Discours du Président Valéry Giscard d'Estaing à Vallouise

24 août 1977
02m 58s
Réf. 00047

Notice

Résumé :

Le Président Valéry Giscard d'Estaing s'est rendu à Vallouise, au Parc des Écrins, pour prononcer un discours à propos des mesures mises en place concernant l'emploi, l'agriculture, le tourisme en montagne. qui donnera ensuite lieu à la loi Montagne. Certaines mesures seront expérimentées avant d'être mises en application définitivement.

Date de diffusion :
24 août 1977
Personnalité(s) :

Éclairage

L'extrait de ce reportage, diffusé au journal télévisé de France 3 en août 1977, présente la visite du Président de la République Valéry Giscard d'Estaing dans le massif des Écrins. Les premières images montrent son arrivée très remarquée en hélicoptère à Aile Froide, en limite de la zone cœur du parc national des Écrins (et non parc naturel des Écrins comme le dit le commentateur). Notons que le survol en hélicoptère est interdit en zone cœur de parc. La caméra cadre la descente lente de l'imposant hélicoptère présidentiel vers une piste d'atterrissage improvisée sous l'œil impressionné d'un public nombreux d'habitants et de touristes. Valéry Giscard d'Estaing, vêtu d'une tenue adaptée à la randonnée, s'élance, jumelles autour du cou, sur un sentier qui grimpe probablement vers le glacier blanc, visiblement guidé par un responsable du parc.

C'est dans une tenue plus officielle et devant un parterre de responsables politiques locaux et régionaux, de badauds et en présence du bataillon des chasseurs alpins qui rendent les honneurs, que le Président de la République prononce son célèbre discours de Vallouise. La caméra fait un large panoramique pour montrer l'importance numérique de l'assistance. Il est rare en effet qu'un chef d'État se déplace jusque dans ces vallées considérées comme reculées.

Prononcé le 23 août 1977 sur le terre-plein de la Maison des Écrins à Vallouise, son discours marque une profonde rupture avec la politique montagne menée jusqu'alors. De par sa vision et son contenu plus nuancé, cette allocution peut être considérée comme un tournant majeur dans la politique environnementale de la montagne. En effet, deux conceptions de la montagne s'affrontent à cette époque : celle d'une montagne protégée voire sanctuarisée (création de plusieurs parcs nationaux : Vanoise en 1963, Écrins en 1973 puis Mercantour en 1979) et celle d'une montagne aménagée pour les sports d'hiver (grandes stations situées notamment en bordure des zones cœurs ou centrales des parcs nationaux).

La seconde partie de l'extrait porte sur l'économie montagnarde, qui doit être encouragée et soutenue par des mesures, que le Président dévoile en partie.

Les activités traditionnelles participent à l'attractivité de la montagne « si le désert humain s'étend, l'attrait touristique s'amoindrit considérablement ». L'objectif n'est plus de privilégier l'équipement mais de privilégier l'attrait touristique de la montagne en mettant en avant ses atouts : traditions, paysage, patrimoine... Le discours présidentiel se résume parfaitement dans ces mots : « une montagne vivante, active et protégée ».

En introduction, le Président Giscard d'Estaing rappelle l'importance de la montagne, qui représente 20% du territoire national et 6% de la population. Il pointe aussi ses paradoxes : certaines régions se vident alors que d'autres sont de plus en plus fréquentées. La montagne est un territoire d'enjeux spécifiques auxquels il faut répondre de façon différenciée. La première réponse est de favoriser la diversification des activités pour maintenir la population, en simplifiant les procédures administratives pour les pluriactifs. Le Président insiste sur les jeunes, ils « doivent pouvoir rester et s'installer dans les communes de montagne ». Ensuite, il faut adapter les services publics aux besoins spécifiques et enfin mieux protéger et mieux entretenir le patrimoine.

Ce discours a été suivi du décret du 22 novembre 1977 approuvant la directive d'aménagement national relative à la protection et à l'aménagement de la montagne. Ce texte réglementaire est davantage un texte d'urbanisme ayant pour objectif une meilleure répartition des sols en fonction de leur usage. Il prévoit entre autre la procédure des Unités Touristiques Nouvelles (1). La loi Montagne du 9 janvier 1985 posera les jalons et le cadre juridique de la nouvelle politique montagne française, exposée dans ses grandes lignes à l'occasion de la visite présidentielle.

(1) Procédure d'urbanisme nécessaire pour réaliser un projet d'aménagement d'envergure (remontée mécanique ou hébergement touristique). Elle évalue les impacts environnementaux avant d'autoriser la réalisation du projet.

Pour aller plus loin :

- Transcription du discours

- Décret n° 77-1281 du 22 novembre 1977 approuvant la directive d'aménagement national relative à la protection et à l'amélioration de la montagne, qui a suivi ce discours

- Loi Montagne du 09/01/1985

Lauranne Jacob

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Ailefroide, un site grandiose à la jonction de deux vallons, à quelques kilomètres au-dessus du village de Pelvoux, au coeur du parc naturel des Ecrins. Ailefroide, à 1500 mètres d’altitude, un hameau désert l’hiver mais qui, hier, pour la venue du Président de la République, avait été littéralement envahi par des sympathisants et des touristes.
(Bruit)
Journaliste
Pendant plus d’une heure, Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, entouré par plusieurs membres du gouvernement, en particulier, Messieurs Dijoud et Bernard-Reymond qui l’avaient accueilli à sa descente d’hélicoptère ; Monsieur Giscard d’Estaing effectuait à travers les petits sentiers de montagne une longue promenade à pied qui lui permettait de découvrir les sites protégés du Pelvoux.
(Bruit)
Journaliste
A Vallouise, deuxième étape de ce voyage, après le cérémonial traditionnel, Alpins du 15/9 de Briançon qui rendaient les honneurs, c’était le discours sur le terre-plein de la Maison des Ecrins. Un discours que les hauts-alpins, venus nombreux, attendaient avec impatience.
(Bruit)
Valéry Giscard-d’Estaing
Les jeunes doivent pouvoir rester, et doivent aussi pouvoir venir s’installer dans les communes de montagne. Ils doivent pouvoir y vivre décemment sans devenir des assistés, subventionnés pendant toute leur vie active. Le gouvernement facilitera cette évolution par la mise au point de mesures sociales ou fiscales, qui permettront l’exercice normal de plusieurs activités ; des activités agricoles mais aussi des activités artisanales, ou des activités de tourisme ou de sport, par exemple. Pour encourager les activités non agricoles, la bonne direction à suivre est celle tracée par l’aide spéciale rurale. Enfin, il y a le tourisme, un tourisme bénéficiant au maximum à la population locale, un tourisme accessible au plus grand nombre, un tourisme respectueux des sites et des paysages. Le rapport que vient de me remettre Monsieur Jacques Blanc, président de la commission d’étude, que j’avais chargé, vous le savez, d’étudier le problème de la réduction des inégalités d’accès aux vacances, va à cet égard dans le bon sens. Dès cet automne, un certain nombre de propositions entreront en application, d’autres seront expérimentées l’an prochain.