François Mitterrand demande une motion de censure

10 octobre 1967
01m 58s
Réf. 00162

Notice

Résumé :
Session parlementaire d'automne : les députés débattent du vote des ordonnances par le gouvernement pendant l'été. François Mitterrand pour la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS) demande le vote d'une motion de censure.
Type de média :
Date de diffusion :
10 octobre 1967
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

François Mitterrand est parvenu à unir les forces qui soutenaient sa candidature à l’élection présidentielle de 1965 au sein d’une Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) afin de préparer les élections législatives de mars 1967. Alliée au Parti communiste, la FGDS sort grandie du scrutin et la majorité est affaiblie. François Mitterrand entend ainsi jouer de cette déstabilisation du pouvoir (le général de Gaulle a été mis en ballottage pour le second tour en 1965) et accentue son combat contre le gouvernement de Georges Pompidou.

L’offensive est lancée contre les ordonnances du gouvernement. Trois motions de censure sont déposées cette année. Lorsque François Mitterrand dépose la motion de censure de la FGDS en octobre 1967, il se présente en leader de l’opposition : la motion « signifie que ceux qui la posent prennent la responsabilité d’affirmer leur capacité à gouverner. On dit vous êtes divisés [...] considérez le chemin parcouru et les positions communes sur tant d’autres points capitaux, notamment dans le domaine économique et social [...] Nous préférons, nous, examiner les problèmes d’une plateforme, oui d’une plateforme politique avec sérieux [...] en voulant apporter une réponse à l’interrogation des Français qui ont besoin en effet qu’une majorité succède à l’autre ».

Il énumère ainsi les idées qui prévalent à la FGDS et les mesures qu’il prône comme autant de coups portés au pouvoir en place : démocratie politique, démocratie économique, démocratie sociale. Cette action parlementaire va de pair avec le travail de François Mitterrand pour construire une alliance à gauche et un programme commun, après l’appel du pied du secrétaire général du PCF en juin 1967 et les suffrages que recueille la gauche (49,8%) aux élections cantonales de septembre.
Léa Pawelski

Transcription

François Mitterrand
Cette motion de censure, Mesdames et Messieurs, signifie que ceux qui la posent prennent la responsabilité d’affirmer leur capacité de gouverner. On dit, vous êtes divisés, vous n’avez pas les mêmes positions sur tous les points. Considérez le chemin parcouru et les positions communes sur tant d’autres points capitaux, notamment dans le domaine économique et social qui nous occupent aujourd’hui. Considérez, au demeurant, qu’il fut un temps, dans un passé après tout assez récent, où l’actuelle majorité a fondé son régime sur un programme commun d’une curieuse sorte avec ceux qu’elle devait abandonner peu après, sur le bas de la route. Nous préférons, nous, examiner les problèmes d’une plate-forme, oui, d’une plate-forme politique avec sérieux, avec approfondissement en voulant apporter une réponse à l’interrogation des français qui ont besoin, en effet, qu’une majorité succède à l’autre. La motion de censure d’aujourd’hui constitue donc un contrat avec la masse des citoyens qui se refusent à choisir entre un système et une politique qu’ils condamnent et l’absence de politique. Cette politique, la Fédération de la gauche démocrate et socialiste l’a déjà affirmé et est prête à l’assumer. Il faut bien qu’on le sache, il faut bien qu’on le sache, que nous nous croyons dans la démocratie politique et nous voulons la garantir. Nous, nous croyons dans la démocratie économique et nous voulons la réussir. Nous, nous croyons dans la démocratie sociale et nous voulons la conquérir. Mais quelle est la réalité aujourd’hui ? Quels sont les problèmes et quelles sont les approches ? Ils s’appellent le chômage, le démantèlement de la Sécurité sociale, l’écrasement des salariés, la crise agricole, la récession économique, l’inadaptation de l’Europe. Qui peut dès lors, Mesdames et Messieurs, hésiter à condamner le Gouvernement problème par problème et sur l’ensemble des problèmes et donc à voter la motion de censure.