40e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

10 décembre 1988
01m 39s
Réf. 00287

Notice

Résumé :
Au Palais de Chaillot, devant une parterre de personnalités prestigieuses, François Mitterrand commémore le 40e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Le président de la République s'exprime sur la défense des droits de l'homme et indique que la France soutiendra l'ONU et ses experts en ce qui concerne les missions d'enquête, là où les droits de l'homme sont bafoués.
Date de diffusion :
10 décembre 1988
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )

Éclairage

En prélude à l'année du Bicentenaire de la Révolution française, François Mitterrand commémore le quarantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée par l'ONU sous l'impulsion d'Eleanor Roosevelt et de René Cassin.

Le palais de Chaillot, lieu de la signature de la Déclaration par l'Assemblée générale de l'ONU en 1948 et haut lieu des commémorations de la Révolution française et des droits de l'homme, est une nouvelle fois choisi pour célébrer cet anniversaire.

François Mitterrand commence son discours en saluant le secrétaire général de l'ONU, M. Pérez de Cuellar, et les représentants de la FINUL, présents dans la salle, alors que quelques heures plus tôt, ils recevaient le prix Nobel de la paix pour l'action des casques bleus à Oslo.

Il poursuit ensuite en rappelant les conditions de la naissance de ce texte fondamental. Il rappelle que ce document a été rédigé à la suite des désastres de la Seconde Guerre mondiale afin d'établir les prémices d'un droit universel. Il revient ensuite sur l'apport essentiel mais incomplet de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Désormais, la Déclaration Universelle de 1948 prend en compte le fait que "des hommes libres peuvent mourir de faim" et de nouveaux droits sont énoncés (droit à l'éducation, droit à la santé, droit au travail). Il salue ensuite la mémoire et le rôle décisif de René Cassin dans cette aventure et le cite : "(la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme est) le premier mot d'ordre éthique que l'humanité organisée eût jamais adopté". Sans véritable portée juridique, ce texte permet néanmoins, selon François Mitterrand, de servir de repère aux états signataires qui en imprègnent progressivement leur propre ordre juridique et leurs pratiques. De plus, ce texte a donné naissance à 22 conventions, 2 pactes internationaux, dont une convention contre les discriminations raciales et une autre contre la torture. Il affirme ensuite que la France soutient le développement de l'ONU et les missions de ses experts dont les travaux doivent être rendus publics. Il est vivement applaudi lorsqu'il dit que "l'oppression se nourrit du silence".

Il conclut son discours en reconnaissant le travail fondamental des ONG en faveur des droits de l'homme. Enfin, il salue, sans les nommer, les personnalités illustres présentes dans la salle, qui ont combattues par "la pensée et par l'action, à la cause de la liberté". Andreï Sakharov et Lech Walesa sont présents ce jour là au premier rang. Le premier est le père de la bombe atomique soviétique. Il devient ensuite dissident politique et défenseur des droits de l'homme en URSS. Il obtient le prix Nobel de la paix en 1975. Le second est le cofondateur de Solidarnosc et l'une des figures de la contestation du régime communiste polonais. Il obtient le prix Nobel de la paix en 1983.
Félix Paties

Transcription

Daniel Bilalian
Cette terrible catastrophe a fait passer au second plan l’intolérance et les violences dont ont été victimes la minorité arménienne vivant dans la République voisine, l’Azerbaïdjan musulmane. Un cas parmi d’autres de violation caractérisée des Droits de l’Homme, dont on fêtait aujourd’hui à Paris le quarantième anniversaire de la proclamation au monde entier. Anniversaire en présence d’invités illustres au premier rang desquels Andrei Sakharov et Lech Walesa, une cérémonie a eu lieu en fin d’après-midi à Paris au Palais de Chaillot ; là même où le 10 décembre 48, l’Assemblée des Nations Unies adoptait la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Une cérémonie marquée par un discours du Président de la République, Monsieur François Mitterrand.
François Mitterrand
Le monde autour de nous n’offre certes pas le spectacle d’une société ni fraternelle, ni pacifique. La défense des Droits de l’Homme ne souffre pas de pause. Parlant pour mon pays, je déclare que la France appuiera toute proposition qui visera à accroître le rôle des Nations Unies et de leurs experts afin de développer en relation avec la commission des droits qui siège à Genève les missions d’enquête sur le terrain ; veiller enfin à ce que les rapports de ces missions soient rendus publics, car l’oppression se nourrit du silence.
(Bruit)