François Mitterrand et les acquis sociaux

21 novembre 1985
04m 19s
Réf. 00260

Notice

Résumé :
Lors d'une conférence de presse, François Mitterrand revient sur les principaux acquis sociaux des 4 premières années du septennat.
Date de diffusion :
21 novembre 1985
Personnalité(s) :

Éclairage

Au cours de la conférence de presse organisée au palais de l'Élysée, le président de la République est questionné par Paul Amar sur une possible confrontation à venir avec l'opposition parlementaire, favorite des élections législatives de mars 1986 et dont le programme est radicalement différent de la politique menée depuis mai 1981 par les gouvernements socialistes successifs.

François Mitterrand se saisit de cette question pour vanter les mérites de son bilan. Il rappelle notamment les acquis sociaux accordés à l'ensemble des Français depuis 4 ans et demi : hausses du salaire minimum, des allocations familiales, du minimum vieillesse, retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés payés, etc. Il rappelle que lorsque ces mesures ont été débattues, l'opposition a voté contre. Revendiquant leur nécessité et assumant les décisions prises, François Mitterrand appelle les Français à défendre ces acquis, et donc à voter pour les listes socialistes aux élections législatives qui auront lieu quatre mois plus tard.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Paul Amar
Merci Monsieur le Président, Paul Amar, Antenne 2. Vous avez dit faire bloc, nous avons peut-être compris consensus. N’est-ce pas utopique de croire, Monsieur le Président, que le consensus que manifestement vous souhaitez résistera à la dureté des temps ? L’opposition, si elle gagne en 86, entend bien appliquer son programme très différent du vôtre, dans ces conditions, que ferez-vous ?
François Mitterrand
D’abord, n’exagérons pas, Monsieur Amar. Je n’ai pas dit consensus. D’abord, ça m’arrive comme ça de comprendre un peu le latin, mais enfin, d’ordinaire j’évite de faire le médecin de Molière. Donc, je n’ai pas dit consensus. Je dis simplement faire bloc, s’unir sur quelques questions. Dire, surtout le Président de la République, vous devez vous unir sur tout, ce serait nier la réalité du débat politique, la réalité de la France. Je ne dis pas d’absurdités pareilles. Et puis, ce serait malsain. Il faut qu’on entende une majorité, il faut qu’on entende une opposition, à l’intérieur de ces grands groupes, il y a des nuances multiples, c’est une bonne chose. Mais je vous réponds précisément, Monsieur Amar, est-ce que je ne suis pas en droit d’espérer qu’au-delà des luttes partisanes, on puisse éviter de revenir ou de combattre pendant la campagne électorale des avancées du type la retraite à 60 ans ? On est contre ? Moi, je suis pour et je pense que je ne suis pas le seul. La retraite à 60 ans, apportée maintenant aux agriculteurs, ça va être la loi déposée progressivement sur quatre ou cinq ans. La retraite aux artisans et aux commerçants, ça c’est du nouveau aussi. Est-ce que vraiment, on pourrait remettre en question l’augmentation raisonnable du SMIC, du salaire minimum, qui a tout de même connu une progression depuis 1981 de quelques 71%. 71, est-ce qu’on pourrait remettre ça en question ? Est-ce qu’on peut remettre en question un rythme régulier d’augmentation du pouvoir d’achat, des allocations familiales ? Ce pouvoir d’achat était de plus de 11% depuis 1981, c’était en déficit dans les années précédentes. Voilà une ligne de conduite à tenir. Je dirais la même chose pour le minimum vieillesse qui, maintenant, est fixé à 70% du salaire minimum. Alors que ce n’était avant que 50 ou 55%. On peut ajouter bien d’autres choses, mais je m’arrête là. Est-ce qu’on peut revenir, Monsieur Amar, sur la semaine de 39 heures, on va dire en hausse si…. On peut accepter naturellement des aménagements, mais à condition de revenir à une moyenne négociée entre les parties prenantes, une moyenne qui n’alourdisse pas ce temps de travail, bien entendu, il faut des compensations dans ce cas-là. Ou bien, la cinquième semaine de congés payés. Oui, je n’exagère pas, je ne vais pas très loin. J’ai essayé de dégager un certain nombre de mesures qui ont été préconisées, adoptées, quelquefois même imposées par la loi de la majorité au Parlement, par l’actuelle majorité. D’une façon générale, l’opposition a voté contre. J’espère qu’on enterre la petite hache de guerre sur ces types de problèmes et je souhaite que tout ce qui a été fait sur ce plan - et je m’arrête là - ma liste n’est pas limitative, mais vous parlant et vous répondant je ne veux pas non plus exagérer ce domaine commun. Je souhaite que cela soit partout défendu et proposé aux Français comme de bonnes mesures. Il fallait les prendre. C’étaient des réformes nécessaires et bien maintenant, on va les protéger. Voilà ce que je voulais vous dire à ce point-là, vous voyez que, après tout, c’est assez modeste de ce point de vue programme de consentement, comme vous dites.