Première conférence de presse ; politique culturelle et grands travaux

24 septembre 1981
03m 41s
Réf. 00164

Notice

Résumé :
Première conférence de presse du Président de la République François Mitterrand à l'Elysée. Il présente notamment sa politique culturelle et ses projets de grands travaux : le développement du musée d'Orsay, de la Villette, du quartier de la Défense, l'aménagement du Louvre et la préparation des cérémonies du bicentenaire de 1789.
Date de diffusion :
24 septembre 1981
Personnalité(s) :

Éclairage

Quelques semaines après son installation à l'Elysée, le nouveau chef de l'Etat définit ses orientations en matière culturelle lors d'une conférence de presse. Il s’agit en particulier de présenter la politique de grands travaux qu’il entend mener au cours de son septennat.

Pour bien marquer le fait qu’il s’agit là d’une priorité de sa présidence, il annonce le relèvement de la part de la culture dans le budget national. Avec pour perspective d’atteindre 1%, elle est dès 1981 portée à 0,75%, ce qui constitue déjà en soi une avancée importante dans la mesure où aucun ministère n’avait connu une telle évolution en une année (à la veille de l’alternance, le budget de la Culture était de 0,45%).

La déclinaison des chantiers témoigne d’une vision de grande ampleur. S’il s’agit pour certains projets d’en achever ou d’en corriger la réalisation (le musée d’Orsay, La Villette, l’Institut du monde arabe), la plupart sont en réalité nouveaux. Parmi ceux annoncés par François Mitterrand, on peut notamment citer la création d’une Cité de la musique, la « Tête-Défense » ou bien encore  la création d’une Fondation européenne de la culture. Le président de la République annonce également le retour du Louvre à sa première vocation, la culture et le patrimoine, préfigurant ainsi le Grand Louvre. De même, le Président annonce la mobilisation nationale en faveur de la célébration du bicentenaire de la révolution française à propos de laquelle il souhaite organiser une exposition universelle sur le modèle de celle de 1889.

Au cours de son intervention durant laquelle il emploie systématiquement le « je » pour évoquer ces dossiers, François Mitterrand qualifie la politique des grands travaux de « chantier ouvert à l’imagination ». Il s’agit en effet de donner une empreinte particulière au septennat en faisant de la culture, selon Jack Lang, le pivot central du projet de civilisation et de transformation sociale porté par les socialistes. L’investissement personnel de François Mitterrand concernant la politique des grands travaux témoigne en outre d’un pouvoir culturel présidentiel jusque là sans équivalent.
Thibault Tellier

Transcription

François Mitterrand
Quant aux problèmes de culture, j’ai fait décider que le fameux 1% pour la culture serait mis à exécution dans les deux ans qui viennent, le budget atteindra cette fois-ci 75%, 0,75%, le 1% sera donc atteint l’année prochaine. J’ai demandé la réintroduction et Monsieur le ministre de la Culture avec moi, de la culture dans le plan dont elle était absente. La généralisation du 1% des constructions publiques appliquée aujourd’hui à l’Éducation nationale, quel champ ouvert aussi aux artistes, aux créateurs de toutes les disciplines qui vont avoir des commandes ! J’ai pris en compte, bien entendu, le développement du musée d’Orsay, un nouveau Président Directeur Général a été désigné, le précédent ayant quitté son poste. Le développement de la Villette, le développement de la Défense, qui seront des oeuvres qui, je l’espère, marqueront l’esthétique moderne en même temps que l’urbanisme.
(Silence)
François Mitterrand
J’ai également pris la décision, Mesdames et Messieurs, sans vouloir désobliger personne, de rendre le Louvre à sa destination. Et, de ce fait, j’ai demandé au Premier ministre de prévoir l’installation et la construction du Ministère des Finances dans des lieux aussi nobles qu’il le mérite et sans qu’il y ait de confusion excessive entre l’état de fonctionnaire de cette noble maison et les objets d’art qu’il convient de montrer au public. Une première Biennale Nord-Sud sera inaugurée en 1983, à la fois à Beaubourg et au Grand Palais. Nous célèbrerons le bicentenaire de la Révolution en 1989, et il faut préparer cela dès maintenant. Nous bâtirons une Cité internationale de la musique. Nous allons mettre en pratique la Fondation Européenne pour la Culture, ce qui nécessitera aussi certaines constructions, ainsi que la Maison pour l’Islam. Et j’ai engagé les premières conversations pour que place soit faite à la France pour une Exposition Universelle en 1989, deuxième centenaire de notre première Révolution, le premier centenaire ayant été célébrée par une Exposition Universelle, donc il nous reste beaucoup de choses et notamment la tour Eiffel. Et au travers de cette Exposition Universelle, là aussi, eh bien, c’est le chantier ouvert à l’imagination, à l’ouvrage d’art, à l’artisanat, aux humbles et grands métiers, à tout ce qui permet à la France de se sentir plus jeune. Songez qu’en 1878, je ne crois pas me tromper, une Exposition Universelle eut lieu, qui marqua le redressement de la France sept ans après la Commune, la défaite, et alors que plusieurs milliards or devraient être payés à la Prusse. Et nous ne serions pas capables, dans la situation où nous sommes, de marquer notre choix de l’avenir et notre confiance dans le pays par la mise en oeuvre de cette grande entreprise. Vous m’avez demandé…