonds propres, donc à réduire le nombre de ses prêts. En créant chaque année depuis trois ans 3 000 emplois par an, FINORPA a fait ses preuves. Pour autant, son Président estime que c’est 5 000 emplois qu’il faudrait créer chaque année dans le Bassin minier.