XVe assises de la Convention des Institutions Républicaines

12 décembre 1970
02m 36s
Réf. 00199

Notice

Résumé :
XVe assises de la Convention des Institutions Républicaines. Charles Hernu au micro pendant l’allocution sur l'unification des partis socialistes et la rénovation de la gauche socialiste. Claude Estier est interviewé (CIR). Pour lui, "le ralliement [au parti socialiste de Guy Mollet] suffira pour créer un mouvement". Interview de Gisèle Halimi opposée aux anciens de la SFIO. Images de François Mitterrand attentif lors d'une allocution.
Date de diffusion :
12 décembre 1970
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )

Éclairage

L’ombre de François Mitterrand plane sur ces images des XVe Assises de la Convention des institutions républicaines (CIR) dont il est le membre le plus influent. Ce dernier a lancé au début du mois de novembre 1970 un appel à l’unité des socialistes depuis Château-Chinon, ville dont il est maire. Il répond ainsi aux invitations à l’unification du Parti socialiste, l’ex-SFIO.

Cet appel proposait la mise en place d’un comité de sages organisant la création d’un nouveau parti. Il a été diversement reçu par les membres de la CIR qui n’avaient pas tous été informés, comme Charles Hernu, le président du présidium qui remplaçait François Mitterrand à cette fonction depuis la fin de l’année 1968 et l’échec de la FGDS (voir ce document).

Les divisions qui composent ce rassemblement de clubs socialistes composé d’environ 2500 adhérents, apparaissent ici au grand jour. Des huit motions qui s’opposent sur la ligne à adopter, trois tendances émergent.

L’avocate Gisèle Halimi qui s’est battue pour l’indépendance de l’Algérie, prend position contre un rapprochement avec l’ex-SFIO entachée par sa politique algérienne. Elle évoque également le poids de l’appareil socialiste et des grandes fédérations départementales : celle des Bouches-du-Rhône de Gaston Defferre, celle du Nord de Pierre Mauroy, et celle du Pas-de-Calais de Guy Mollet qui constituent une menace pour la petite Convention des institutions républicaines. Charles Hernu, qui a réactivé son Club des Jacobins et manifeste de plus en plus sa distance avec les positions de François Mitterrand, milite lui pour la constitution d’un mouvement démocrate socialiste rassemblant non seulement les adhérents de la CIR et de l’ancienne SFIO mais aussi des éléments radicaux et centristes. Il représente, d’une certaine manière, l’aile droite de la CIR et souhaiterait la reconstitution d’un mouvement qui ressemblerait à la défunte FGDS.

Claude Estier, le secrétaire général de la CIR, prend position en faveur de la ligne Mitterrand : il importe pour la CIR de mener prioritairement l’unification organique avec le parti socialiste, avant de s’attacher au rassemblement de toutes les formations démocrates socialistes comme les radicaux. C’est la ligne qui l’emporte et qui entraîne le rapprochement définitif des organisations conclu lors du congrès d’Épinay en juin 1971 (voir Congrès d’Épinay).
Arthur Delaporte

Transcription

(Silence)
Charles Hernu
L’unification des socialistes, ceux qui sont dans les partis et ceux, plus nombreux, qui n’y sont pas, ceux qui militent dans les syndicats ; oui, cette unification sur des bases démocratiques réelles est certes souhaitable, nécessaire, mais elle n’est pas suffisante pour répondre à l’attente des Français de 1971. Il faut en même temps réclamer la rénovation de la Gauche socialiste, tant du point de vue du programme que des structures d’un mouvement qui reste à créer, et il faut réclamer son élargissement dans des conditions que je voudrais rapidement préciser devant vous.
(Silence)
Journaliste
Claude Estier, certains disent l’Union du Parti Socialiste et de la Convention, ce n’est quand même pas grand-chose. Est-ce que vous pensez que ça sera suffisant pour créer un mouvement, vous ?
Claude Estier
Le problème essentiel est d’abord de mettre fin à la dispersion qui existe aujourd’hui au sein de la Gauche socialiste. Il ne s’agit pas de simplement additionner le Parti Socialiste de la convention, il s’agit, à partir de ce qui est possible entre ces deux organisations, de créer une force nouvelle qui puisse être un noyau attractif pour l’ensemble des socialistes qui sont à l’heure actuelle désemparés, dispersés entre diverses organisations ou carrément non engagés.
(Silence)
Journaliste
Maître Gisèle Halimi, vous paraissez bien méfiante à l’égard du Parti Socialiste, pourquoi ?
Gisèle Halimi
Nous avons déjà vu le Parti Socialiste à l’oeuvre, en particulier pendant la guerre d’Algérie, nous savons ce que Mollet, Lacoste et les autres ont fait. Il faut aussi comprendre qu’il y a un rapport de force qui fait dans ses trois quarts, dans ses effectifs des trois quarts, le Parti Socialiste, par ses méthodes, par ses structures, ne peut pas nous permettre véritablement d’instaurer le socialisme. Mauroy, Mollet, Defferre, ce ne sont pas noms que je donne, ce sont les forces des trois grandes fédérations, c’est-à-dire plus de 30 000 militants. 30 000 derrière eux sont des hommes qui, de toute évidence, ne mènent pas le même combat que nous, et cela, nous l’avons vu.
(Silence)