L'entretien des pistes de ski par des troupeaux de vaches

26 juillet 2001
01m 37s
Réf. 00043

Notice

Résumé :

De mai à octobre, Jean-Pierre Raffort fait pâturer 400 génisses entre 2000 et 2700 mètres d'altitude sur 700 hectares de pâturage dont la moitié sur les pistes de ski de la station de Méribel. Le domaine skiable de la station est retravaillé chaque été, regazonné et pâturé. Le pastoralisme a un double avantage : en été il préserve l'environnement et en hiver il permet de fixer la neige sur les pistes.

Date de diffusion :
26 juillet 2001
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Ce court reportage, diffusé sur France 3 Alpes, montre les efforts déployés par les stations de ski, ici à Méribel, pour revégétaliser les pistes à la suite de travaux de terrassement nécessaires à l'aménagement de celles-ci.

Le reportage met en scène l'un des trois derniers alpagistes de la vallée de Méribel au cœur de son alpage et entouré de ses vaches. Entre tradition et modernité, il est présenté implicitement comme le gardien des paysages et des traditions pastorales. Le document, diffusé en 2001, met en avant le décalage entre « deux visions » de la montagne : celle traditionnelle des éleveurs dont l'activité agro-pastorale est menacée et celle moderne liée à l'industrie du tourisme, souvent accusée de détruire le paysage. Ce cas illustre bien la nécessité pour les grandes stations d'aider au maintien des activités agro-pastorales dans leur propre intérêt.

Le verdissement ou nommé encore végétalisation n'est pas une nouveauté dans les stations de ski. Cependant, cette initiative se multiplie depuis la fin des années 1990 pour devenir aujourd'hui systématique après des travaux d'envergure. Ce mouvement, au départ lié à une prise de conscience écologique et environnementale, a été renforcé par des arguments de nature économique.

Comme le souligne le commentateur « le pastoralisme présente un double atout » : il permet de « préserver l'environnement » et de « fixer la neige l'hiver ». Par la formulation « préserver l'environnement », il faut entendre : conserver les paysages de pâturage qui font la réputation de la montagne et en particulier celle de la « montagne à vache » de Tarentaise. La réhabilitation de ces espaces aménagés pour la pratique des loisirs de neige est fondamentale pour deux raisons. La première est directement liée à la destruction des milieux écologiques du fait des aménagements colossaux réalisés en montagne pour le ski (remontées mécaniques, terrassement pour le tracé de pistes) ; la seconde est liée à l'impact de l'industrie du ski sur les activités estivales telles que le pastoralisme. Les aménagements réalisés réduisent l'espace disponible pour le pâturage des bêtes, alors même que ces activités sont saisonnières par nature et ne devraient pas avoir de conséquences l'une sur l'autre. L'évolution des techniques de préparation des pistes (damage et entretien) mais aussi la volonté d'étendre leur domaine skiable ont conduit les stations à réaliser des travaux colossaux de terrassement, qui ont eu pour conséquence de modifier fortement l'aspect des pentes (saignée dans la forêt, modification du profil de la pente, aplanissement et lissage de la surface). La revégétalisation permet de regagner des surfaces utiles et permet également de retrouver un paysage traditionnel verdoyant, attractif pour le tourisme.

En outre, plusieurs études (déjà anciennes) ont démontré l'intérêt d'un sol herbeux pâturé pour la pratique du ski. D'une manière générale, la présence d'une couverture végétale permet de lutter contre l'érosion des sols. Dans le cas des pistes de ski, elle permet également de fixer la neige. Cet argument a été entendu par les exploitants de stations de ski et le travail de modelage des pistes l'été est aussi important que celui d'entretien du manteau neigeux. L'occupation saisonnière de la montagne, loin d'être opposée, se trouve renforcée dans sa complémentarité.

Le reportage fait une large place à l'alpagiste et aux explications techniques. Cependant plusieurs questions sont éludées : à qui appartiennent les alpages ? Sont-ce des communaux c'est à dire des alpages appartenant à la collectivité ? Appartiennent-ils à l'alpagiste ? Probablement non. Fait-il pâturer son troupeau à titre gratuit ? L'accent est mis sur l'atout du pastoralisme pour l'environnement et plus précisément sur le maintien d'un paysage de qualité pour le tourisme. En revanche, nous n'avons aucune information sur l'évolution du métier d'alpagiste. Il n'en reste plus que quatre dans la vallée des Allues, mais ils possèdent 400 vaches. Le métier a beaucoup évolué, on est en effet loin des petites exploitations familiales du siècle précédent, qui possédaient quelques vaches et/ou moutons. Néanmoins, Jean-Pierre Raffort est ce que l'on peut appeler un « gardien des traditions », la production de fromage dans les différentes vallées alpines fait l'objet d'une valorisation par le biais d'AOC (Appellation d'Origine Contrôlée). Sur 46 fromages AOC, 13 sont produits en montagne.

Pour aller plus loin :

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1982_num_46_3_2085

Lauranne Jacob

Transcription

(Bruit)
Schmitt Xavier
Un alpagiste dans la vallée des Allues en Savoie. De mai à octobre, Jean-Pierre Raffort fait pâturer quatre cents génisses entre deux mille et deux mille sept cents mètres d'altitude. Sept cents hectares de pâturages dont la moitié sur les pistes de ski de la station de Méribel. D'une année à l'autre les prés se transforment au rythme du domaine skiable.
Raffort Jean-Pierre
Vous avez un pâturage artificiel qui a été semé donc l'année dernière. Qui est beaucoup plus vert clair que le pâturage naturel qui se trouve dans cette combe de ce coté-ci, qui est plus marron. Et on trouve des herbes qu'on ne trouve pas sur le pâturage qui a été semé l'année dernière.
Schmitt Xavier
En montagne, ce qu'on appelle la végétalisation, résulte d'une prise de conscience qui remonte à une quinzaine d'années. Dans une grande station comme Méribel, le domaine skiable est retravaillé chaque été. Quinze pour cent des investissements vont au terrassement et à l'engazonnement. Trois millions de francs, cinq tonnes de graines et autant d'engrais végétal. En montagne l'herbe semée ne prend racine qu'après deux ou trois ans.
Raffort Jean-Pierre
Il faut impérativement que le pâturage artificiel soit pâturé toutes les années parce que si vous ne pâturez pas ces parties qui ont été semées donc sur les pistes, au bout de quelques années vous n'avez plus d'herbage.
Schmitt Xavier
Le pastoralisme est un double atout. En été pour préserver l'environnement, en hiver pour fixer la neige sur les pistes de ski. Il était temps de s'en apercevoir. Jean-Pierre est l'un des trois derniers alpagistes de la vallée des Allues.