Le désenclavement de la vallée de Chamonix

02 octobre 1979
02m 48s
Réf. 00039

Notice

Résumé :

Le reportage traite du désenclavement de la vallée de l'Arly dont les routes sont souvent coupées par les avalanches. En 1977, des paravalanches ont été installés pour pallier à ce problème et un viaduc est en cours de construction afin de fluidifier le trafic. Les témoignages des routiers et de Max Gruz, maire de Praz sur Arly, confirment la nécessité de ces travaux, notamment pour des questions de sécurité.

Date de diffusion :
02 octobre 1979
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le reportage, présenté au journal télévisé de FR3 Rhône Alpes en octobre 1979, fait le point sur l'accessibilité aux stations de montagne du Pays du Mont-Blanc. Il se divise en deux parties. La première séquence présente les travaux réalisés sur la route du Val l'Arly qui relie Ugine en Savoie à Praz-sur-Arly en Haute-Savoie et permet l'accès aux communes de Flumet, Praz-sur-Arly, Notre-Dame-de-Bellecombe, Saint-Nicolas-la-Chapelle, Crest-Voland et Megève depuis Albertville. L'actuelle D1212 (ancienne RN212) a la réputation d'être ouverte « aussi souvent qu'elle est fermée », en raison des travaux réalisés chaque année pour assurer la sécurité des usagers. Ainsi, les infrastructures (paravalanches) en cours de réalisation en 1979 ont été depuis rénovées, consolidées, d'autres ont été ajoutées afin de limiter les risques qui sont nombreux. La route chemine en effet dans les gorges de l'Arly, et est soumise aux intempéries. Au risque d'avalanches s'ajoutent les éboulements fréquents ainsi que les crues de l'Arly. L'envergure des travaux réalisés et leurs coûts font de cette route l'une des plus coûteuses de France.

Le reportage fait également une large place aux interviews. La première donne la parole à Max Gruz, maire de Praz-sur-Arly, qui se réjouit du confort et de la sécurité offerts aux touristes qui se rendent en stations. L'accessibilité est en effet un élément important dans le choix de la destination de vacances.

La seconde partie du reportage est consacrée à l'accès à Chamonix, qui va être grandement facilité par la construction d'un ouvrage d'art qui a été mis en service à la fin de l'année 1981 contrairement à ce qui est dit dans le reportage. Le viaduc des Egratz fait la jonction avec l'autoroute blanche (A40) et le tunnel sous le Mont-Blanc, ouvert en 1965. Il facilite l'acheminement des touristes dans la Vallée du Mont-Blanc mais surtout fluidifie et sécurise l'accès des camions vers l'Italie. Les deux conducteurs de camions interrogés mettent en avant l'amélioration de sécurité et le gain de temps. Dans le même temps l'un d'entre eux pointe le risque inhérent aux lignes droites dans des descentes très marquées, lorsque ces routes à double voie seront achevées. En effet, la route empruntée jusqu'alors sinuait à flanc de montagne et était très étroite. Aujourd'hui, le viaduc est parcouru à la montée et l'ancienne route à la descente, ce qui écarte le risque précédemment évoqué.

Les images filmées par le bas mettent en avant la réalisation colossale en cours de cet ouvrage d'art de 1480 mètres de longueur, dont certains piliers culminent à 70 mètres de hauteur, et qui offre une vue sur la plaine du Mont-Blanc, encore très industrielle à cette époque. Cette réalisation impressionnante par son envergure n'est pas unique dans les Alpes. Les infrastructures italiennes ou suisses par exemple comptent de nombreux viaducs de ce type.

Aujourd'hui, l'accessibilité acquise n'est pas remise en question, en revanche, l'intensification du trafic, notamment des poids lourds, est contestée. En effet, la vallée du Mont-Blanc ainsi que la plaine du Mont-Blanc sont touchées par des pics de pollution importants, imputés en partie à la fréquentation des poids-lourds transitant par le tunnel du Mont-blanc. Cet aspect n'est évidemment pas mis en avant à cette époque, où la pollution n'était pas une thématique aussi développée médiatiquement qu'aujourd'hui.

Lauranne Jacob

Transcription

Bernard Lagarrigue
L’accès routier a toujours été le point faible des grandes stations touristiques du pays du Mont Blanc. Vers Grenoble et le sud, les Gorges de l’Arly constituaient un réel handicap, chaque hiver la route était fréquemment coupée par des avalanches. En février 1977, des paravalanches étaient mis en chantier, mais en octobre, les travaux étaient interrompus. Nouveau départ en novembre 1978, nouvelle interruption. Le 5 mars dernier, un ouvrage de 87,50 mètres était mis en chantier, qui est à présent terminé. Un autre devrait être commencé dans quelques semaines. Ces réalisations ont été financées par moitié par la région et l’Etat, qui a, de surcroît accordé une rallonge de 3,4 millions de francs à la suite du voyage dans la région de Monsieur Joël Le Theule. Ce verrou des gorges de l’Arly semble maintenant levé, ce qui satisfait tout le monde dans les stations.
Max Gruz
Bien sûr, vous connaissez comme moi la difficulté de monter des Gorges de l’Arly, puisque c’est une route de montagne, en plus une route de gorges, et il est bien certain que les améliorations apportées par les paravalanches qui ont été effectuées, sont d’un ordre très grand ; et en même temps, ça apporte une sécurité routière qui sera appréciée, je pense, par tous les touristes qui se rendront dans notre région. Facilité et sécurité en même temps. Donc, peut-être, envie d’emprunter la route avec plus de grandeur, disons, avec plus de facilité. La route est certainement plus sécurisée maintenant, et les gens auront de plus en plus envie de prendre cette route.
Bernard Lagarrigue
Vers Genève et Paris, l’accès à Chamonix est aussi un handicap, en raison, notamment, de l’étroitesse de la route entre le Fayet et les Houches, et aussi de l’afflux des poids lourds transitant par le tunnel du Mont Blanc. La question devrait être réglée d’ici 1985, notamment par la réalisation de multiples ouvrages d’art, dont un pont spectaculaire de 1469 mètres de long, enjambant la vallée à une centaine de mètres de hauteur. Ce premier ouvrage devrait être terminé vers le début de l’année 1980, mais il restera encore bien des travaux avant que ce verrou ne saute, lui aussi, à la satisfaction, notamment des routiers. Vous êtes chauffeur routier, est-ce que la construction de ce viaduc, le dédoublement de la chaussée donc, sera pour vous un gros avantage ?
Inconnu 1
Bah, un gros avantage, oui, parce qu’on évitera déjà les risques de s’accrocher, même à petite vitesse, parce qu’il y a quand même des virages où il faut s’arrêter parce que ça ne passe pas à deux. Donc, ce sera déjà un avantage de ce côté-là. On gagnera un petit peu de temps quand même !
Bernard Lagarrigue
Est-ce que le fait que le viaduc soit emprunté à la descente ne sera pas, disons, quelque peu dangereux du fait que les poids lourds auront tendance peut-être à aller un peu plus vite ?
Inconnu 2
Oui certainement, certainement, parce que ça va quand même être une ligne droite, plus ou moins droite qui va demander à prendre de la vitesse, ça c’est sûr !
Bernard Lagarrigue
Certes, il faudra encore attendre quelques années pour que le désenclavement routier des stations du pays du Mont Blanc soit une réalité, mais d’ores et déjà, tout est mis en oeuvre pour que cela soit réalisé dans les plus brefs délais.