Meeting à Dijon avant la campagne présidentielle

04 mai 1969
02m 17s
Réf. 00004

Notice

Résumé :
Après la démission du général de Gaulle le 28 avril, une nouvelle élection présidentielle doit être organisée les 1er et 15 juin 1969. A gauche, dès les premiers jours de campagne, la confusion règne et les candidatures se multiplient. Dénonçant cette situation, François Mitterrand annonce que lui ne se présente pas et qu’il est prêt à soutenir le candidat unique de la gauche, quel qu’il soit.
Date de diffusion :
04 mai 1969
Source :
ORTF (Collection: JT 13H )
Personnalité(s) :

Éclairage

Battu lors du référendum du 27 avril 1969, le général de Gaulle démissionne immédiatement. Son adversaire lors de la présidentielle de décembre 1965, François Mitterrand est, lui, dans une situation difficile. En effet, incapable de proposer une issue politique à la crise sociale de mai 1968, il a réagi à contretemps et son intervention du 28 mai où il présentait sa candidature à la présidence a été perçue comme une marque d’opportunisme. Aussi a-t-il été jugé responsable de la large défaite de la gauche lors des législatives de juin qui a entraîné l’explosion de la FGDS qu’il présidait et regroupait la gauche non communiste.

Début mai 1969, François Mitterrand n’a donc d’autre choix que de renoncer à une nouvelle candidature qui ne séduit pas les électeurs (les sondages lui accordent moins de 20 % d’intentions de vote), et encore moins les appareils des partis politiques profondément divisés. Il entend toutefois peser et promouvoir la stratégie qu’il a incarnée quatre ans plus tôt. Celle-ci fait de la présidentielle le théâtre d’un affrontement bipolarisé entre droite et gauche et personnalisé entre deux candidats. Aussi se met-il, sans condition, à disposition d’un hypothétique candidat de rassemblement des « forces populaires » qu’il présente comme seul à même de battre celui des gaullistes, l’ancien Premier ministre Georges Pompidou.

Alors que, à ce stade précoce de la campagne, le centriste Alain Poher, président par intérim, semble posséder de réelles chances de l’emporter et fait figure de solution pour une partie de la gauche autant que de repoussoir pour une autre, une telle prise de position n’est pas sans risque. Mais, bien que sans écho direct, elle permet, in fine, à François Mitterrand de prendre date.

La multiplication des candidatures conduit la gauche à la faillite électorale le 1er juin (Jacques Duclos, Gaston Defferre, Michel Rocard et Alain Krivine sont éliminés dès le premier tour) et le 15, Georges Pompidou (58,2 %) est aisément élu face à Alain Poher ce qui achève de donner un caractère quelque peu prophétique à la déclaration de l’ancien président de la FGDS. Nombre d’observateurs soulignent alors que celui-ci sort renforcé du scrutin. De facto, dès 1971, François Mitterrand redevient le leader de la gauche non communiste et peut approfondir la stratégie unitaire esquissée au milieu des années 1960.
Antoine Rensonnet

Transcription

(Bruit)
François Mitterrand
Vous le voyez une fois de plus, je chercherais à me singulariser. En 1965, il n’y avait pas de candidat, j’ai fini par l’être. En 1969, il y en a beaucoup, moi je ne le suis pas. Ah ! Je m’en serais voulu d’ajouter mon nom, à la triste liste de ceux qui pensent.
(Bruit)
François Mitterrand
Je disais de ceux qui pensent que c’est tout naturel quoi, ils n’ont qu’à venir comme ça, et puis... Président de la République ! Formidable ! Président de la République ! C'est à la portée de tout le monde. Un, deux, trois, quatre, cinq, où en est-on ce soir ? Candidat à la présidence de la République. Je voudrais maintenant qu’on soit vraiment sérieux. La seule force, capable de vaincre Georges Pompidou, la seule force, et je ne suis pas présomptueux, je ne dis pas que nous le battrons... Je dis que le seul moyen de le battre, c’est de rassembler les forces populaires, et il n’y en a pas d’autres. Tout le reste, c’est de l’intrigue. Tout le reste, c’est du petit calcul.
(Bruit)
François Mitterrand
Je le dis solennellement. Celui qui sera le candidat unique de la gauche, je serai à son service. Je ne chercherai pas à savoir qui c’est, s’il a pour lui, s’il a pour lui, la logique et l’honnêteté du comportement, au service de la République. Mais pourrait-il en être autrement ? Je serai à son service, et nous serons à son service.