Les risques d'avalanche dans les Alpes

18 février 1991
01m 47s
Réf. 00037

Notice

Résumé :

Plusieurs avalanches ont déjà eu lieu ce début de vacances de février, faisant 13 victimes. Le risque est quant à lui toujours élevé dans la région Rhône-Alpes et les spécialistes mettent en garde les vacanciers : le manteau neigeux est très instable, il faut rester vigilent car le seul passage d'un skieur peut déclencher une avalanche.

Date de diffusion :
18 février 1991
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Cette vidéo, diffusée le 18 février 1991 lors de l'édition régionale du JT de France 3, traduit une nouvelle sensibilité aux risques associés à la pratique du ski. Elle est tout à fait caractéristique de la façon dont on a longtemps appréhendé ces risques essentiellement attribués à la nature.

Pour l'essentiel, le risque est contenu dans la neige elle-même qui, selon les conditions climatiques, apparaît plus ou moins dangereuse. La plus grande partie de cette vidéo est consacrée à un commentaire technique de caractère assez général puis à l'interview d'un expert qui fournit des détails précis sur les facteurs « internes à la neige » pouvant favoriser le déclenchement d'une avalanche. Le rôle des skieurs n'est pas ignoré mais il en est fait état « en passant » et de manière assez impersonnelle puisqu'il est par exemple indiqué que les avalanches se produisent lorsque la neige est « sollicitée ».

Cette approche du risque associé au ski s'explique tout d'abord par l'importance accordée à l'expertise issue des sciences de la nature (dans ce domaine comme dans tous ceux ayant trait aux risques naturels). C'est d'ailleurs tout naturellement vers eux que se tournent les journalistes. L'expertise des sciences humaines et sociales, par exemple celle concernant les comportements des skieurs, leurs motivations, leurs rapports au danger a longtemps été seconde dans l'analyse des risques associés à cette pratique. Ce n'est qu'assez récemment que l'on impute clairement un rôle important aux skieurs dans les événements dont ils sont les victimes. Quant à l'expertise des sciences humaines et sociales concernant l'organisation de la pratique du ski, devenu sport de masse, elle est encore peu convoquée. Tout tend en effet à se passer comme si les accidents étaient avant tout une conjonction entre une neige potentiellement dangereuse et des skieurs ayant des pratiques non appropriées (sinon ouvertement dangereuses).

L'approche du risque associé au ski, mise en évidence par ce reportage, tient aussi du fait qu'il s'agit d'une activité économique qu'il convient de préserver. Si les skieurs sont invités à la prudence, tout est fait pour ne pas leur enlever « la joie du ski » (pour reprendre les propos introductifs du présentateur). Dans cette perspective, le risque est donc évoqué sans que l'accent soit mis sur les principaux facteurs de risques : le mode d'organisation de cette pratique sportive, le comportement des skieurs... Des travaux ont d'ailleurs montré que l'analyse de ce risque reste partielle et que, par exemple, les statistiques permettant simplement de « compter » le nombre d'accidents et d'en déterminer les causes (tant conjoncturelles que structurelles) ont souvent fait défaut.

L'intérêt de ce document audiovisuel est de mettre en évidence la difficulté passée (mais encore actuelle) d'analyser la pratique du ski (et tout particulièrement du ski hors piste) sous l'angle du risque et en intégrant toutes ses composantes au-delà des facteurs naturels, toujours les plus évidents.

Claude Gilbert

Transcription

Jacques Paté
Madame, Mademoiselle, Monsieur, bonsoir, et j’ajoute bien sûr, bonnes vacances à tous ceux qui ont choisi notre région, Rhône-Alpes, pour s’adonner aux joies du ski. Joies du ski, mais aussi danger du ski. Dernier accident en date cet après-midi à la station des Arcs. 7 enfants blessés, alors qu’ils skiaient sur une piste. Des avalanches qui ont fait, ces derniers jours, au moins 13 morts en France. Actuellement, le manteau neigeux dans les Alpes est sans cohésion ; les risques sont donc importants, comme nous le confirme le Centre d’Etudes de la Neige, à Grenoble.
Jacques Thiebault
La neige a encore tué dimanche. 8 skieurs ont été emportés par une avalanche au Col du Géant, sur le versant italien du Mont Blanc. La Piste du Pavillon, à quelques 2000 mètres d’altitude, a été balayée. Un événement imparable, le bilan est lourd malgré la célérité des secours. Les accidents, ces dernières semaines, se sont ainsi multipliés dans les stations de sports d’hiver. La structure même du manteau neigeux, pour une bonne part, en est cause. Une sous-couche qui s’est cristallisée, du fait de très basses températures prolongées, constituée de particules indépendantes les unes des autres et faisant désormais office de roulement à bille. Par dessus, des couches instables donc, correspondants aux différentes chutes, autant de plaques qui ne demandent qu’à partir à la moindre sollicitation.
Gérald Giraud
Ce week-end, vers 1800, 2000 mètres, des chutes de neige ont été de l’ordre de 50 à 80 centimètres sur la Haute Tarentaise, et 30 à 50 sur les autres massifs des Alpes du Nord et le nord des Alpes du Sud. Cette neige s’est déposée sur un manteau neigeux très fragile, très instable. Si actuellement, le risque de déclenchement spontané ou naturel d’avalanche tente à devenir plus limité et plus localisé, le danger réside actuellement dans l’extrême fragilité de ce manteau neigeux, et donc, sa sensibilité à toute surcharge extérieure, notamment au passage d’un skieur.