François Mitterrand et le PS aux Etats-Unis

07 décembre 1980
02m 26s
Réf. 00195

Notice

Résumé :
François Mitterrand se rend une seconde fois aux Etats-Unis comme Premier secrétaire du PS, du 5 au 9 décembre 1980.
Date de diffusion :
07 décembre 1980
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

François Mitterrand se rend une seconde fois aux Etats-Unis comme Premier secrétaire du PS, cette fois-ci à la tête d’une délégation socialiste comprenant notamment Jacques Attali et Jacques Delors, du 5 au 9 décembre 1980. Il y est invité d’une part par l’Université de New-York pour donner une conférence sur le rôle de la France dans le monde, et surtout par le Democratic Socialist Organizing Committee (DSOC), petit groupe de socialistes américains assemblé autour de Michael Harrington et organisation membre de l'Internationale socialiste (IS). Le DSOC a en effet organisé un colloque sur le thème « Eurosocialisme et Amérique » auquel participent d’autres grandes figures du socialisme européen : Willy Brandt, Olof Palme, Joop den Uyl et Felipe Gonzalez notamment.

Au PS, une primaire informelle pour la candidature à la présidence de la République a opposé François Mitterrand et Michel Rocard et les tensions internes sont ainsi encore très fortes. Or Michel Rocard est lui-même depuis le 6 décembre à Washington pour une réunion du comité de soutien au Nicaragua créé par l’Internationale Socialiste et cherche alors à prendre contact avec des dirigeants américains comme Kissinger. La compétition entre les deux hommes revêt ainsi également une dimension internationale.

Au colloque organisé par la DSOC, François Mitterrand prononce un discours centré sur la question des libertés. Ce sujet est d'autant plus brûlant que les révoltes polonaises soulevées principalement par Solidarność laissent craindre une intervention soviétique en Pologne, sujet sur lequel François Mitterrand reste prudent.

Les Etats-Unis sont quant à eux en pleine transition politique puisque le républicain Ronald Reagan a été élu Président le 4 novembre 1980 mais ne doit effectivement succéder à James E. Carter que le 20 janvier 1981. Cette situation particulière est avancée par le PS comme un argument justifiant que François Mitterrand n'ait pas cherché à rencontrer des membres de l'administration américaine (ancienne ou nouvelle) lors de son séjour.
Judith Bonnin

Transcription

Présentateur
Monsieur Mitterrand, qui est actuellement aux Etats-Unis, n’a pas rencontré d’ailleurs de responsables de la future équipe de Président Ronald Reagan, cela n’était pas prévu du tout à son programme. Monsieur Mitterrand est aux États-Unis pour participer à une rencontre internationale sur le socialisme démocratique et Philippe Rochot l’a rencontré à Washington.
(Bruit)
Philippe Rochot
La rose au point est aussi le symbole de l’organisation pour la démocratie socialiste américaine qui réunissait à Washington les partis socialistes de l’Europe de l’Ouest et d’Amérique avec pour thème l’Amérique et l’Eurosocialisme, un échange international. C’était la première rencontre de ce genre aux États-Unis, une sorte d’internationale socialiste à l’échelle des deux continents. Le discours de François Mitterrand, consacré à la démocratie politique, portait avant tout sur la centralisation des pouvoirs.
François Mitterrand
De nouveaux espaces de liberté seront conquis lorsque l’on aura rendu le pouvoir de décider là où ils travaillent et là où ils vivent aux citoyens d’un pays libre. Il y a de nouveaux espaces de liberté à conquérir pour les travailleurs qui doivent être appelés soit à décider, et en tout cas à contrôler tous les actes dont dépend leur existence. On aura conquis de nouveaux espaces de liberté quand on aura élargi le pouvoir du secteur public face aux secteurs de l’économie monopolisés par de grands intérêts privés.
Philippe Rochot
On attendait surtout de la part de François Mitterrand une prise de position sur la Pologne. Mais le leader socialiste s’est efforcé, dans son discours, de montrer que les libertés politiques étaient aussi menacées ailleurs et qu’on l’oubliait, l’Amérique Centrale, l’Amérique Latine, l’Afrique, etc. Pourtant, François Mitterrand a eu l’occasion d’évoquer dans ses différents échanges de vue avec les dirigeants socialistes les menaces qui planaient sur la Pologne. On en retiendra trois petites phrases. Tout d’abord, il faudra s’accommoder du besoin de liberté des pays d’Europe de l’Est, l’Europe n’a pas les moyens de faire une guerre pour la Pologne et enfin, les satellites de l’URSS sont menacés avant l’Union Soviétique elle-même. François Mitterrand reste prudent sur l’affaire polonaise, les Soviétiques ne sont pas encore intervenus dit-il, c’est le wait and see, il faut attendre et voir.