Déclaration après les affrontements de Vaulx-en-Velin

18 octobre 1990
01m 23s
Réf. 00114

Notice

Résumé :
Extrait de la déclaration de François Mitterrand faite à Cergy, suite aux violents affrontements de Vaulx-en-Velin.
Type de média :
Date de diffusion :
18 octobre 1990
Source :
FR3 (Collection: 19/20 1ERE )

Éclairage

Au moment où le président de la République vient inaugurer dans la ville nouvelle de Cergy Pontoise le "Jardin des souvenirs" en mémoire à la figure de Pierre Mendès France, le pays traverse un nouvel épisode de violences urbaines. Douze jours plus tôt, un jeune habitant de Vaulx-en-Velin, Thomas Claudio, a trouvé la mort après que la moto sur laquelle il se trouvait a percuté un barrage de police. Dès l'annonce de son décès, la cité de l'Est lyonnais s'embrase, renouant ainsi avec les émeutes qui avaient eu lieu au même endroit durant l'été 1981.

Le contexte a toutefois fortement changé. D'une part, la politique de la ville, constituée au lendemain de ces événements qui avaient en quelque sorte ouvert le septennat de François Mitterrand, avait été créée pour mettre un terme à ce type de débordements. D'autre part, le contexte politique est aussi radicalement différent. La réélection de François Mitterrand en 1988 ne s'est pas faite comme sept ans plus tôt sur la capacité du pouvoir à "changer la vie" (et donc la ville), mais sur celle d'assurer les conditions d'une "France unie". Les désordres survenus en banlieue apparaissent donc d'autant plus inacceptables.

Le gouvernement de Michel Rocard n'est pourtant pas resté inerte dans le domaine de la politique de la ville. Dès son discours d'investiture, ce dernier a annoncé la création d'une délégation interministérielle à la ville dont la direction est confiée à Yves Dauge et qui aura pour mission de coordonner l'ensemble des interventions liées à la politique de la ville. Les émeutes d'octobre 1990 conduiront toutefois le gouvernement à envisager de nouveaux moyens afin d'enrayer le "problème des banlieues" comme le présentent à nouveau les médias aux lendemain des événements de Vaulx-en-Velin.

Deux principales décisions sont prises : en décembre 1990, un ministère de la Ville est constitué et confié à Michel Delebarre. Les banlieues font ainsi officiellement leur entrée au sein de l'appareil d'Etat; afin de marquer son engagement sur cette question, l'Etat nomme également 13 sous-préfets chargés de mission pour la politique de la ville au sein des zones urbaines les plus touchées par ces problématiques.

L'autre grande décision concerne la manière d'appréhender la question des quartiers en difficultés. Incontestablement, cette nouvelle flambée de violences a également conduit le gouvernement à définir un nombre restreint de sites sur lesquels, par le biais de "grands projets urbains" (GPU), il entend engager une réhabilitation urbanistique complète.

En cela, les émeutes d'octobre 1990 ont marqué une transition certaine entre la période du développement social des quartiers des années 1980 et celle des années 1990, marquée en particulier par le retour de l'esprit de la rénovation urbaine, même si le terme n'est pas encore officiellement utilisé.
Thibault Tellier

Transcription

Paul Amar
Hommage aujourd’hui à la mémoire de Pierre Mendès-France, huit ans après sa mort. Hommage rendu par François Mitterrand qui a inauguré le Jardin des Droits de l’Homme dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise. À cette occasion, le Chef de l’État est revenu sur un thème auquel était sensible précisément Pierre Mendès-France, les relations entre les générations et les communautés de notre pays. François Mitterrand a fait allusion aux récents incidents de Vaulx-en-Velin.
François Mitterrand
Rien n’excuse cette violence, assurément et elle doit être raisonnée, et s’il le faut, remise en ordre. Mais il faut comprendre, que peut espérer un être jeune qui naît dans un quartier sans âme, qui vit dans un immeuble laid, entouré d’une sorte de concours d’autres laideurs, des murs gris sur un paysage gris pour une vie grise ; avec tout autour une société qui préfère détourner le regard et qui n’intervient que lorsqu’il faut précisément se fâcher, interdire.