Référendum sur la Nouvelle-Calédonie

04 novembre 1988
01m 16s
Réf. 00071

Notice

Résumé :
A quelques jours du référendum national portant sur la Nouvelle-Calédonie, François Mitterrand défend lors d’une allocution télévisée l’importance des accords de Matignon-Oudinot pour l’avenir de cet archipel.
Date de diffusion :
04 novembre 1988
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )
Personnalité(s) :

Éclairage

Les violences qui ont marqué la Nouvelle-Calédonie tout au long des années 1980 culminent avec l’attaque le 22 avril 1988 de la gendarmerie de Fayaoué sur l’île d’Ouvéa qui dégénère en prise d’otages. Après avoir été durant toute la période de cohabitation, un sujet de tension entre Matignon et l’Elysée et de débat politique métropolitain, la Nouvelle-Calédonie s’impose comme un enjeu du second tour de l’élection présidentielle. Dès sa réélection, François Mitterrand confie à Michel Rocard la mission de rétablir l’ordre et le dialogue dans le territoire qui jusqu’au 5 mai a vécu au rythme de cette prise d’otage et connu un important déploiement militaire sur son sol.

Après l’envoi d’une mission de dialogue en Nouvelle-Calédonie, Michel Rocard réunit à Matignon l’indépendantiste Jean-Marie Tjibaou et le partisan de la Calédonie française, Jacques Lafleur. Sous la houlette du Premier ministre, les deux hommes, bientôt entourés de délégations représentatives de leur famille politique, engagent un dialogue qui aboutit à la signature des Accords de Matignon-Oudinot. Ces accords prévoient le report de la question de l’indépendance à l’organisation d’un référendum d’autodétermination en 1998 ; fixent le cadre du statut transitoire de la Nouvelle-Calédonie ; amnistient les crimes commis lors de l’attaqua d’Ouvéa ; et engagent une politique de rééquilibrage socio-économique en faveur des kanak. Ils permettent la reprise du dialogue entre les principales forces politiques du territoire et par leur biais, l’Etat recouvre sa fonction d’arbitre et de garant du développement économique et politique du territoire. Afin de démentir les craintes, essentiellement kanak, d’une volte-face politique à la faveur d’un changement de majorité, le gouvernement choisit de soumettre ces accords à l’approbation d’un référendum national ; méthode que François Mitterrand préféra à la voie parlementaire. 

Fixé au 6 novembre 1988, le référendum est précédé d’une campagne électorale à laquelle le chef de l’Etat contribue par un message adressé au Parlement le 24 octobre et cette intervention télévisée du 4 novembre 1988. Alors que le RPR appelle à une abstention motivée et que l’extrême-droite affiche son opposition, le président de la République insiste sur l’opportunité que représentent ces accords, vus comme la seule voie possible vers une Nouvelle-Calédonie apaisée. En ce sens, le référendum national sur la Nouvelle-Calédonie est perçu non pas comme l’aboutissement du processus enclenché à l’Hôtel Matignon au cours de l’été 1988, mais comme le coup d’envoi d’un processus de décolonisation du territoire. En dépit d’une abstention de plus de 62%, les électeurs se prononcent à 80% en faveur de la loi portant dispositions statutaires et préparatoires à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
Sarah Mohamed-Gaillard

Transcription

Jacques Paugam
Bonsoir. Les dernières heures de la campagne électorale pour le référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ; dans une allocution radiotélévisée, le Président de la République a, ce soir, avant d’appeler les Français à voter oui, souligné l’enjeu que comporte à ses yeux ce référendum.
François Mitterrand
Oui ou non approuvez-vous cet accord, voulez-vous les aider, allez-vous prendre la main tendue ou bien la refuser ? C’est, je le répète la seule, la vraie question à laquelle vous aurez à répondre dimanche. Mais que dit cet accord ? Que dans 10 ans, en 1998, les habitants du territoire décideront eux-mêmes et librement de leur destin. 10 ans, c’est en effet le temps jugé nécessaire pour réduire les inégalités, former les jeunes, habituer les citoyens aux responsabilités, construire les équipements indispensables au progrès, routes, écoles, dispensaires, veiller à l’épanouissement des diverses cultures. Bref, pour que la confiance l’emporte sur la violence.