Les 30 ans des Ménuires

22 février 1995
01m 58s
Réf. 00070

Notice

Résumé :

Les Ménuires ont eu 30 ans en 1995. Il y a 30 ans, la station démarrait avec seulement 3 téléskis et un foyer de 450 lits. Au printemps 1965, les bâtiments en béton sont construits. L'esthétique urbaine des HLM à la montagne ne fait pas l'unanimité. Dans les années 1980, 11 000 nouveaux lits ont été réalisés : fini le béton, l'architecture change et le bois devient omniprésent pour rendre le paysage plus esthétique.

Date de diffusion :
22 février 1995
Source :

Éclairage

Le reportage, diffusé sur FR3 Alpes le 22 février 1995, met l'accent sur la station des Menuires et plus largement, les domaines skiables de Val Thorens, des Menuires et de Saint-Martin-de Belleville, tous situés sur la commune du même nom, dans la vallée des Belleville en Tarentaise. La station des Menuires est née dans les années 1960 sur le plateau des Belleville. Elle est un exemple de station intégrée, fonctionnelle, conçue et organisée pour la pratique du ski avant tout. C'est bien cette fonctionnalité recherchée qui va guider l'implantation des bâtiments en front de neige, pour proposer un produit touristique « skis aux pieds », ou « pieds dans la neige » comme le dit son maire, Georges Cumin, et une réelle qualité de domaine skiable.

En mobilisant un fond musical très vif et un enchaînement très rapide de vues du domaine skiable, mettant en scène des enfants, des familles, l'accent est mis sur les qualités de la station, qui répond aux besoins des touristes et notamment des mères. De même, il convient de rappeler que l'électricité n'est arrivée qu'en 1952 et l'eau courante en 1954 dans la vallée et tout l'enjeu du reportage vise bien à souligner la révolution qu'a entraînée la création des stations dans cette vallée. Le journaliste cherche ainsi à minorer les critiques dont a pu faire l'objet la station des Menuires, née sur un plateau isolé et qualifiée de « Sarcelles des neiges » pour son architecture proche de celles des banlieues parisiennes des années 1960 et qui n'est d'ailleurs plus au goût du jour pour les touristes actuels.

Les stations intégrées à ne pas en douter ont très certainement révolutionné les usages et modes de vie dans des villages isolés, où certains leaders visionnaires ont largement contribué à leur développement, encore aujourd'hui envié. Il n'en reste pas moins que les jeux de test-erreurs urbanistiques demeurent visibles, que les surnoms perdurent et ce malgré le processus de modernisation engagé avec la destruction en 2006 aux Menuires d'une barre de béton de 6000 m². Ainsi, malgré l'optimisme affiché du journaliste, les bardages en bois et la reforestation de quelques hectares ne suffiront sans doute pas à rendre à la montagne son caractère d'antan que certains semblent regretter.

C'est ainsi que le duo curé et maire se prête au jeu de la défense de la station et rappelle que ces stations dites ex-nihilo ont apporté le développement à la montagne, qu'elles ont permis l'arrêt d'une dépopulation et plus largement un brassage de valeurs. Ce sont d'ailleurs deux personnalités emblématiques de l'aménagement touristique de la montagne qui sont mobilisées pour défendre cette position. Le curé Romanet fut celui qui aux côtés d'élus de l'époque, fit un véritable travail de persuasion auprès de la population locale pour faire évoluer leurs mentalités et notamment leur position initiale dans les années 1950 de refuser une station sur leur territoire. De même, Georges Cumin, maire pendant quatre mandats à la tête de Saint Martin de Belleville, fut surtout le directeur du SEATM, Service d'Etudes d'Aménagement Touristique de la Montagne à Challes-les-Eaux, porteur de la doctrine du Plan Neige dans la foulée de Maurice Michaud, premier directeur du SEATM et co-concepteur avec Laurent Chappis de la station de Courchevel au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Pour aller plus loin :

- Cumin Georges (2009) Mémoires des Belleville. Éditions de la Facim.

- Perret Jacques (1992) Le développement touristique local : les stations de sports d'hiver. Th. d'université : Cemagref-Université Pierre Mendès France, 293p.

Emmanuelle George-Marcelpoil

Transcription

Maurice Romanet
A mon avis, s’il n’y avait pas eu le développement des stations, la vallée serait morte. Il y aurait, à mon avis, 500 habitants et uniquement des personnes âgées.
(Musique)
Laurent Esposito
50 000 personnes en pleine saison, aujourd’hui les stations de Val-Thorens, les Ménuires et Saint-Martin offrent un nouveau visage à la vallée des Belleville. Pourtant, l’électricité n’est arrivée ici qu’en 1952 et l’eau courante en 54. Il y a 30 ans, la station des Ménuires démarre avec seulement trois téléskis et un foyer de 450 lits. Mais au printemps 65, les bâtiments en béton sortent du sol comme des champignons. La ville s’installe à la montagne, avec un concept clé, celui de station intégrée, définition.
Georges Cumin
Ça veut dire une conception fonctionnelle où les immeubles sont mis en écran entre les routes qui sont derrière et la neige, les gens ont les pieds dans la neige. Il n’y a qu’à voir la joie de tous les gens qui sont ici, des mères de famille, pour les enfants. Il n’y pas de rue à traverser comme dans une ville ou dans un village. C’est vraiment la station au soleil, pieds dans la neige avec tous les services à côté.
Laurent Esposito
Fonctionnelle, certes, mais à ses débuts, la station des Ménuires hérite du surnom de Sarcelles des neiges. L’esthétique dure et urbaine des HLM à la montagne ne fait pas l’unanimité.
Maurice Romanet
J’ai vu des tas de personnes qui viennent ici en vacances, et qui me disent, bon, ce n’est pas très…, pas toujours très beau et l’architecture n’est pas merveilleuse. Seulement voilà, on a un domaine skiable qui est extraordinaire, et c’est ça qui est le plus important.
Laurent Esposito
Heureusement, depuis, l’architecture a évolué. Dans les années 80, 11 000 nouveaux lits seront réalisés, toujours en station intégrée, mais avec le souci de rendre plus conviviale les Ménuires. Le bois est omniprésent dans ce décor chaleureux et à l’échelle humaine. D’ailleurs, 100 000 arbres ont été plantés dans la vallée des Belleville. Alors, rendez-vous dans 30 ans pour le concept de station forestière.
(Bruit)