Visite du président François Mitterrand sur le plateau d'Albion

03 février 1987
01m 44s
Réf. 00254

Notice

Résumé :
Le 3 février 1987, le déplacement de François Mitterrand pour se rendre sur le plateau d’Albion s’inscrit dans une stratégie de communication. A cette époque, la France connaît en effet la première cohabitation de son histoire, avec un Premier ministre qui n’est donc pas du même bord politique que le Président de la République. La répartition des prérogatives entre ces deux têtes de l’exécutif pose alors question. En visitant sur place les installations qui représentent la composante terrestre de la force de dissuasion française, Mitterrand rappelle ainsi de façon symbolique - mais très claire - qu’il est, en tant que chef de l’Etat, le seul chef des armées.
Date de diffusion :
03 février 1987
Source :

Éclairage

A partir de 1971 et jusqu’en 1996, le plateau d’Albion constitue en France le site de lancement des missiles nucléaires sol-sol. A ce titre, il s’ajoute à la Force océanique stratégique et aux Forces aériennes stratégiques pour représenter la composante terrestre de la puissance de dissuasion française.

Le déplacement au plateau d’Albion ce 3 février 1987, encadré par le ministre de la Défense André Giraud et le général Jean Fleury (commandant des Forces aériennes stratégiques depuis 1985), a pour objectif de faire découvrir à François Mitterrand ces installations stratégiques, et plus particulièrement celle de la 95e escadre de missiles stratégiques. Le Président se rend successivement au poste de commandement de tir de Reilhanette et sur la zone de lancement de Saint-Christol, où il fait même l’expérience de descendre dans un silo du missile S3. Ce missile balistique, dont le programme de développement est lancé en 1973, constitue alors le principal vecteur de la force de frappe nucléaire française.

Dans ce contexte de cohabitation, instauré à la suite des élections législatives du 16 mars 1986, une telle visite permet ainsi à François Mitterrand d’envoyer à son Premier ministre un message symbolique très clair : indépendamment des changements de majorité dans la vie politique intérieure, le chef de l’Etat reste le chef des armées et le détenteur du pouvoir de décision ultime concernant l’usage de la force nucléaire française.
Alice de Lyrot

Transcription

Jacques Bertolotti
Madame, monsieur bonsoir. L’actualité régionale de ce mardi 3 février est marquée par la visite du Président de la République, Monsieur François Mitterrand, au Plateau d’Albion dans le Vaucluse. Une visite importante à deux titres, l’aspect politique, le Chef de l’État a tenu à réaffirmer son rôle de seul détenteur du pouvoir nucléaire, et l’aspect économique, quel avenir pour le Plateau d’Albion ? Avant de préciser tout cela avec Dominique Gonod en direct du Plateau d’Albion, le résumé de la visite du Président de la République.
Dominique Gonod
Le Président de la République n’a vraiment pas de chance avec la météo. Après la neige qui avait entraîné il y a trois semaines l’annulation d’une première visite sur le Plateau, c’est la pluie qui, aujourd’hui, était au rendez-vous. Accueilli à sa descente d’hélicoptère par le Ministre de la Défense, André Giraud, et différentes personnalités militaires, le Chef de l’État a reçu les honneurs des Commandos de l’Air et de la musique de la Quatrième Région Aérienne avant de s’entretenir en privé avec le Général Fleury, le patron des Forces Aériennes Stratégiques. Un exposé du Général essentiellement axé sur le groupement des missiles stratégiques.
(Musique)
Dominique Gonod
Pour le Chef de l’État, ce fut ensuite la visite sur le terrain avec cette image symbolique, celle du Président pénétrant dans un poste de commandement de tir pour rejoindre dans leur capsule opérationnelle les deux officiers de tir de permanence. Deux officiers dont la double mission est la surveillance des zones de lancement et la mise à feu des missiles sur ordre, ordre de tir justement que seul le Chef de l’État peut donner. Enfin, toujours sous la pluie, le Chef de l’État s’est rendu sur une zone de lancement. François Mitterrand a eu l’occasion de descendre dans un silo à missile, un épais tube en béton fortement blindé, coiffé d’une porte hermétique en béton également pesant 140 tonnes. Le silo abrite le missile S3 à charge thermonucléaire.