François Mitterrand nomme Edouard Balladur Premier ministre

29 mars 1993
04m 20s
Réf. 00126

Notice

Résumé :
François Mitterrand s’exprime après le deuxième tour des élections législatives de mars 1993 pour nommer Edouard Balladur Premier ministre. Prenant acte de la constitution d’un gouvernement de cohabitation, le Président appelle à l’unité nationale et au respect de la continuité de la politique étrangère de la France.
Date de diffusion :
29 mars 1993
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Lieux :

Éclairage

Les élections législatives qui se tiennent le 21 et 28 mars 1993 sont une terrible défaite pour la gauche.

Le PS enregistre un score de 17,5% au premier scrutin et la légère avancée du deuxième tour n’empêche pas le raz de marée de la droite, qui gagne la majorité absolue à l’Assemblée nationale. François Mitterrand ne peut que se rallier à la volonté populaire et, comme cela fut le cas en 1986, il choisit un Premier ministre dans la nouvelle majorité - Edouard Balladur.

La défaite du PS est écrasante et ses raisons multiples. Certains y voient une sanction de la politique présidentielle. Les promesses de 1981 n’ont pas été toutes satisfaites : le chômage reste un des problèmes principaux des Français et la lutte contre les inégalités a enregistré des résultats décevants. La crise économique a durement affecté certaines zones industrielles et la reconversion des activités n’a pas permis une véritable reprise dans ces secteurs. Mais cette défaite est aussi le reflet de l'érosion de l’image du PS sous le coup des scandales financiers qui ont affecté certains de ses membres. Un des plus retentissant est sans doute celui qui met en cause Pierre Bérégovoy, Premier ministre en 1992, dans l’affaire Pechiney-Triangle : il emprunte de l’argent à un ami du Président, Roger-Patrice Pelat, qui par la suite est mis en accusation pour des manoeuvres financières opaques.

La deuxième cohabitation de la Ve République est de fait annoncée dès le premier tour des élections. L’entre-deux-tour voit alors resurgir le débat d’avant-1986 à propos de la viabilité d’une Assemblée nationale politiquement opposée au Président. Mais aux propos de Jacques Chirac, qui suggère la démission du Président, répond ceux de François Mitterrand, décidé à mener son septennat à terme, dans le respect du verdict populaire qui sortira des urnes le 28 mars.
Ilaria Parisi

Transcription

Elise Lucet
Gilles Leclerc, je vous interromps une seconde car dans exactement huit secondes, nous entendrons l’allocution officielle en direct de la Présidence de la République, François Mitterrand qui a souhaité s’exprimer ce soir.
(Musique)
François Mitterrand
Mes chers compatriotes, en élisant une majorité nouvelle très importante à l’Assemblée nationale, vous avez marqué votre volonté d’une autre politique. Cette volonté sera scrupuleusement respectée. J’ai reçu et accepté ce matin, la démission de Monsieur Pierre Bérégovoy, auquel j’ai exprimé mes remerciements pour l’oeuvre accomplie par son Gouvernement et dont j’ai constamment apprécié le grand mérite personnel. Je confie dès ce soir, la charge de Premier Ministre, à Monsieur Édouard Balladur, député de Paris, ancien Ministre d’État. Non seulement parce qu’il apparaît comme le plus apte à rassembler les différentes composantes de la majorité, mais aussi, en raison de ses compétences. Je souhaite qu’il soit en mesure de former une équipe gouvernementale solide et cohérente dans les plus brefs délais, la France ne peut attendre plus longtemps. Quant à moi, je me conformerai aux devoirs et aux attributions que la constitution me confère. Je veillerai à la continuité de notre politique extérieure et de notre politique de défense. L’Europe, la construction communautaire, l’unité progressive de notre continent doivent demeurer au premier rang de nos préoccupations. Le Traité de Maastricht, déjà ratifié par dix pays, a été approuvé par le peuple, il nous appartient de le mettre en oeuvre sans esprit de retour. Dans l’immédiat, il faut préserver le système monétaire européen. Cela ne dépend pas que de nous mais un Franc à parité maintenue avec le Mark allemand en est une condition. Sans système monétaire commun, il n’y pas d’Europe. Enfin, je n’ai pas besoin de rappeler que dans un monde en crise, l’unité nationale reste notre principal atout. Elle repose notamment sur la cohésion sociale du pays. À la majorité qui s’en va, et qu’accompagnent mes pensées fraternelles, je dis qu’au-delà des difficultés du moment viendra le temps du jugement serein sur la période qui s’achève, j’ai confiance dans celui de l’histoire. À la majorité qui arrive, je dis mon souhait qu’elle sache trouver les voies qui lui permettront de répondre aux aspirations des Français. À vous, mes chers compatriotes, je dis travaillons, travaillons tous au succès de la France. Vive la République, vive la France.
(Musique)