Les grandes étapes de la création de la CECA

09 mai 1950
04m 35s
Réf. 00365

Notice

Résumé :

Rétrospective à partir de documents d'actualités retraçant les étapes de la création de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) avec l' extrait du discours prononcé par Robert Schuman le 9 mai 1950, proposant la création de la CECA et la signature du traité à Paris le 18 avril 1951.

Date de diffusion :
01 janvier 1954
Date d'événement :
09 mai 1950
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le 9 mai 1950 est reconnue de nos jours comme la date de naissance de la communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Ce jour-là, Robert Schuman, ministre des Affaires Étrangères du gouvernement de Georges Bidault, présente à la presse internationale le projet de Haute Autorité du Charbon et de l'Acier dans le salon de l'Horloge. La recherche d'une paix nouvelle et durable repose sur le projet de la mise en commun des ressources du charbon et de l'acier de l'Allemagne et de la France. La proposition, approuvée antérieurement par le Chancelier de la République Fédérale Allemande (Allemagne de l'Ouest), Konrad Adenauer, est soutenue par les Américains. Quatre pays européens la rejoignent, l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, fondant ainsi la première communauté des Six.

Ce texte, connu sous le nom de la Déclaration Schuman, a été rédigé par Jean Monnet. Il devient le premier président de la Haute Autorité de la CECA en 1952 quand les institutions sont mises en place suite à la ratification du traité de Paris signé en avril 1951.

L'action principale de la CECA repose sur l'ouverture des marchés du charbon et de l'acier entre les six pays membres. Elle permet notamment à la sidérurgie française d'obtenir dans de meilleures conditions le coke de la Ruhr allemande. La question de l'exportation de charbons français ne se posait pas car le déficit de la production française reste considérable au regard des besoins de l'industrie nationale en dépit de la nationalisation et de la "bataille de la production". Parmi les Six, certains pays, notamment les Pays-Bas et l'Italie, mais aussi la Belgique avec son port d'Anvers, développent les importations de produits charbonniers américains qui peuvent circuler dans la Communauté.

Il existe assez rapidement une situation d'excédent de charbon sur le marché communautaire, d'autant que d'autres énergies comme le pétrole sont fortement développées. Ce problème, doublé de la faible compétitivité relative de certains charbonnages comme ceux de Belgique débouche dès 1956 sur les débuts de la crise charbonnière européenne. La Haute Autorité de la CECA aurait souhaité déclarer "l'état de crise manifeste" du charbon afin de mettre en œuvre une politique industrielle comme le lui permettait l'article 58 du traité de Paris, mais les gouvernements des États-membres ont refusé l'application de cet article en 1959. Dès lors, la première communauté s'est engagée dans une politique d'accompagnement social de la récession charbonnière.

Philippe Mioche

Transcription

Journaliste
Dans six pays d’Europe, Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas, les industries du charbon et de l’acier sont aujourd’hui liées par une solidarité de production et de travail.
(Musique)
Journaliste
Dans six capitales, un grand dessein politique a pris corps. Celui d’accomplir l’unité européenne par des voies pacifiques.
(Musique)
Journaliste
La communauté européenne du charbon et de l’acier est la première réalisation concrète dans cette marche vers les Etats-Unis d’Europe.
(Musique)
Journaliste
L’histoire de cette communauté a commencé le 9 mai 1950 par une proposition surprenante.
Robert Schuman
Se faisant depuis plus de vingt ans le champion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait.
(Musique)
Journaliste
C’est pourquoi, poursuit Monsieur Schuman, le gouvernement français propose de porter immédiatement l’action sur un point limité mais décisif. Il propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une haute autorité commune dans une organisation ouverte à la participation des autres pays.
(Musique)
Journaliste
La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de base commune de développements économiques, première étape de la fédération européenne. Toute guerre entre la France et l’Allemagne deviendra non seulement impensable mais matériellement impossible.
(Musique)
Journaliste
Cette proposition véritablement révolutionnaire retentit aussitôt à travers l’Europe. Les gouvernements allemand, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois répondent immédiatement à l’appel français. Deux mois après, ils se réunissent à Paris pour élaborer un projet de traité.
(Musique)
Journaliste
Et dix mois plus tard, au Quai d’Orsay, les six puissances signent le traité.
(Musique)
Journaliste
A de larges majorités, les parlements des six pays signataires, ratifiaient le traité. Ils décident au nom des peuples, de confier à une autorité indépendante des Etats certains pouvoirs dont ils avaient jusqu’alors l’exercice. La première institution européenne était née. La nouvelle de la ratification se répandit à travers le monde. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, plusieurs peuples autrefois divisés, acceptaient de se soumettre à des règles communes.
(Musique)
Journaliste
Un grand espoir venait de naître. Cette solidarité nouvelle de production et de travail entre six peuples d’Europe allait être le fragment d’une véritable communauté de plus de 150 millions d’hommes.
(Musique)