François Mitterrand et le PS au Caire

02 février 1974
01m 32s
Réf. 00008

Notice

Résumé :
Fin du voyage de François Mitterrand au Caire, sur l'invitation du quotidien égyptien Al Ahram.
Date de diffusion :
02 février 1974
Source :
ORTF (Collection: JT 13H )
Lieux :

Éclairage

Ce voyage en Egypte, du 27 janvier au 1er février 1974, se fait à l’invitation de Mohammed Hassanein Heykal, directeur du quotidien Al Ahram, lancée à Paris à François Mitterrand en 1973 et à laquelle s’associe l'Union socialiste arabe, parti unique égyptien.

Du côté des socialistes français, il est motivé par leur volonté de rééquilibrer leur politique au Proche-Orient, fortement pro-israélienne sous la SFIO, et de renouer avec les pays du monde arabe avec lesquels les relations étaient coupées depuis la crise de Suez en 1956. Depuis cette crise et la guerre d’Algérie durant laquelle François Mitterrand avait joué un rôle marquant en tant que ministre de l’Intérieur (1954), c’est le premier voyage d’une délégation de socialistes français dans un pays arabe.

Pour l’Egypte également ce type de déplacement est important et recherché comme appui de la politique menée : après la guerre du Kippour qui oppose Israël à une coalition égypto-syrienne du 6 au 24 octobre 1973, la situation reste au début de l'année 1974 très tendue. Anouar el Sadate, président égyptien, opère notamment une tournée des capitales arabes au cours du mois de janvier 1974, afin de discuter des positions de chacun sur son accord conclu avec Israël sur le désengagement de ses troupes. La première séquence de cette vidéo, donnant à voir les deux hommes en pleine discussion avec leurs interprètes, est d’ailleurs un classique de l’iconographie télévisuelle diplomatique.

Cependant ce voyage ne signifie pas un renversement complet de la politique du parti socialiste français puisqu'il s'opère à un moment de rapprochement israélo-égyptien et que les rapports avec les autres pays arabes restent tendus. S’il est l’occasion d’une première rencontre informelle entre François Mitterrand et Yasser Arafat, à son terme, comme lors de la conférence de presse ici filmée à l’aéroport (seconde séquence), le PS rappelle à plusieurs occasions son amitié avec Israël. François Mitterrand déclare pouvoir prétendre au rôle de médiateur, entendu tant au Caire qu’à Tel Aviv, au contraire de Valéry Giscard d’Estaing. Les attaques portées contre la diplomatie française sont ici d’ailleurs particulièrement explicites.
Judith Bonnin

Transcription

Journaliste
Invité par le grand journal égyptien Al Ahram, le premier secrétaire du Parti Socialiste est rentré hier soir après un séjour de cinq jours. Pour François Mitterrand, ce voyage ne remet pas en cause les liens d’amitié du parti socialiste avec l’Etat d’Israël. Et jugeant la politique arabe du gouvernement français, Monsieur Mitterrand, tout en regrettant la position française sur l’embargo des armes vis-à-vis d’Israël, pense qu’il n’y a rien à redire.
François Mitterrand
N’est-ce pas, la politique de paix et d’amitié que la France entend développer avec les pays arabes est une bonne chose en soi. Je pense que ce serait une erreur que d’altérer, pour autant, nos relations avec Israël. Nous n’avons pas besoin de choisir, nous avons besoin par contre, d’aider les uns et les autres. Alors, il y a des points de cette politique française, sur lesquels nous sommes inconciliables : par exemple, nous, nous estimons que l’embargo sur les armes, dans les deux cas, serait nécessaire. Ce n’est pas véritablement la position du gouvernement français, et ainsi de suite. Nous pensons que les négociations particulières, plutôt que de les faire au niveau de l’Europe des neuf, sur le plan des sources d’énergie, cela risque aussi d’être une erreur, même si j’admets que dans l’immédiat, il faille bien trouver des solutions de circonstance. Je pense qu’il y a des différences sérieuses d’opinion. Mais il n’empêche que la politique de la France, dans ses relations reprises avec le Moyen-Orient, d’une façon positive, la gauche sur ce plan-là, n’a rien à redire. A charge pour nous d’examiner telle décision l’une après l’autre.