Vote du contrat de plan par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais : interventions de Noël Josèphe et Serge Charles

23 mars 1984
02m
Réf. 00210

Notice

Résumé :

Reportage à la suite du vote du contrat de plan par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais. Les interventions sont illustrées par des tableaux présentant les différentes mesures pour le Bassin minier et la sidérurgie. Noël Josèphe, président de Région souligne la "profonde détermination pour poursuivre l'extraction minière." Serges Charles (maire de Marcq-en-Baroeul) estime que le plan régional est obsolète pour le secteur de l'industrie charbonnière et que les positions du Conseil régional sont en contradiction avec les prises de position du président de la République.

Date de diffusion :
23 mars 1984
Source :

Éclairage

Le débat tenu au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais en mars 1983 témoigne du rôle nouveau joué par les collectivités locales depuis la décentralisation de 1982. Les régions ont un budget propre, qu'elles entendent utiliser elles aussi dans le cadre de la politique charbonnière, et ce de manière parfois indépendante du gouvernement.

A l'échelle nationale, la politique de l'État a été marquée par un triptyque associant déclin charbonnier, reconversion économique et accompagnement social depuis le plan Jeanneney de 1960. C'est à cette époque que la fermeture progressive des puits de charbon est décidée car les coûts de revient sont trop élevés, et la consommation baisse face au développement du pétrole. La diminution des effectifs des Houillères doit alors être compensée par l'arrivée de nouvelles activités, comme la chimie ou l'automobile, pendant que des mesures de formations professionnelles doivent permettre aux habitants du Bassin minier d'occuper ces nouveaux emplois. Cette triple orientation est un temps mise entre parenthèses par le gouvernement de Pierre Mauroy. A la fin de 1981, le Premier ministre annonce en effet une relance de l'exploitation charbonnière, avec la remise en cause des fermetures envisagées, et l'embauche de 10 000 mineurs. Pour le nouveau pouvoir socialiste, ces mesures charbonnières s'insèrent dans une politique plus générale de relance, marquée notamment par de nombreuses mesures sociales (cinquième semaine de congés payés, 39 heures, lois Auroux) et des nationalisations massives. Il s'agit de lutter contre un chômage qui atteint bientôt 8% de la population active fin 1981. Mais les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous car le chômage continue de progresser, dépassant 9% en 1984. Surtout, les équilibres financiers sont menacés par les dépenses entraînées par la politique de relance. Face au risque de difficultés dans le financement des déficits français, le gouvernement Mauroy adopte le tournant de la "rigueur" en mars 1983. Dans les charbonnages, ce virage se manifeste dans le discours de François Mitterrand du 27 avril 1983 qui sous-entend le retour à la politique antérieure de déclin de l'activité charbonnière, associée à la reconversion économique et sociale.

La dimension régionale de cette politique industrielle nationale est renforcée. Quinze pôles de conversion sont créés en 1984, dont trois dans le bassin minier. L'accent est mis sur la restructuration par la formation professionnelle, la récupération des friches industrielles et l'incitation à l'installation de nouvelles activités. La même année, les contrats de plan État-région sur cinq ans donnent une vision de moyen terme sur le soutien financier de l'État.

Toutefois, ces efforts sont insuffisants pour Noël Josèphe. Le président de région, pourtant lui aussi socialiste, s'inscrit en faux avec le déclin charbonnier inéluctable. Refusant une ruineuse politique de subventions à outrance, il préfère utiliser les compétences de la nouvelle collectivité locale au profit d'actions ciblées. Il veut utiliser le budget régional pour soutenir les industries traditionnelles de la région : les charbonnages les plus rentables, la plate-forme chimique de Mazingarbe et certaines usines sidérurgiques. Il utilise pour cela tout l'arsenal traditionnel des aides d'État directes et indirectes, en particulier par l'intermédiaire de la FINORPA (Financière du Nord-Pas-de-Calais), une société chargée d'aider le financement des nouvelles activités développées en 1984. Il s'agit bel et bien d'une politique industrielle régionale qui prend le relais d'une politique industrielle nationale défaillante selon lui. L'opposant de droite Serge Charles stigmatise d'ailleurs cette contradiction entre les orientations des socialistes locaux et parisiens. Cette orientation volontariste de la politique industrielle régionale sera poursuivie par Noël Josèphe par la suite. Ainsi, la région financera presque intégralement le dernier navire construit à Dunkerque, le train-ferry Nord-Pas-de-Calais lancé en 1987, dans une ultime tentative pour sauver le chantier naval. Les moyens de la région restent insuffisants pour contrer un déclin structurel de long terme, mais permettent d'accompagner le processus de reconversion économique et sociale.

Laurent Warlouzet

Transcription

Noël Josèphe
Il faut que nous fassions preuve à la fois de sagesse et de profonde détermination pour poursuivre l’extraction minière dans notre région ; aussi longtemps que ce sera possible dans le cadre des dispositions prévues par notre motion du 26 novembre dernier ; … mes chers collègues que je fais la même proposition d’intervention contrôlée par nous-mêmes, avec la sagesse désirable mais aussi la volonté souhaitable ; je fais la même proposition en direction du maintien des activités chimiques de Mazingarbe. Et je vous dis tout de suite que là encore, comme le dossier est très important et très lourd, s’il le faut ; il faudra que nous intervenions financièrement pour que la conduite de gaz sidérurgique, de l’hydrogène plus précisément de Dunkerque puisse venir jusqu’à Mazingarbe. Et il ne faut pas qu’on se contente de déclarations. Il va falloir, puisque maintenant, nous avons quelques moyens,… activités nouvelles que nous voulons implanter à l’aide des crédits.
Intervenant 2
Pour assurer un long avenir à la production, la modernisation des méthodes d’exploitation et de creusement de galerie, à l’exemple du tunnelier mis en service à Arenberg ; ouvre de nouvelles perspectives pour la mise en valeur de ces usines.
Intervenant 3
La région Nord-pas-de-Calais va se distinguer par un plan régional obsolète qui utilise des concepts et un vocabulaire quelque peu dépassé. Premier exemple, page 43, le maintien du secteur de l’industrie charbonnière ; non seulement, ce secteur est économiquement condamné, mais la position du Conseil régional des 25 et 26 novembre dernier est en totale contradiction avec les prises de position du Président de la République, du Premier ministre et du ministre de l’Industrie.